Slim Riahi quitte la présidence de l'Union patriotique libre, parti qu'il a fondé en 2011 tout juste après son retour de Libye où il avait fait fortune dans les secteurs de l'énergie et de l'immobilier. Homme d'affaires à la réputation écornée, l'ascension de Riahi sur la scène politique a été fulgurante, tout autant que sa chute. Rien ne va plus, semble-t-il pour Slim Riahi. L'information de sa démission de son poste à la tête du parti a tout d'abord été annoncée par l'agence de presse TAP, alors que les premiers intéressés gardaient le silence. On apprenait que le bureau politique de l'UPL tenait une réunion d'urgence pour évaluer la situation. Une heure après, un communiqué officiel du parti venait confirmer la démission, en ajoutant que Slim Riahi gèle également ses activités partisanes et politiques « dans un contexte où il lui est impossible de poursuivre ses activités dans les meilleures conditions ». Samira Chaouchi, vice-présidente du parti est nommée à sa tête jusqu'à la tenue d'un congrès national. D'habitude fort prolixes sur les réseaux sociaux, Slim Riahi et sa garde rapprochée font les morts. Aucun statut, aucune déclaration ne sont venus commenter cette décision.
Slim Riahi aux abois ? Pourtant quelques jours auparavant, il posait pour une photo souvenir aux côtés de Hafedh Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Une image qui donnait l'impression que tout roulait pour Riahi et ses acolytes et qu'il allait rebondir avec cette nouvelle Troïka qui voyait le jour. La politique ne lui réussit finalement pas, ni rien d'autre en Tunisie d'ailleurs. Acculé par les affaires pénales en cours, assistant au gel de ses avoirs, obligé de démissionner de la présidence du Club africain, Slim Riahi a fait de mauvais calculs, il a tenté d'entrer dans le grand jeu et il a perdu en cours de route. Il a toutefois essayé de tirer son épingle du jeu. A plusieurs reprises il a tenté de revenir sur les devants de la scène mais il manquait la dernière marche. Après avoir quitté l'Accord de Carthage en 2016, il est repêché grâce à un rapprochement avec Nidaa Tounes et Ennahdha. L'UPL et Slim Riahi s'y voyait déjà en réintégrant l'Accord et en faisant de nouveau allégeance au gouvernement en place. Sauf que rien ne s'est passé comme prévu.
Suite à la crise au sein de Afek Tounes et le probable remaniement ministériel qui devait en découler, Riahi s'attendait à décrocher sa part du gâteau, à ce que son parti fasse son come-back au gouvernement. En as du retournement de veste, le président de l'UPL a feint l'amnésie et a joué le tout pour le tout afin de réintégrer le gouvernement, son rapprochement avec les deux partis au pouvoir lui permettant une marge de manœuvre. Sachant qu'il est poursuivi dans des affaires de blanchiment d'argent et de corruption, Riahi se savait les mains et les pieds liés et a fait en sorte de se sortir de ce bourbier. C'était sans compter sur un Youssef Chahed, décidé à garder son équipe, barrant ainsi la route aux prétentions du président de l'UPL.
En quittant le parti, Slim Riahi se préparerait-il une porte de sortie ? Un départ d'un pays où il n'arrête pas de s'enfoncer de jour en jour. Ce ne sont pas ses insinuations qui le démentiraient. Alors qu'on venait de geler ses avoir, Riahi n'a pas manqué de menacer le gouvernement tunisien et de brandir sa qualité de citoyen britannique. Il ira même jusqu'à déposer une plainte contre Youssef Chahed au Royaume-Uni. Il ira jusqu'à dire qu'il n'investira plus en Tunisie en assurant que le plus gros de sa fortune ne s'y trouvait pas de toute manière. Du Club africain à l'UPL, Slim Riahi se retire de postes clés à travers lesquels il s'est positionné comme acteur principal de la scène publique tunisienne. A travers le football, il se procurait une indéniable assise populaire. A travers l'UPL, un pied dans l'Assemblée des représentants du peuple avec une douzaine de députés et une voix au chapitre, notamment après le pacte avec Nidaa et Ennadha. Après son départ, s'il s'avère être définitif, qu'adviendra-t-il de l'UPL dont il est le fondateur et le principal bailleur de fonds ? Un parti au fonctionnement opaque qui tient la route grâce au personnage de Slim Riahi et surtout à son portefeuille. Certains bruits de couloir disent que ce qui reste de l'UPL sera absorbé par Nidaa Tounes et qu'ils ne feront désormais plus qu'un. Et qu'en est-il d'un Slim Riahi, interdit de voyage, sous poursuites judiciaires et dont les biens en Tunisie ont été confisqués ? Saura-t-il rebondir sur ses pattes ou se brûlera-t-il les ailes pour de bon cette fois-ci.