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Il faut détruire le Qatar
Publié dans Business News le 09 - 06 - 2017

« Carthago delenda est », c'est la formule par laquelle Caton terminait inlassablement ses discours enflammées devant le Sénat romain. C'était à l'époque des guerres puniques qui se sont finalement achevées par la destruction totale de Carthage et le triomphe de la puissance hégémonique romaine et ce, malgré la résistance héroïque d'Hannibal. Trahi par les siens, loin de sa terre passionnément aimée et ardemment défendue, l'illustre général laissa pour testament : « Terre ingrate, tu n'auras jamais mes cendres ».
A l'inverse du lieu commun populaire, l'Histoire n'est jamais un éternel recommencement, mais certains événements qui la ponctuent peuvent parfois être d'une ressemblance troublante. Il en va ainsi de la destruction de la cité punique en 146 avant J.C comme de la défaite de Grenade en 1492. Il en va de même de la chute de l'Irak en 2003 comme de la destruction de la Libye et de la Syrie en 2011. Avec des dégâts nettement moindres mais des conséquences tout aussi funestes, la Tunisie, berceau du sinistrement célèbre « printemps arabe », a subi le même sort en janvier 2011 avec ce que j'avais appelé à l'époque la « révolte bouazizienne ».

Le Qatar, agent traitant de la destruction du monde arabe
Avec ces quatre derniers événements (Irak, Syrie, Libye, Tunisie), où il existe des différences de degrés mais pas de nature, l'émirat islamo-terroriste du Qatar a joué un rôle moteur que mes compatriotes n'ont pas vu, ou n'ont pas voulu croire à l'époque. Il y a ainsi des peuples qui s'estiment plus intelligents, plus civilisés, plus politisés et plus courageux que d'autres alors que dans les faits, ils sont l'absolu contraire de leurs chimères et suffisance ! Pis encore, certains peuples qu'on a galvanisé par la passion libertaire et non guère par la liberté tonique, pensent s'affranchir de l'autocratie en tombant dans la plus vil des servitudes.
Le minuscule et insignifiant Qatar n'aurait jamais pu déstabiliser la Tunisie, l'Egypte, la Libye et la Syrie –qui résiste encore aux hordes islamistes- sans la complicité active des Etats-Unis, sans la trahison des élites et surtout sans la félonie des hauts commandements militaires. Je l'avais dit dans mon ouvrage La face cachée de la révolution tunisienne (2011), et bien plus tôt dans mon livre prémonitoire Carthage ne sera pas détruite (2002), et nous le savons aujourd'hui avec certitude : l'Etat vassal du Qatar agissait sous les ordres de la première puissance mondiale, alors présidée par le néoconservateur George W.Bush puis par le frère musulman Barack Hussein Obama. Dans la stratégie américaine, en parfaite concordance avec les sacro-saints intérêts d'Israël, il fallait déstabiliser tous les Etats-nations issus de la décolonisation pour leur substituer des régimes islamistes sous le prétexte fallacieux de la mondialisation, de la démocratie et des droits de l'homme.

Lâché comme un vulgaire Etat voyou
C'est ce parapluie américain, dont le Qatar usait et abusait avec la ferveur bédouine, qui vient de subir un énorme trou. Donald Trump n'est pas Barack Hussein Obama. Autant celui-ci avait une attirance pour l'islamisme, certainement pour colmater les failles psychologiques ouvertes par le divorce puis la mort de son père musulman, autant l'actuel Président américain, chrétien décomplexé, est radicalement opposé à l'islamisme en général et à la secte des Frères musulmans en particulier. C'est pour dire que la décision de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte, des Emirats arabes unis, du Bahreïn et du Yémen de rompre toute relation avec le Qatar n'est ni capricieuse ni surprenante, mais qu'elle était inexorable dès lors où est intervenu à la tête de l'exécutif américain un changement radical que certains souhaitaient et que beaucoup redoutaient, non sans raison ! Tout de suite après l'annonce de l'isolement du Qatar, Donald Trump a twitté que « cela sera peut-être le début de la fin de l'horreur du terrorisme ». En d'autres termes, la duplicité qatarie n'a que trop longtemps duré et les liens de causalité entre la vague terroriste depuis 2011 et les choix politiques du Qatar ne relevaient pas du fantasme mais de faits réels et parfaitement avérés.
Premiers surpris par la décision des cinq pays arabes et davantage encore par l'acquiescement américain : les oligarques islamo-terroristes de Doha. C'est que l'entité qatarie se croyait invulnérable en raison de son volume gazier et de la plus grande base aérienne américaine qu'elle héberge depuis 1996. Siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient, Al-Udeid abrite 10.000 soldats américains. C'est à partir de cette base que George W.Bush a mené sa croisade contre l'Irak, et c'est le feu croisé de celle-ci et de la désinformation d'Al-Jazeera qui a conduit à la chute de Bagdad en 2003.

Le jeu diabolique de l'Iran
C'est principalement à la République dite islamique d'Iran que l'invasion et le démembrement de l'Irak avait profité. Et c'est à partir de 2003 qu'un pacte entre l'entité qatarie et la puissance régionale iranienne a été scellé. Par ailleurs, l'ogre et le nain ont en commun un immense champ gazier dans les eaux du Golfe, appelé North Dome côté Qatar, dénommé South Pars par l'Iran. Ils ont aussi en commun une vision théocratique de l'islam qu'ils s'emploient à propager partout dans le monde. Les uns au nom d'idéaux révolutionnaires et d'une vision universaliste du chiisme, les autres au nom d'un wahhabisme atavique mixé à la doctrine subversive des Frères musulmans.
Comment une république issue d'une révolution islamique et théoriquement opposée à l'impérialisme américain peut-elle s'entendre avec un régime des plus réactionnaires et des plus inféodés au « grand Satan », comme l'appelait Khomeiny ? En réalité, il ne s'agit pas d'entente stratégique mais d'intérêts communs et conjoncturels. Dans cette logique pragmatique et cynique, l'Iran peut transférer à Doha toutes ses transactions financières et bancaires, pour contourner l'embargo que l'Occident lui imposait alors, et en même temps soutenir la Syrie contre le pays qui a fait le plus de mal à Damas, à savoir le Qatar. Selon la même logique, les Mollahs n'hésitent pas à soutenir discrètement mais massivement la secte des Frères musulmans tunisiens, Ennahdha, sans tenir compte du fait que c'est Rached Ghannouchi et ses thuriféraires qui ont endoctriné, mobilisé et expédié vers la Syrie des hordes de mercenaires tunisiens qui ont commis les crimes les plus abominables dans ce grand pays et qui combattent sur le terrain syrien des soldats iraniens ! Beaucoup ignorent que les relations entre le régime iranien et la secte ghannouchiste sont historiques et structurelles.
Si le « printemps arabe » avait un seul mérite, ce serait d'avoir fait tomber tous les masques. Avec la crise majeure provoquée par la rupture des relations entre les cinq pays cités et l'entité qatarie, d'autres masques vont tomber. Si cette crise ne trouve pas d'issue diplomatique et si elle atteint son paroxysme, il ne faut pas s'étonner de voir le Qatar basculer totalement dans le giron iranien.

Et la suzeraineté tunisienne dans tout cela ?
Au pays de la « révolution du jasmin », le Bey règne mais ne gouverne pas, le guide suprême, Rached Ghannouchi, gouverne mais ne règne pas, les mafias se gavent et ne se rassasient pas, les mercenaires des services étrangers manœuvrent et ne se montrent pas, les terroristes se réorganisent et ne s'exposent pas, les « élites » politiques palabrent et n'agissent pas, le peuple agonise mais ne se révolte pas. Pas plus que les cybers-collabos, Freedom House, l'Open Society, Otpor et Al-Jazeera ne sont plus au rendez-vous révolutionnaire !
A l'image du régime aseptisé et dénationalisé qu'il incarne, le gouvernement actuel n'a pris aucune position dans la crise qui oppose les cinq pays cités à l'entité qatarie. Raison affichée, la neutralité de la Tunisie et sa non-ingérence dans les affaires d'autrui ! Mais dans les faits, le premier pays fournisseur de « main d'œuvre » djihadiste ne peut pas rompre ses relations diplomatiques avec le premier pays partenaire et financier du terrorisme islamiste international. Par contre, en rompant ses relations diplomatiques avec la Syrie –une initiative du tandem Ghannouchi et son vassal Marzouki- la Tunisie a été à l'avant-garde des pays ennemis à cette illustre nation qui a héroïquement résisté à la plus grande invasion islamo-fasciste jamais connue dans l'histoire. Depuis l'apothéose de Béji Caïd Essebsi, héritier sans héritage du neutralisme bourguibien, ses relations n'ont jamais été rétablies, et pour cause !
Il n'est en outre pas question de montrer la moindre désobligeance ou désobéissance à l'égard de l'émirat bédouin qui a « libéré » de son indépendance et de sa modernité la République bourguibienne. On ne trahit pas nos « associés dans la révolution », pour emprunter cette expression au mercenaire du Qatar…et à l'agent de la Grande Bretagne, Rached Ghannouchi.
Pourtant, cette décision des cinq pas à l'égard du Qatar procède d'un constat irréfragable et en lien notamment avec ce qui se passe en Libye, comme l'a si bien compris le rédempteur de l'Egypte, Abdel-Fattah Al-Sissi. La Libye, pays à la destruction duquel nous avions, nous autres Tunisiens, activement contribué, est essentielle dans l'équilibre régional et plus encore dans la sécurité intérieure de la Tunisie.
Mais au pays de la « révolution » bouazizienne et de l'élite politique charriée par la brouette, nul ne semble s'inquiéter de la sécurité tunisienne, pas plus d'ailleurs que du changement majeur de la stratégie américaine à l'égard de l'islamisme en général et des Frères musulmans en particulier, dont la crise opposant les cinq pays arabes à l'entité qatarie n'en est que le premier jalon.

* Philosophe, ancien Ambassadeur et Président du Centre international de Géopolitique et de prospective analytique (CIGPA).
* Les opinions publiées dans la rubrique « Tribune » ne reflètent pas forcément l'opinion ou la ligne de la rédaction de Business News


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