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La Banque centrale n'a pas choisi la facilité
Publié dans Business News le 20 - 06 - 2018

Le Conseil d'administration de la BCT avait décidé, lors de sa réunion périodique du 13 juin 2018, la révision à la hausse du taux d'intérêt de 100 points de base, passant de 5,75% à 6,75%. Une décision qui a suscité un affolement général.

Il est pour le moins curieux cet affolement consécutif à la décision prise par le Conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie de relever son taux directeur de 100 points de base à 6,75%. On ne s'est pas affolé l'année dernière lorsque l'institut d'émission a ajusté par deux fois à la hausse son taux directeur en avril et mai 2017 de 75 points de base au total. Cela n'avait suscité aucun débat, ni critique. A l'époque, la BCT avait expliqué que cette décision était dictée par l'ampleur des tensions inflationnistes qui se profilaient, invoquant de ce point de vue sa mission essentielle de juguler tout dérapage inflationniste d'origine monétaire et, par conséquent, sa contribution à l'objectif de stabilité des prix. La décision de relever coup sur coup en trois mois d'intervalle son taux directeur de 175 points de base ne relève pas seulement de la lutte contre l'inflation mais aussi de la stabilité financière du pays.

En clair, la BCT veut mettre un frein à la fuite en avant financière. Les besoins de liquidités des banques ont pris, depuis le début de l'année, des allures cauchemardesques, battant record sur record. Le volume global de refinancement du refinancement affiche plus de 14,4 milliards de dinars. Car en dépit du plafonnement de ses appels d'offres à 7 milliards de dinars, la BCT ne pouvait laisser en plan les demandes des banques.
Ainsi, les Facilités permanentes de prêt à 24 heures ont carrément explosé atteignant les 2,8 milliards de dinars alors qu'elles étaient pratiquement inexistantes une année auparavant. Il en est de même des opérations de Swaps de change dont le volume dépasse les 2,8 milliards de dinars contre seulement 482 MD en 2017. La BCT a même inauguré un nouvel instrument de refinancement dit « Opération de refinancement à plus long terme » que les banques de la place ont sollicitée pour un montant de 440 MD.
La BCT a consenti tout cela et plus encore si l'on tient compte de l'augmentation des billets et monnaies en circulation qui caracolent à plus de 12 milliards de dinars, sans que cela n'ait suffisamment boosté la croissance, ni l'investissement et donc l'emploi, mais en revanche cela a contribué à amplifier les tensions inflationnistes.

La décision de la BCT traduit un changement d'orientation de sa politique monétaire en signifiant que la politique « accommodante » qu'elle a adoptée, ces dernières années, ne peut et ne doit être nullement assimilée à de la « complaisance ». Pour cela, elle n'hésite pas à revenir aux fondamentaux de la politique monétaire aux premiers desquels se situe le rétablissement des taux d'intérêts réels positifs afin d'améliorer l'allocation des ressources et de stimuler l'épargne intérieure, seule à même de financer l'investissement sans péril inflationniste. En tout cas, le relèvement du taux directeur de la BCT n'est assurément pas sans conséquence. On ne fait pas d'omelette sans casser les œufs.
Cet ajustement à la hausse va certainement donner du baume au cœur aux épargnants qui ont vu tout au long de ces dernières années leurs placements perdre progressivement de leur valeur, les taux créditeurs étant inférieurs au taux d'inflation. Faut-il rappeler que le taux de rémunération de l'épargne (TRE) est fixé à 5%. Qu'il était de seulement de 4,5%, il y a un an alors que l'inflation flirtait à 6,5% ? N'est pas la moindre des choses que de récompenser ou plutôt compenser leurs efforts de constituer un à-côté, parfois sinon souvent, au prix de certaines privations afin de se prémunir demain ou de garantir un meilleur avenir à leur progéniture.
De ce point de vue, la décision de la BCT tient du bon sens et de la rationalité économique. En revanche, elle va faire grincer les dents de bien d'autres agents économiques férus de crédits faciles et surtout pas chers compte tenu de l'inflation. Il s'agit d'abord de l'Etat qui devra mettre un frein à ses émissions à tout va de Bons du Trésor pour combler son déficit budgétaire. Il ne serait pas étonnant que la BCT révise, par ailleurs, sa politique d'Open market sur le marché monétaire en réduisant ses acquisitions de créances d'Etat, invitant de la sorte le gouvernement à prendre ses responsabilités en matière de gestion budgétaire.


Les ménages ne seront pas en reste. La hausse du taux directeur va renchérir le coût du crédit à la consommation. Sur ce fait, les ménages vont être invités à arbitrer entre différer une acquisition pour l'acheter en cash ou opter pour un achat immédiat mais dont le coût d'acquisition sera plus cher et qui les mettrait en situation non pas d'endettement mais de surendettement.

Pour les entreprises, le relèvement du taux devrait logiquement alourdir le coût de financement de leur activité qu'elle soit d'importation qui se conjuguera à l'effet taux de change ou de production qui rognera leur marge bénéficiaire si elles veulent rester compétitives. A cet égard, une étude sur la transmission de la politique monétaire publiée à la fin de 2014 indique qu' « un relèvement du taux directeur de la BCT induit une hausse des taux pratiqués par le système bancaire. Pour ce qui concerne le taux à court terme, l'effet maximum se concrétise environ 10 mois après l'impulsion initiale. Il en découle une baisse des prêts que l'on peut expliquer par une baisse de la demande mais aussi, du côté de l'offre, par la hausse des coûts de refinancement ».

L'étude montre également qu'à la suite d'un choc sur le marché monétaire, « une baisse du niveau des prix est observée. Elle résulterait soit de la baisse de la demande soit du jeu des anticipations de prix. Quoique statistiquement significative, la baisse reste d'une ampleur limitée mais se concrétise assez rapidement (effet maximal 12 à 15 mois après la hausse) ». Mais, plus significatif, l'étude précise que « dans le même temps, la production manufacturière ne marque pratiquement aucune réaction, ce qui tend à démontrer que le secteur manufacturier est peu sensible aux mouvements de taux. (…). Le secteur manufacturier ne réagit pas à une contraction monétaire ». Cela laisse dubitatif. En tout cas, une telle indication vient contredire les avertissements émis par les deux centrales patronales quant aux répercussions du relèvement du taux directeur de la BCT sur la production et sur l'investissement.


Et ce n'est pas tout, l'impact de la hausse du taux directeur aurait des conséquences sur l'activité des banques. Cet ajustement du taux directeur devrait logiquement réduire le volume des crédits distribués, en raison d'un recul attendu de la demande de crédit. A l'inverse, cette augmentation devrait accroître leurs marges d'intérêt. C'est cette dernière composante qui serait d'ailleurs à la base de la décision prise par l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (ATBEF) de ne pas répercuter la décision de l'autorité monétaire sur les crédits immobiliers. On serait tenté de leur demander un effort supplémentaire et d'inclure d'autres secteurs d'activité économique compte tenu des profits qu'ils dégagent annuellement et du principe de responsabilité sociétale des entreprises.


Le mot de la fin reste pour l'UGTT qui s'est fendu d'un communiqué estimant qu'en relevant son taux directeur, la Banque centrale a opté pour une solution de facilité. Après tout ce qui précède, la décision prise est loin d'être facile.


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