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Interview de Fadhel Abdelkefi : On est tombés si bas qu'on ne peut que remonter !
Publié dans Business News le 28 - 10 - 2016

Après avoir été à New York avec le chef de l'Etat pour rencontrer les responsables de plusieurs institutions financières, le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkefi a entamé un tour dans plusieurs villes et capitales européennes pour promouvoir la conférence pour l'investissement qui doit avoir lieu fin novembre à Tunis.
« J'ai pris le train en marche et je suis allé représenter mon pays » a-t-il confié à Business News, hier jeudi 27 octobre 2016, lors d'une interview qu'il nous a accordé. Insistant sur la compétitivité du site tunisien, le ministre a appelé à l'apaisement, à un dialogue sincère et calme avec l'UGTT et a expliqué que son objectif premier au sein du ministère est : le développement régional, ajoutant « il faut dégager la route devant les investisseurs ». Entretien.


Après les assemblées générales du FMI et de la Banque Mondiale, quelle est notre situation auprès de ces institutions ?

Jusqu'à la révolution fin 2010, ça faisait des années que nous n'avions pas fait appel au FMI. L'inflation était jusqu'alorsmaitrisée et la dette ne dépassait pas les 40% du PIB. Nous sommes allés vers eux car nous devions combler notre déficit budgétaire qui est dû principalement aux recrutements massifs qui ont eu lieu dans le public, au phosphate à l'arrêt, aux revenus fiscaux en baisse et aux différentes tensions sociales. Sur une courte période, ce déficit est passé donc de 6 à 13 milliards de dinars.

Le versement de la première tranche a bien eu lieu et au moment de verser la deuxième, ils se sont rendu compte que les accords que l'institution a signé avec la Tunisie, relatifsnotamment à la masse salariale, n'ont pas été respectés ! Ce qui a fait que la deuxième tranchea été bloquée, elle n'a pas été versée et çane se fera que si on revient à la table des négociations pour leur présenter notre plan.

En 2010, on avait un déficit de 1,5% et ce sans tenir compte de la privatisation de Tunisie Telecom, donc techniquement on était en excédent budgétaire. Nous avions de l'argent qui était placé auprès de la Banque Centrale au nom de l'Etat tunisien et qui n'a pas été pris en compte dans la comptabilité publique, cette année-là. Des réserves de guerre, on va dire. Une réserve pour les mauvais jours.
Nous sommes donc partis avec ce 1,5% en 2010 pour arriver aujourd'hui à 6,5% qui équivalent à 8,5 milliards de dinars, ce qui est énorme.La question qui se pose est : comment va-t-on financer ce déficit ?
Tout d'abord il y a le marché local qui peut couvrir entre 2,5 et 3 milliards. Les 5 milliards restants seront couverts par le FMI, la BM, les bilatéraux, les multilatéraux mais aussi : les marchés de capitaux, cette foissans la garantie des Etats-Unis, qui nous permettait d'emprunter à 1,5% (qui représentent le risque américain). On va payer le prix de notre risque, cette fois.

Que répondez-vous aux gens qui disent que le FMI dicte sa politique à la Tunisie et que l'Etat n'est qu'un exécutant ?

Ceci est faux, c'est décourageant etça n'honore pas les gens qui représentent l'Etat tunisien. On ne reçoit d'ordre de personne, nous sommes un pays souverain et indépendant depuis maintenant 60 ans. Ceci étant dit, nous sommes allés voir le FMI qui, comme toute institution financière qui prête de l'argent, demande des garanties. Le monde fonctionne ainsi !
Il y a des techniciens de très haut niveau au FMI comme il y a des techniciens de très haut niveau du côté tunisien, que je découvre, au sein de ce ministère notamment.Ils négocient tout au coude à coude, point par point !
Quand les salaires représentent 50% du budget de l'Etat et quand la croissance et molle, on ne peut pas faire autrement ! Ce n'est qu'on ne veut pas, c'est qu'on ne peut pas. Nous avons des partenaires sociauxavec lesquels les gouvernements qui nous on précédésont signé des accords.On ne peut pas revenir en arrière. Ceci a fait passer la masse salariale de 13 à 15 milliards en même temps que le déficit passait de 8,5 à 11 milliards.

Un déficit qu'il faudracombler en allant chercher des financements qui sont en réalité de la dette. De plus, vu que l'Etat est demandeur de ressources financières et que l'offre sur le marché local, procurée par les opérateurs locaux(compagnies d'assurances ou bien des banques) est faible, le prix du crédit à l'Etat est monté. Le taux a pris 100 points de base en seulement une année.
Mme la ministre des Finances aannoncé une sortie sur le marché des capitaux pour 1milliard d'euros, sans garantie cette fois. Je pense néanmoins que nous sommes en mesure de mobiliser ses ressources.
Ceci dit, nous bénéficions aussi du soutien des patrons du FMI et de la BM qui nous assurent que la Tunisie est une priorité. Maintenant place à la négociation, il y a une mission du fonds qui viendra ici à Tunis dans quelques jours et nous négocierons. Nous sommes proches d'une solution, car vous avez bien vu que l'une des propositions du gouvernement pour la Loi de finances 2017 est de geler les salaires.

En ce qui concerne la conférence pour l'investissement, on a l'impression que vous avez été parachuté, comment avez-vous géré la chose ? Et qu'attend la Tunisie précisément de cette conférence ?

Parachuté, oui ! Mais ça c'est le destin des hommes avec un grand « H » (femme ou homme).J'étais dans le privé, le chef du gouvernement m'a appelé, je n'ai pas hésité une seconde à venir.Quand j'ai été parachuté, ma réception a été très bonne. J'ai été extrêmement bien accueilli et la mayonnaise a très vite pris. J'ai trouvé ici un cabinet très compétent avec des gens dévoués. Un vrai ministère d'élite. D'ailleurs, je n'ai amené personne avec moi et j'ai gardé l'équipe en place.
Il faut mettre du baume sur le cœur des gens, il faut donner de l'espoir, c'est très important ! Et il devient urgent de le faire.
Sur le plan intellectuel, solidaritésociale, culturel et même technologique nous sommes très en avance par rapport à des pays qui nous ressemblent comme le Maroc et l'Egypte. Si on regarde de près nos médecins et ingénieurs on se rend compte qu'on ne boxe pas dans la même catégorie.Si Peugeot à choisit le site Maroc pour y implanter sa nouvelle usine, ce n'est pas pour le manque de main d'œuvre et techniciens qualifiés mais essentiellement à cause de l'instabilité sociale que vivait le pays et des problèmes au niveau du port de Radés. La Tunisie après la révolution, à cause du haut plafond de revendications a subi une auto flagellation. On s'est mis à tout mettre en doute : nos ingénieurs, les cadres de l'Etat, notre compétitivité ; alors que je peux vous assurer que le site tunisien est extrêmement compétitif.
Au niveau de la coopération internationale, nous avons beaucoup de savoir-faire. Mais au niveau du développement régional, le modus operandi est obsolète et extrêmement ancien ! Il faut repenser tout ça. Il faut chercher à être plus impactant. Aujourd'hui, nous sommes déterminés et mon plus gros dossier dans ce ministère c'est : le développement régional.
Maintenant, pour ce qui est de la conférence en elle-même, nous nous devons de renvoyer une bonne image, je pense néanmoins que le consortium n'est pas mauvais (NDLR : Groupement Arjil Groupe Altium/Comete Engineering/Jeune Afrique Events). Notre objectif, c'est d'avoir 1500 décideurs mondiaux qui viendront pour voir que la Tunisie a changé, que le cadre légal a changé, que le gouvernement a changé et que nous avons un nouveau et jeune chef de gouvernement. Que nous sommes en train de travailler sur la loi d'urgence économique et que nous sommes déterminés cette fois, au bout de cinq ans de politique politicienne,à mettre le focus sur l'économie et à résoudre les problèmes.
Le potentiel de ce pays est énorme et puis on a tellement baissé, que le rebond peut exister. Le pays peut redémarrer très vite mais il faut y croire, il faut changer de « mood ».
Avec l'UGTT, il nous faut un vrai dialogue, un dialogue apaisé et sans disputes. On a besoin d'apaisement et de libérer les énergies, je pense notamment à l'administration.
Ce ministère est un bureau de doléances pour les investisseurs étrangers, qui ont besoin de « routes dégagées »!Si Zodiac, qui est une entreprise aéronautique installée au Cap Bon, a besoin de faire une extension de 20 hectares, on ne peut pas se permettre de la lui refuser sous prétexte que les terres où cette extension est prévue sont des terres agricoles.
Il y a quelques temps un gros investisseur bavarois est venu nous trouver, il n'avait pas besoin d'exonérations fiscales ni d'aides, mais seulement de routes dégagées et de recruter des techniciens qualifiés, mais seulement des techniciens. Pas deux techniciens avec 20 maçons !
Le problème ce ne sont pas les employés de l'administration mais les lois administratives, le problème foncier et l'humeur générale.Ce sont les trois sujets qu'il faut traiter et la loi d'urgence économique traitera de ça, mais peut-être pas l'humeur.
Le deal est de faire travailler les gens, libérer les énergies et croire en l'idée que ce pays peut être un pays exportateur, prospère et démocratique.

L'IVD a l'intention de commencer les auditions publiques de personnalités soupçonnées de corruption, en pleine période de la conférence internationale pour l'investissement. Ne pensez-vous pas que ça ne soit pas la période adéquate pour le faire ?
Ses membres pensent au contraire que c'est un bon message pour les investisseurs, ils veulent montrer la supériorité de la loi ! Je ne suis pas d'accord ! On a besoin d'apaisement, on devrait faire ça plus tard.


Concernant le taux de croissance de 2,5%, annoncé dans le projet de Loi de finances 2017, ce taux est-il réaliste ?

Les 2,5% annoncés sont viables et nous pouvons faire plus, s'il y a les préalables suivants : Le rapprochement au maximum de la paix sociale,une reprise de la production pétrolière qui a décliné ainsi que celle du phosphate, la reprise touristique et une amélioration de la production agricole. Dans ce cas, il faut bien que ça reparte ! Ces 2,5% sont calculésà partir également d'hypothèses : de stabilité sociale, politique. Et je continue à dire que notre site est extrêmement compétitif. Si ce pays veut faire de la croissance, il peut faire une croissance forte et très inclusive.
Le rebond existe ! La Tunisie doit faire son come back ! Si un investisseur étranger vient, nous nous devons de le prendre par la main dès son atterrissage à Tunis-Carthage. Et puis alléger l'administration.

Sans stigmatiser personne que pensez vous de se qui se passe avec les médecins et avocats en réaction à la Loi de finances ?
Il fallait arrêter le cycle destructeur des déficits et il a fallu prendre des décisions. M. Chahed a été clair dès le début. On ne veut attaquer personne. Si ces personnes veulent utiliser une route viable il faut qu'ils payent leurs impôts !
Ceux qui payent leur impôts en Tunisie,ce sont les salariés car ils leur sont retenus à la source, le reste font comme ils l'entendent.On sait aujourd'hui qu'il y a une grosse épargne cachée à tel point que l'on entend parler de cambrioleurs qui tombent sur des coffres remplis d'argent dans les maisons. Il faut se réconcilier avec ces détenteurs. C'est une richesse qui peut revenir dan le cycle économique. Je pense que c'est un deal à faire.
Il y a aussi l'argent que détiennent les Tunisiens vivant à l'étranger et qui sont dans l'impossibilité de le rapatrier en Tunisie. Le Maroc a fait une amnistie pour ses ressortissants à l'étranger. Ils sont parvenus à rapatrier les fonds des Marocains à l'étranger pour un montant de 2,5 milliards d'euros sachant que les Tunisiens sont plus nombreux à l'étranger.
Ce sont des choses simples à dire mais compliquées à mettre en place. Nous sommes dans une guerre et il faut utiliser toutes les armes possibles pour la gagner.

Entretien mené par Marouen Achouri & Sofiene Ahres


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