Je suis de retour de l'ARP de la commission des martyrs et des blessés de la révolution. Je tiens à vous informer que je me suis libérée. J'ai expliqué et tergiversé. Je me suis, dans ma fougue de ce pays, débattue et bien défendue. J'ai fait fi de ces politiciens qui servent de bouclier à l'IVD. J'ai parlé avec les seuls mots que je connaisse, ceux du cœur et pas les autres. Il m'a semblé avoir été fidèle à moi-même jusqu'au bout dans le respect de ces valeurs que j'ai toujours respectées. Je ne me suis jamais sentie autant Tunisienne et fière de l'être. Je ne me suis jamais sentie aussi forte, aussi sûre de moi et de mes collègues. Nous avions tout essayé, tout tenté, tout expiré. Il ne me reste plus que vous écrire pour m'excuser. Je voudrai demander pardon aux juges intègres de mon pays. Je voudrai demander pardon aux juges du tribunal administratif de l'âge de notre chère République et de son intégrité. Je voudrai demander pardon à tous ces juges mobilisés dans leur travail pour avoir eu à se pencher sur mon cas et celui de mes collègues Mustapha Baâzaoui et Zouhaier Makhlouf dans les procès intentés contre l'instance vérité et dignité. Cette instance qui a pour mission de faire la vérité et rendre la dignité dans le respect de la loi et des droits de l'Homme. Et pourtant, sa présidente et son conseil ont osé bafouer, avec le plus grand dénigrement, le droit et la loi.
Je voudrai demander pardon à ces juges et leur exprimer ma profonde gratitude pour autant d'intégrité, valeur qui a toujours été à l'honneur dans ce tribunal depuis la constitution de la République et même pendant les décennies du dictateur. Ces juges ont honoré leur métier et leur serment en se prononçant en notre faveur ne faisant jamais cas du plus fort ou du plus puissant dans la balance de la justice.
Je voudrai demander pardon à ces juges intègres pour leur dévouement pour leur métier faisant fi du pouvoir de l'instance, de sa présidence et de ses membres. Ces juges se sont prononcés contre l'instance en notre faveur à plus d'une reprise. Pourtant, l'instance a envoyé tout cela contre le mur. Un mur de désobéissance à la loi et à ses tribunaux avec un total outrage à la magistrature ne faisant cas ni des juges ni de leur labeur. Un communiqué de l'association des magistrats tunisiens du 30 juin 2016 s'est pourtant élevé contre l'instance vérité et dignité dans son non-respect de la loi d'autant plus qu'elle a pour objectif d'établir une transition démocratique d'un état de non loi vers un état démocratique où les lois sont respectées misant sur l'indépendance de la justice et l'application des décisions judiciaires. Tout ceci pour dire combien nos révocations par l'IVD ont été fermement rejetées par des juges soucieux du respect de la justice pour laquelle tout un peuple s'est soulevé.
Je voudrai vous demander pardon pour cet affront que la présidente et ses membres vous ont infligé et continuent à vous infliger et dont nous nous voulons entièrement irresponsables. Je voudrai vous demander pardon pour mes colères et mon entêtement pour avoir recouru à votre magistrature et vous faire accuser cette hérésie. Je voudrai vous demander pardon pour le sacrilège de vos décisions que la présidente et ses membres continuent à faire sans gêne ni honte.
Je voudrai vous demander pardon pour ces terribles affronts dont je me sens responsable en vous y exposant par mes incessants recours à vous et votre justice. Je ne peux que baisser mes humbles yeux et tuer mon rêve de croire en une justice certes indépendante mais tellement impuissante devant cette instance superpuissante.
Je voudrai vous demander un dernier pardon au risque de me perdre parce que je ne peux m'empêcher de toujours vous honorer et toquer à votre porte encore vous solliciter pour chaque injustice que je re-subirai.