Les étudiants en droit de toutes les facultés de droit et de sciences juridiques du pays ont tenu ce mercredi 15 mars une grève générale à laquelle l'Union générale des étudiants de Tunisie (UGET), avait appelé la veille. Derrière ce mouvement, une colère affichée contre l'arrêté gouvernemental 345 relatif à l'organisation du concours d'accès à l'Institut Supérieur de la Magistrature (ISM). Les étudiants, en grogne contre les nouvelles dispositions de candidature qu'il comprend, menacent d'escalade et affirment qu'ils ne flancheront pas tant que le texte de loi ne sera pas modifié. Un grand nombre d'étudiants en droit et sciences juridiques des facultés du pays ont tenu aujourd'hui, mercredi 15 mars 2017, un mouvement de protestation massif. Les cours ont été suspendus dans plusieurs facultés et les examens de contrôle continu ont été interrompus, nous affirme une source estudiantine. Ont été concernées par cette grève les facultés de droit et des sciences politiques de Tunis et de Sousse, la faculté de droit de Sfax, l'institut supérieur des études juridiques et politiques de Kairouan, la faculté des sciences juridiques, économiques et de gestion de Jendouba et l'institut supérieur des études juridiques de Gabès. Les étudiants se sont rassemblés aujourd'hui, devant le ministère de la Justice à Tunis, afin d'appeler à « l'annulation immédiate dudit arrêté ». Dans la ville de Sfax, une manifestation a pris départ devant la Faculté, se dirigeant vers le siège du gouvernorat puis vers la cour d'Appel de la ville. La veille, les étudiants en droit du campus universitaire de Tunis avaient bloqué la route X scandant des slogans hostiles à l'arrêté critiqué. « Ni peur ni terreur, la voie publique est la propriété du peuple », pouvait-on entendre par ailleurs. Les étudiants, très remontés, menacent de recourir à tous les moyens de pression pacifiques afin que l'arrêté soit annulé. « Nous ne flancherons pas ! », s'écrient certains protestataires sur la toile scandant : « tous contre l'arrêté 345 ! ».
Le syndicat estudiantin de l'union générale des étudiants de Tunisie (UGET) avait appelé, hier, à une grève générale dans toutes les facultés de droit de la Tunisie. Un signe de protestation contre ledit arrêté relatif à l'organisation du concours d'accès à l'Institut supérieur de magistrature. Un texte de loi que le syndicat considère comme étant « une atteinte à la valeur du diplôme des étudiants en droit ». Les étudiants concernés l'accusent, par ailleurs, de sérieusement entraver le parcours universitaire des étudiants en droit en les poussant au chômage.
L'arrêté 345 publié au JORT le 9 mars 2017, relatif au concours national de la magistrature, et qui vient modifier le décret 1290 du 7 juin 1999, énonce de nouvelles conditions d'accès à l'institut de la magistrature qui n'étaient pas appliquées auparavant. Ainsi, les étudiants en droit désireux de participer au concours doivent obligatoirement être âgés de 22 à 40 ans au maximum et être détenteurs d'un master en droit ou en sciences juridiques ou d'un diplôme d'études approfondies en sciences juridiques ou équivalent. Il n'est désormais plus possible d'accéder à ce concours via une licence ou une maîtrise en droit, chose qui était pratiquée auparavant. C'est justement ce changement qui suscite aujourd'hui la colère des étudiants en droit. Ces derniers estimant les dispositions « trop contraignantes ». Ainsi, d'après la circulaire en question, tout étudiant titulaire d'une licence en droit voit ses chances se rétrécir et devra, à défaut de faire un master de deux ans de plus, se décider entre le concours de la profession d'avocat et ou alors celui des huissiers notaires. Insuffisant selon certains.
Si le gouvernement s'en défend utilisant l'argument de l'amélioration de la formation et de la recherche de qualité chez les étudiants, futurs magistrats, les principaux concernés critiquent la manière même avec laquelle cette loi a été décidée. En effet, les étudiants se sont dits « surpris » de voir une telle loi « parachutée par le gouvernement », alors qu'elle devrait, selon les protestataires, « faire partie des lois organiques soumises au vote des députés du Parlement ». Le conseil scientifique de la Faculté des Sciences juridiques de Sousse a publié aujourd'hui un communiqué afin de protester contre « la mise à l'écart des conseils scientifiques des facultés concernées, avant qu'une telle décision ne soit officialisée ». « Tout en comprenant le souci de la qualité de l'enseignement administré aux magistrats », note le communiqué, « les lacunes de formation doivent être solutionnées dans le cadre d'un plan global de restructuration du système LMD en prenant en considération les spécificités de la formation juridique ». Le communiqué dénonce, par ailleurs, le fait que l'obligation de l'obtention d'un master « ne respecte pas la capacité d'accueil et d'encadrement des établissements concerné ».
Suite à leur mouvement de protestation à la Kasbah, certains étudiants se sont entretenus avec la présidence du gouvernement qui leur a assuré « un total soutien » à leurs revendications, sans pour autant que l'annulation demandée ne soit à l'ordre du jour. Par ailleurs, une réunion se tient actuellement, en cette fin de journée, avec le ministre de la Justice Ghazi Jeribi. Une réunion à l'issue de laquelle des solutions devront être annoncées pour calmer la colère des étudiants…ou pas.