Les actions concrètes réclamées par le secteur privé pour la Loi de finance 2018 ont été le sujet d'une interview accordée par le membre de la commission économique à l'UTICA, Néjib Chahed, à l'Expresso, ce jeudi 10 août 2017, sur Express Fm. Néjib Chahed a, ainsi, expliqué que l'endettement de l'Etat à 75% du PIB, fruit des déficits budgétaires successifs depuis la révolution, devient très menaçant pour la stabilité du pays. Le secteur privé a, donc, essayé de chercher des solutions concrètes à cet excès d'endettement, mais tout en soutenant la croissance et la compétitivité des entreprises. C'est dans ce cadre, qu'il a soumis au gouvernement Chahed un ensemble de propositions lors d'une table ronde tenue il ya deux jours. Le problème, selon lui, c'est que le gouvernement essaye de résoudre cet endettement, qui est devenu structurel, par des mesures conjoncturelles : ce qui est une erreur à la base, a-t-il soutenu. En exemple, il a expliqué que le gouvernement a dû recourir l'année dernière à la contribution conjoncturelle de 7,5% pour boucler son budget. Or, cette année la même problématique se repose : «Nous avons gagné du temps mais les problèmes ont empiré et deviennent de plus en plus chers à traiter ! On n'a fait que retarder l'échéance, mais s'endettant plus», a-t-il martelé.
Pour réduire le déficit, on doit soit augmenter les recettes, soit diminuer les dépenses, soit les deux solutions ensemble, précise-t-il, en rappelant que l'objectif est de soutenir la croissance des entreprises et leur compétitivité.
Côté recettes, l'Etat recourt à la fiscalité directe (impôt sur les sociétés, les impôts sur les revenus et l'impôt sur les traitements et salaires (ITS)) et indirecte, les ressources non-fiscales et les emprunts. Or, l'année dernière, le gouvernement a diminué l'ITS donc c'est incohérent de l'augmenter cette année. S'agissant de l'impôt sur les sociétés, la Tunisie fait partie des premiers pays dans le monde en matière de pression sur les sociétés, fiscale et sociale. Augmenter les taux sera contre productif et poussera les sociétés vers l'évasion fiscale. Concernant les ressources non-fiscales, l'Etat dispose des biens confisqués, qu'il compte céder et dont l'opération devra être accélérée, et de l'arme de la privatisation de certaines sociétés publiques, qui souffrent de déficits importants. Ainsi, l'Etat doit se retirer de certains secteurs non-prioritaires, comme les banques, toujours selon M. Chahed.
Côté dépenses, le membre de l'UTICA estime que leur augmentation ne doit pas dépasser l'inflation. Ainsi, selon lui, il faut stabiliser la masse salariale, continuer la politique de non renouvellement des départs à la retraite et mettre en place une stratégie de départ anticipé pour la fonction publique. Trouver une solution aux subventions qui ne bénéficient pas à leurs destinataires, pour un meilleur ciblage et en concertation avec les citoyens. Néjib Chahed a dénoncé les interventions de l'Etat dans le domaine économique et social, et qui s'apparentent à des subventions déguisées, comme par exemple les 500 millions de dinars alloués à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS), pour financer la retraite des fonctionnaires. Il faut revoir le financement des caisses sociales, notamment en retardant l'âge de départ à la retraite. L'Etat peut recourir, également, aux partenariats publics privés qui peuvent alléger son fardeau, note-t-il.