« Les demandes des jeunes médecins sont toutes légitimes » scandaient-ils. « Vous avez tout notre soutien » disaient-ils. Pourtant nous nous sommes trouvés livrés à nous-mêmes, dans une bataille sans pitié… aucune… durant 47 jours… Quasiment seuls, tant avant, durant ou même après notre mouvement. Pire même, une minorité entre eux s'est même dressée contre nous. Et ce terme (minorité) sera employé et re-employé tout au long de cet article, pour que vos captures d'écran en soient témoins, car je ne mets jamais tout le monde dans le même sac, et que je sais que la majorité entre vous a des principes. Mais malheureusement, cette « minorité » a choisi de suivre le chemin d'une vengeance injustifiée : « Vous avez acquis un statut ? On verra ce que ce statut fera pour vous ! » « Vous avez suivi Jed et Aymen ? Appelez-les qu'ils assurent vos cours ! Qu'ils valident vos stages ! Qu'ils paient vos salaires ! » Ceci est devenu le pain quotidien des jeunes médecins dans quelques services. Mais comme si le harcèlement moral ne suffisait pas, il a fallu que certains rajoutent une couche en passant au harcèlement physique, poussant leurs disciples à s'épuiser dans des journées interminables de travail. En usant d'un manque de connaissances juridiques, certains ont choisi d'obliger leurs internes et résidents à assurer des heures de travail supplémentaires, sous prétexte que le nouveau statut le stipulait. Mais ce que cette minorité ne sait pas (ou fait semblant de ne pas savoir) c'est qu'entre le statut de 1976, de 1993 et de 2018, la charge horaire des jeunes n'a pas changé. Pire encore, outre la pression morale et physique, le ministère a choisi de passer à la pression pécuniaire, en bloquant illégalement les salaires de ces jeunes, tous azimuts, bloquant au passage les salaires même des pharmaciens et dentistes pendant une période par leur incompétence. Et cerise sur le gâteau, cette minorité a choisi aussi une vengeance académique et scientifique, privant ses étudiants de leurs cours, en supposant faits les cours programmés durant la grève, les privant ainsi même de leur formation. Ces mêmes personnes se disaient inquiètes pour la formation manquante des étudiants durant la grève, les incitant (en les menaçant d'une année blanche) à revenir aux bancs des facs. Et là, je me pose une question : Qui est à l'origine de tous ces problèmes ? N'est-ce pas la minorité de responsables académiques ayant œuvré seuls sans consulter personne lors de la rédaction de ces réformes? Pourquoi est-ce donc aux jeunes d'en payer le prix ? Et pourquoi toute cette rancune ? Est-ce une punition pour avoir mis à nu les défaillances de notre système de santé en Tunisie? Est-ce un châtiment pour avoir prouvé que les anciens responsables académiques se sont trompés en faisant des réformes mal étudiées seuls, sans en aviser les étudiants, ni même leurs bases, le reste des enseignants ? OU est-ce pour dissuader les jeunes de se mobiliser dorénavant pour leurs droits ? Nous avons répété une chose durant tout notre mouvement : La confiance a été perdue durant 7 ans de négociations et de reformes unilatérales. Et nous comptons rebâtir cette confiance. Mais j'en doute fort actuellement. Et avec les agissements de ce ministère et d'une minorité de ces responsables académiques, j'ai bien peur que cette confiance soit anéantie à jamais.
*Vice-président de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins