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Tunisie-FMI : Le temps du pèlerinage à Washington est venu !
Publié dans Business News le 18 - 04 - 2017

Le temps des comptes est arrivé à Tunis. La mission, tant attendue, du FMI en Tunisie vient de prendre fin en laissant un sentiment mitigé. Une délégation tunisienne de haut niveau, comprenant le chef du gouvernement en personne, ira à Washington dès jeudi pour aider à faire passer la pilule. Quoi qu'il en soit, la deuxième tranche va être décaissée et le grand malade qu'est l'économie tunisienne aura droit à sa piqure d'adrénaline.

Le 17 avril 2017, la mission du FMI à Tunis depuis le 26 mars, prenait fin. Un accord avec les autorités tunisiennes a été trouvé à l'issue de la rencontre entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le président de la délégation du Fonds monétaire Björn Rother. Accord qui fait couler depuis beaucoup d'encre et qui engage la Tunisie à accélérer l'application des réformes tant de fois reportées pour bénéficier d'un prêt et surtout pour qu'elle puisse le rembourser.

Dans un communiqué publié hier, Björn Rother a affirmé qu'un accord sur les politiques économiques nécessaires pour achever la première revue du programme de la Tunisie appuyé par le MEDC a été conclu avec les autorités tunisiennes. Cet accord reste toutefois soumis à l'approbation du Conseil d'administration du FMI.
Ainsi, précise le chef de la délégation du FMI, l'achèvement de la revue mettrait à disposition 227,3 millions de DTS (environ 308 millions de dollars), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 627,5 millions de dollars.
Le représentant du FMI émet toutefois quelques réserves, rappelant les « redoutables défis auxquels se heurte l'économie tunisienne », il affirme que cette conjoncture économique difficile exige « une riposte urgente et énergique » afin de maintenir la stabilité macroéconomique et de doper la création d'emplois.
« La création de plus de débouchés économiques pour tous les Tunisiens et le maintien de la santé des finances publiques sont au cœur de la stratégie économique du gouvernement. À court terme, les priorités consisteront à accroître les recettes fiscales de manière équitable, à mettre en œuvre la stratégie de réforme de la fonction publique afin de placer la masse salariale sur une trajectoire viable, à réduire les subventions énergétiques et à couvrir les déficits de liquidité immédiats du système de sécurité sociale. L'augmentation des dépenses sociales et un meilleur ciblage du dispositif de protection sociale permettront de protéger les populations les plus vulnérables et de préserver leur pouvoir d'achat en cette conjoncture difficile. Un durcissement de la politique monétaire permettrait de contrer les tensions inflationnistes, et une plus grande flexibilité du taux de change aiderait à réduire le considérable déficit commercial », a souligné Björn Rother.
Il a, par ailleurs, noté « les progrès encourageants » entrepris par le gouvernement dans la mise en œuvre des réformes « qui avaient été retardées, pour ainsi s'attaquer aux barrières structurelles qui pèsent sur l'économie tunisienne » et notamment celles liées aux nouveaux textes de loi sur l'investissement et la concurrence, les travaux d'établissement d'une nouvelle instance constitutionnelle chargée de la lutte contre la corruption et les mesures de réforme des banques et des entreprises publiques.
« Les chiffres présentés dans le rapport sont en adéquation avec notre analyse de la situation » a commenté, ce matin, la ministre des Finances, Lamia Zribi, sur Express Fm.
« Nous souhaitons renouer avec la croissance sans devoir faire de concessions douloureuses, notamment l'abandon des subventions de l'Etat sur certains produits, que l'Egypte a dû, par exemple, adopter. Pour éviter d'entrer dans cette phase, nous devons démarrer les réformes » a-t-elle ajouté. Et de préciser qu' « avec les responsables, les discussions ont porté sur les réformes et les futures étapes desquelles découleront les suivantes décisions : affronter le dossier du départ à la retraite qui réduira la masse salariale dans le but de réformer la fonction publique, démarrer un programme pour la formation des fonctionnaires pour guider la décentralisation, ou alléger les procédures administratives ».

Mme Zribi a affirmé que les experts qui ont produit le rapport ont réalisé un diagnostic « assez positif » de la situation, ce qui devrait pousser au déblocage de la deuxième tranche de 319 M$. Elle a également fait savoir qu'il y aura une troisième tranche à la fin de 2017 et que le nombre de tranches prévues dans le programme préfixé est au nombre de 8.
A la question, pouvons-nous sortir de ces accords signés avec le FMI, Mme Zribi répond par la négative. « L'idéal pour nous est d'augmenter l'export. En espérant reprendre l'activité touristique et du phosphate et des entrées en devises en général ».
Une question que se posent d'ailleurs nombreux Tunisiens qui voient arriver des mesures drastiques, « imposées » par le FMI. Réagissant à ce propos, nombreux experts ont souhaité apporter quelques précisions sur les « sacrifices » demandés par le Fonds à la Tunisie.
L'économiste Radhi Meddeb a estimé que seule la deuxième tranche sera probablement tirée en mai, de l'ordre de 308 millions de dollars, loin des deuxième et troisième tranches espérées par les autorités tunisiennes pour un total de 700 millions $. Il a précisé qu'entre les lignes, le dinar est surévalué, une dévaluation ou une accélération de sa glissade devraient intervenir sur les prochaines semaines. M. Meddeb a expliqué que le taux d'intérêt sera relevé sur le court terme et l'accès au crédit resserré, que les prix des carburants devraient augmenter pour diminuer le poids des subventions, mais aussi mieux traduire le glissement du dinar par rapport au dollar et qu'une réforme globale des retraites devrait intervenir sur les prochains mois.
« Tout cela réduira peut-être le fardeau sur les finances publiques, mais risque d'être douloureux en l'absence d'une vision globale et d'une approche stratégique de relance dans l'inclusion et la reconstruction de notre tissu économique sur la base d'une compétitivité retrouvée » a souligné l'économiste.

Le président de l'Association tunisienne de gouvernance (ATG), Moez Joudi, a estimé, pour sa part, que le rapport de la dernière mission du FMI « n'est pas très positif ». « Une seule tranche de 308 millions de dollars sera libérée alors que le gouvernement Chahed espérait deux tranches d'un coup, et il faut s'attendre à des décisions douloureuses pour la prochaine période notamment concernant le dinar et le taux d'intérêt afin de juguler l'inflation. Encore du pain sur la planche! » a-t-il déclaré dans un post relayé sur les réseaux sociaux.

Moez Joudi a rappelé que, d'après la mission des experts du FMI, pour la prochaine période il faudra relever le taux d'intérêt pour juguler l'inflation galopante, augmenter les prix de certains biens subventionnés notamment le carburant et laisser glisser le dinar sur le marché de change. « Or ces mesures peuvent constituer des freins à la croissance économique ce qui ne se recoupe pas forcément avec les objectifs du gouvernement Chahed. Pour le glissement du dinar, ça risque d'aggraver l'inflation importée face au volume actuel des importations, en même temps ce n'est pas évident de booster les exportations puisque beaucoup d'entreprises tunisiennes exportatrices ont perdu leur compétitivité sur les marchés internationaux face aux augmentations salariales répétitives et aux autres coûts de production outre les problèmes logistiques redondants! Il faut s'attendre à beaucoup de zones de turbulence pour la prochaine période! », a-t-il commenté.

Des retombées que le gouvernement résume ainsi : il s'agira d'abord d'un décaissement du financement pour les grands projets d'investissement par les bailleurs de fonds internationaux (BM, BAD, Banque européenne d'investissement). Ensuite, d'un appui budgétaire qui permet au ministère des Finances de boucler son schéma de financement pour 2017 et de libérer ainsi les ressources du système bancaire tunisien pour le financement du tissu économique , puis, le retour de la confiance des marchés internationaux dans la soutenabilité de la dette extérieure tunisienne et donc la possibilité de se financer à moindre coût sur les marchés de capitaux et consolider les réserves en devises au niveau de la banque centrale.

L'ancien ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, a estimé que le gouvernement s'était déjà engagé auprès du Fonds monétaire international et qu'il n'a pas honoré ses engagements à cause de la lenteur de l'application des réformes et de son hésitation.
Lors de son intervention, aujourd'hui sur Mosaïque Fm, M. Fakhfakh a souligné que le gouvernement ne devrait pas accepter des engagements qu'il ne peut pas honorer sous peine de perd toute crédibilité.
Il a enfin précisé que le déblocage d'une tranche du crédit du FMI en faveur de la Tunisie ne signifie pas nécessairement que la situation va s'améliorer.

Ce qui ressort de toutes les réactions que nous avons pu lire et écouter, c'est que la situation économique du pays implique d'agir et dans l'urgence. Il ne s'agit pas seulement d'emprunter mais d'engager les réformes qui s'imposent pour que le pays ne coule pas sous les dettes. Ces réformes concernent la dette, la masse salariale dans la fonction publique, la situation des entreprises publiques, la caisse de compensation et bien d'autres sujets. Le gouvernement se retrouve entre le marteau des finances publiques et l'enclume de la paix sociale. Un dilemme loin d'être facile.


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