Zied El Héni comparait mercredi 27 décembre 2017 devant la justice au Tribunal de première instance de Sousse, dans le cadre de l'affaire dite de l'œuf du ministre. Il s'agit d'une plainte déposée par l'ancien procureur de la République près de Tribunal de première instance de Tunis et actuel procureur général près de la Cour de cassation, Tarek Chkioua. Le « crime » de Zied El Héni est d'avoir révélé les fausses allégations qui ont mené à l'arrestation d'un confrère, le journaliste-photographe Mourad Meherzi qui a fait son travail en filmant la scène où l'ancien ministre de la Culture de la Troïka, Mehdi Mabrouk, avait été la cible d'un œuf lancé par l'artiste Nasreddine Shili, qui protestait contre le fait que le ministère n'avait pas soutenu le défunt comédien Azzouz Chennaoui lors de sa maladie.
A cette époque, l'artiste avait été accusé d'avoir agressé physiquement le ministre et le photographe d'être son complice. Ils ont été inculpés de conspiration contre la sécurité de l'Etat et participation à un acte visant le renversement du gouvernement et du régime. Le procureur de la République avait prétendu que Mourad Meherzi avait avoué ce qu'on lui reprochait. Chose qu'a nié M. El Héni preuve à l'appui, ce qui a permis de relaxer le journaliste-photographe le 11 octobre 2013.
Le plus drôle dans cette histoire c'est qu'au lieu de poursuivre celui qui a proféré des mensonges, c'est Zied El Héni qui a été poursuivi par la Justice. Le journaliste a été arrêté le 13 décembre 2013 et a dû passer la nuit en prison pour délit d'opinion. Il a été libéré suite aux pressions de l'opinion publique. Il est accusé de diffamation et d'injure envers un fonctionnaire public. Il est poursuivi hors des décrets 115 et 116 relatifs à la liberté de la presse et qui devraient être appliqués, dans ce cas de figure.
Malgré le fait que la justice ait donné raison à Zied El Héni dans cette affaire, en première instance et en appel, le jugement a été cassé par la Cour de cassation qui a décidé de retransmettre le dossier à la Cour d'appel de Sousse sous une nouvelle configuration qui a annulé toutes les précédentes décisions et déféré le journaliste devant la chambre correctionnelle du Tribunal de première instance de Sousse demain, mercredi 27 décembre 2017, pour diffamation envers un fonctionnaire public, selon l'article 128 du Code pénal. Sachant que le Tribunal de première instance de Tunis avait donné raison à M. El Héni en relaxant Mourad Mehrezi, prouvant la véracité de ce qu'il avait déclaré.
Zied El Héni estime que l'affaire dépasse sa propre personne. Pour lui, elle vise à remettre en place l'ancien système de terreur dont l'objectif était de museler les médias.