Lutter contre la corruption, assainir la situation, nettoyer les administrations des corrompus…autant de slogans qu'on a entendu et réentendu depuis la révolution. Toutefois, s'il y a une chose qui s'est développée depuis, c'est bien la corruption. Mais on ne va pas ici, ressasser ce phénomène, encore une fois. Il s'agit plutôt de la corruption au niveau intellectuel. Une pratique tellement répandue et tellement ancrée en nous qu'elle devient l'un des principaux outils qu'utilise l'Etat. On espère, pourtant, que ce ne soit pas dévoilé ni même perçu de la sorte. Il n'est pas question de lancer des accusations contre tel ou tel gouvernement, c'est l'Etat qui est en question.
Quand l'Etat donne de l'argent pour acheter, ou plutôt louer pour une durée déterminée, la paix sociale, cela s'appelle de la corruption, et elle se fait avec l'argent du contribuable. Un contribuable que l'on va continuer à saigner à blanc avec une Loi de finances 2017 qui s'annonce salée. Quand l'Etat se met à recruter des gens complètement inutiles à son fonctionnement pour éviter qu'ils ne crient devant les ministères ou pour éviter qu'ils ne bloquent les routes, cela s'appelle de la corruption. Quand on accepte de payer les salaires de certains membres de l'UGTT en sachant pertinemment qu'ils ne vont pratiquement jamais à leurs bureaux, cela s'appelle de la corruption. Quand on sait pertinemment où passe l'argent des entreprises publiques mais qu'on refuse de sévir de peur des contestations, cela s'appelle de la corruption. Quand on se tait sur l'état des routes et qu'on fait comme si de rien n'était en attendant les pluies de l'année prochaine, cela s'appelle de la corruption. Quand on dispose arbitrairement de l'argent du contribuable et qu'on le saigne, sans vergogne, après, c'est aussi de la corruption.
Aujourd'hui, cette corruption continue de s'étendre et de se généraliser. On crée même des appels d'air pour que ça se poursuive. Le cas Petrofac en est une illustration parfaite. Sa résolution ne fait qu'encourager les autres à faire pareil puisque l'Etat finira par plier. On en arrive à payer 13% du PIB pour les fonctionnaires. Je ne dis pas que ce sont des corrompus mais on sait tous, et ils sont les premiers à l'avouer, qu'au moins le tiers de l'effectif est superflu. Malgré cela, notre Etat continue de recruter ! En effet, Le ministère de l'Education, aidé par le syndicat général de l'enseignement secondaire, s'est rendu compte qu'il manquait de professeurs et s'est mis à recruter à tour de bras !
En parallèle, l'Etat va augmenter le prix de la vignette automobile de 25% et doubler la taxe sur les dividendes. Mais pourquoi faire ? L'Etat va presser les contribuables comme des citrons pour pouvoir financer sa corruption. Il va saigner les bons payeurs et les entreprises en règle pour pouvoir payer les contestataires d'aujourd'hui, qui seront recrutés demain. C'est bien beau de la part de Youssef Chahed de vouloir baisser les salaires des ministres, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan. C'est pour cela qu'il a été taxé de populisme en prenant cette décision.
La majorité des personnes n'est pas contre le principe de la taxation, ils sont contre le principe du racket. Si l'on doit payer pour construire des routes, des hôpitaux ou des écoles, on paiera. Mais si l'on doit payer pour augmenter indûment des salaires, pour recruter des incapables ou pour renflouer des entreprises à la dérive, cela devient du chantage. Le contrat social qui est la base du paiement des impôts se trouve rompu et l'on se trouve dans une situation où il est beaucoup plus avantageux d'être en fait…hors la loi.