L'économiste et ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Mehdi Jomâa, Hakim Ben Hammouda, a fait, ce vendredi 15 décembre 2017 au micro de Wassim Ben Larbi dans son émission Expresso sur Express Fm, un décryptage du communiqué du Fonds monétaire international (FMI) à la fin de sa mission et des déclarations à la presse du chef de cette mission Björn Rother. Ainsi, M. Ben Hammouda a souligné l'importance de cette visite, vu la crise économique et notamment celle des finances publiques. Pour lui, il y a 3 points à retenir : * L'accord conclu n'était pas acquis d'avance et les négociations étaient difficiles et compliquées, mais le plus important c'est la conclusion de cet accord important, non seulement au niveau économique pour un prochain déblocage des financements en cette période sensible, mais aussi au niveau politique. La non-conclusion de cet accord aurait transmis des signaux de manque de transparence et d'instabilité, estime-t-il. * Certes, on n'a pas annoncé une date pour la réunion du conseil d'administration du FMI, qui sera sûrement fixée en février. Mais, ceci, indique l'économiste, que le travail du gouvernement n'est pas fini et doit se poursuivre pour compléter les conditions essentielles du FMI pour obtenir l'accord du conseil. * Il a surtout émis son appréhension face aux propositions du FMI qui recommande une politique monétaire restrictive, notamment en relevant le taux d'intérêt et en continuant la politique de libéralisation du dinar.
Hakim Ben Hammouda explique que ce qui pousse le FMI à défendre ces propositions est la hausse de l'inflation qui a dépassé les 6%. Une augmentation due, selon la lecture orthodoxe, à la politique monétaire, et donc doit être maitrisé avec une augmentation du taux d'intérêt. La libéralisation du dinar permettra, selon cette même vision d'augmenter les exportations. Or, l'économiste ne partage pas cette vision. «Je demande au gouvernement de faire une étude sur les raisons de l'inflation ainsi que sur les moyens d'augmenter les exportations», a-t-il réclamé, en précisant que l'inflation peut être due à d'autres facteurs : une inflation importée due à la baisse du dinar, une inflation due à la suppression des subventions et des compensations, ou une inflation due à l'augmentation de la TVA. «La question de la politique monétaire et de la libéralisation du dinar doit être étudiée attentivement, avant de céder à la pression du FMI pour passer à une politique monétaire plus restrictive», souligne-t-il. Et d'ajouter : «La hausse du taux d'intérêt aura des conséquences sur l'investissement ainsi que sur la classe moyenne. Alors que celle de la libéralisation du dinar peut être néfaste sur l'économie tunisienne et sur nos importations en biens d'équipement et semi-finis, donc sur le coût de la production et la compétitivité de nos sociétés, surtout en prenant en compte la stagnation économique européenne et les difficultés à investir dans notre pays».