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L'OIT interdit le droit de grève !
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2015


Par Taha BELKHODJA*
Tout le peuple tunisien reconnaît le rôle constructif qu'a joué la centrale syndicale et l'initiative politique de l'Ugtt autour de laquelle s'était créé le Quartet qui a donné lieu à la feuille de route et a débouché sur l'investiture d'un nouveau gouvernement. L'Ugtt est un acteur incontournable de la transition démocratique, malheureusement aucun citoyen tunisien ne peut résister aujourd'hui à stigmatiser la situation terrorisante que vit le pays suite aux dernières grèves initiées et soutenues par les syndicalistes dans les secteurs essentiels.
Des hôpitaux fermés s'abstenant de prendre soin de malades démunis de tout moyen, la grève dans le secteur du transport, aussi paralysante qu'une grève générale, qui nuit essentiellement aux intérêts des travailleurs, de pauvres gens, ou celle dans le bassin minier de phosphate, ressource principale du pays et le bouquet l'ultime action engagée par le syndicat du corps enseignant. Ces grèves n'en sont pas moins la preuve d'une nouvelle montée de la fièvre sociale, l'Ugtt n'est-elle pas au fait en train de saboter ou de désavouer le gouvernement qu'elle a aidé à se mettre en place ? La plus triste conséquence de ces grèves en série, à part que les syndicalistes ont été maudits par des millions de Tunisiens, c'est que cela a fait penser à beaucoup de Tunisiens de quitter le pays afin de préserver l'avenir de leurs enfants et, pire encore, ces élèves ne peuvent en vouloir qu'à leurs prétendus éducateurs, voire les abominer, élèves et enseignants sont devenus aujourd'hui des ennemis, voici les bavures de l'inconscience des responsables syndicaux.
Certes, le droit de grève est un droit constitutionnel (art. 36 : le droit syndical est garanti, y compris le droit de grève), mais une certaine confusion règne quant à son application dans un pays en situation de crise aiguë,ce n'est pas une affaire de trois mots : « Le droit de grève est garanti », il y a le comment, le pourquoi... et des principes.
Il est évident que celui qui s'abstient de travailler ne doit gêner directement que son employeur afin de faire aboutir ses revendications, et ne doit nullement nuire à la liberté et aux intérêts du reste de la population, ni que cette dernière soit prise en otage, ceci est un principe fondamental des droits de l'Homme, sachant que la liberté des non-grévistes au travail est aussi un droit que les grévistes ont l'obligation de respecter, ce qui n'est pas malheureusement fait !
L'utilisation du droit de grève devient abusive tant elle porte atteinte à l'économie nationale. Les temps de l'asservissement et de l'esclavagisme sont révolus depuis belle lurette, et la nouvelle puissance de l'Ugtt, affirmée depuis le 14 janvier 2011, ne doit nullement l'autoriser à l'exercer sur un tissu entrepreneurial fragilisé autant par la conjoncture nationale qu'internationale.
Il est très regrettable que la société civile, dont la Ltdh, l'Atdde, l'Otef, l'Odc et même l'Utica, qui veut initier des dynamiques de développement pérennes, ne s'est pas manifestée à un moment où les droits de l'enfant sont complètement bafoués, « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » (A. Einstein).
Messieurs les dirigeants, il n'y a pas de demi-mesure, il faut mettre de l'ordre en appliquant la loi, et faire parade à tous ceux qui incitent à paralyser l'activité du pays. Il faut que les syndicalistes fassent preuve de patriotisme et de bon sens pour se ressaisir et remettre leur pendule à l'heure, l'intérêt de la Patrie doit passer avant l'intérêt de tout groupe de personnes. Personne ne peut nier que notre pays est en crise aiguë, et que toute revendication, malgré sa légitimité, doit être suspendue. Les Tunisiens ont fait preuve de patience pendant des décennies, ils peuvent surseoir leurs revendications encore quelque temps. Bloquer une voie ou une prestation publique, dont l'interruption mettrait en danger l'ensemble ou une partie de la population, correspond à un crime et non à un acte d'une simple grève quand le pays est en crise aiguë. Il faut que tous les Tunisiens sachent qu'il y a des principes sur le droit de grève, d'après les normes de l'Organisation internationale du travail (O.I.T.), ratifiés par l'Ugtt, la Tunisie étant membre à part entière. Les Etats membres sont tenus d'accepter ces principes et d'appliquer les droits énoncés dans sa constitution (300 pages), il y a des règles de jeu qu'il faut respecter par nos organisations syndicales, dont les paragraphes 527 et 570 :
-Le Comité de la liberté syndicale admet l'interdiction générale de la grève dans une situation de crise nationale aiguë (Recueil, paragr. 527).
-Comme pour le Comité de la liberté syndicale, il n'est admissible de recruter des travailleurs pour remplacer les grévistes que dans les services essentiels au sens strict du terme, où la grève pourrait être interdite, ou si la grève devait créer une situation de crise nationale aiguë (Recueil, paragr. 570 et 574).
Dans le cadre de la mise en œuvre des conventions internationales des droits et libertés fondamentaux, le pouvoir tunisien doit assurer le respect du principe de la primauté des conventions internationales ratifiées sur le droit national. Il est donc du devoir de tout syndicaliste,qui aime vraiment ce pays en souffrance, de sensibiliser ses compatriotes sur l'illégalité des grèves en cette période de crise économique et d'insécurité qui menacent la Tunisie. Afin d'éviter le pire aujourd'hui, il faut que les organisations syndicales inversent la vapeur et incitent à la paix sociale en demandant aux travailleurs de préserver la pérennité de leur entreprise. La situation dans le pays est très déplorable, les administrations sont presque vides, les meilleurs employés font de la mi-temps dans une semaine de cinq jours des gens civilisés, ne parlons pas des membres syndicaux au sein des administrations. Ces syndicalistes ne travaillent jamais et entravent même la productivité de leurs collègues, cette attitude constitue un enrichissement sans cause, soit une infraction à la loi, il faut mettre fin à ce comportement irresponsable que le contribuable est en train de supporter.
Ce qui complique davantage les choses, c'est qu'aujourd'hui il y a 4 centrales syndicales en Tunisie qui font de la surenchère aux dépens de la survie de l'entreprise et de l'employé, toutes proportions gardées, cela suppose l'équivalent de 24 organisations en France, elles ne sont que 5, c'est clair à défaut d'un vis-à-vis unique, ceci est une bombe à retardement !
Notre pays est en danger, la relance de l'économie ne peut se déclencher de nouveau que par la reprise du travail, l'amélioration de la productivité, l'investissement et la création de richesse et cela ne peut se réaliser que par des concessions de la part de tous les tunisiens. Désormais, les syndicalistes doivent montrer leur capacité en vue de participer à développer une économie durable et anéantir le chômage, faire preuve de syndicalisme intelligent.
Augmenter les salaires en ce moment de crise, sachant que le gouvernement Jomaâ a trouvé des difficultés de paiement des salaires à deux reprises, est un acte suicidaire de notre économie,qui ne fait qu'augmenter le chômage et nuire surtout aux chômeurs déjà sans aucun revenu ! J. C. Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne a affirmé : « augmenter les salaires en période de crise est la dernière bêtise à faire ». La stupidité c'est que ces augmentations salariales qui sont préconisées pour compenser la hausse des prix, auront comme conséquence un alourdissement pour les entreprises et donc une nouvelle hausse des prix. On va assister à une continuation de la boucle prix-salaire, « zid il mè, zidittkik », qui va provoquer une spirale inflationniste sans fin. Il est clair que l'évolution salariale doit être indexée sur le taux de croissance qu'effectue le pays, ce qui va mettre définitivement fin aux négociations sociales lassantes qui nous engagent à chaque fois dans une spirale spéculative.
Au lieu de chercher à augmenter les salaires messieurs, il faut plutôt tout faire en vue d'améliorer le pouvoir d'achat du citoyen, en augmentant la productivité et en combattant l'absentéisme, comme il faut faire parade à la contrebande et la corruption,sachant que les corrompus sont malheureusement certains salariés publics (douaniers, policiers, contrôleurs...). Il faut donc commencer par éliminer les « brebis galeuses », voilà des actions intelligentes et efficaces qu'il faut faire, si vous cherchez vraiment l'intérêt des travailleurs, sans perturber l'ordre public qui ne peut que créer un terrain propice au terrorisme. Il est évident que les causes de l'augmentation sauvage des prix, à part le manque de productivité, c'est la fuite à l'étranger des denrées alimentaires compensées mais aussi l'emménagement des libyens en Tunisie, 2 millions environ, qui consomment autant que 6. Aujourd'hui, nous consommons comme une population de 17 millions d'habitants et quand la demande dépasse l'offre, il est clair qu'il y a une flambée des prix avec bien entendu la Caisse de compensation qui est en train de faire boule de neige, une augmentation de 500%, appelée à s'accroître. Les libyens sont les bienvenus, mais ils ne doivent pas faire usage de nos routes sans payer de vignette (des centaines de millions !), comme pour ne pas alourdir davantage la Caisse de compensation au détriment du contribuable tunisien, ils doivent payer une taxe de séjour, voilà les mesures courageuses que le gouvernement doit prendre avec le soutien de l'Ugtt pour ne pas dégrader le climat social et améliorer le pouvoir d'achat des Tunisiens!
En toute sincérité messieurs, s'il y a une réticence aujourd'hui de la part des investisseurs, c'est à cause de l'absence de visibilité sociale, rien n'est clair, les grèves sont en outrance et le travail a perdu toutes ses valeurs, il n'y a plus de discipline. Il faut que les syndicalistes deviennent un vecteur de développement économique à part entière et fassent preuve de leur compétence potentielle s'ils veulent vraiment améliorer le sort des travailleurs et les défendre réellement. Il ne faut jamais oublier que l'Ugtt n'a rien fait pour les 140.000 travailleurs qui ont perdu leur emploi à cause des grèves, bien qu'elles soient légitimes. J'invite solennellement tous les travailleurs à être prudents et à s'accrocher à leur poste pour ne pas tomber dans le même piège. Il faut une certaine crédibilité, ayez messieurs une petite pensée pour ces pauvres gens, victimes d'une idéologie opportuniste courtermiste. On se rappelle tous que l'année dernière, un responsable de la filiale Airbus, Aéolia, a dit : « nous avons préféré le Maroc à la Tunisie à cause des grèves en série et des mouvements sociaux conduits par l'Ugtt », sachant que tout ce qu'on perd est malheureusement irrécupérable. Les grèves, que vous êtes en train de mener, ne peuvent que menacer notre économie nationale et notre sécurité déjà en situation précaire avec le risque de créer le chaos dans le pays.
Il ne faut pas faire de l'employé un ennemi de l'employeur, employés et employeurs sont des partenaires, mais il faut reconnaître que ce n'est pas facile de gérer une entreprise et vous êtes bien placés messieurs pour le savoir après le constat d'échec dans votre gestion de l'Hôtel Amilcar (11 milliards de déficit). S'il n'y a pas une reprise de conscience immédiate des syndicalistes et de promptes décisions même impopulaires à prendre de la part du gouvernement, il faut se préparer à l'irréparable, avec autant d'endettement sur le dos, les générations futures ne vous le pardonneront jamais.
Il faut bien se mettre une chose en tête messieurs, un investisseur ne peut jamais créer de l'emploi pour être un esclave de ses propres employés, il ne faut pas rêver et le résultat est là, il y a un constat regrettable de désertion des investisseurs et une délocalisation des entreprises tunisiennes et étrangères.
On ne peut que s'associer au propriétaire de la société TUS quand il a décidé de fermer sa société à cause des grèves multiples, surtout que les parties syndicales ont empêché les agents de reprendre le travail, ce qui constitue une faute grave susceptible d'entraîner le licenciement. Le propriétaire de TUS avait très bien agi évitant le sort de feu Jalel Bouricha, on se rappelle tous que le patron du Groupe Yaris est décédé suite à une attaque cardiaque à cause des grèves en série dans ses hôtels en pleine crise touristique de 2013.
Pour finir, je tiens à vous rappeler messieurs que pendant la crise financière de 2008 en Allemagne, les salariés ont manifesté pour rallonger leurs horaires de travail sans compensation salariale en échange d'une garantie contre les licenciements massifs et les salariés ont même dû baisser leur rémunération habituelle afin d'éviter la détérioration de la conjoncture économique. La Turquie c'est pareil, elle a gelé les salaires en 2003 pour relancer son économie, voilà le civisme et le nationalisme qui nous manquent en Tunisie !
Il ne faut surtout pas détruire ce que le militant feu Farhat Hached a construit et que le syndicalisme devienne un terrorisme économique, parce que le retour de manivelle est imminent, les Tunisiens vous diront « Dégage » quand leur avenir est en danger.
T.B.
*Ingénieur - Expert


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