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Mohsen Marzouk et Ridha Belhaj ou l'art de tromper le président
Publié dans Business News le 04 - 07 - 2018

Après avoir été éjectés du palais de Carthage, puis de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk et Ridha Belhaj ont été reçus lundi 2 juillet par le président de la République à qui ils ont dit tout ce qu'ils pensent du gouvernement et de Youssef Chahed. Ils sont sortis grisés et sûrs de leur prochaine victoire sur la seule personne capable de leur barrer la route. La vérité risque d'être différente de leurs fantasmes.

Les adeptes disent que Béji Caïd Essebsi demeure encore le fin tacticien et marionnettiste qu'on a toujours connu. Les critiques disent que le président de la République ressemble à Habib Bourguiba de 1986-1987, celui qui ne commande plus rien et se laisse aller au gré du jour en fonction des desiderata de sa famille. Les deux tiennent pour preuve les activités récentes de Béji Caïd Essebsi qui envoient des signaux opposés disant tout et son contraire. La vérité ? Nul ne la connait ou très peu de gens. Et le très peu de gens qui connaissent le fin fond de la pensée de Béji Caïd Essebsi ne figurent ni parmi les membres de sa petite famille (épouse et enfants) et encore moins parmi son team de conseillers à la présidence.
On a peut-être tendance à l'oublier, mais un des sports favoris de Béji Caïd Essebsi est d'envoyer des signaux opposés et de semer le trouble. Il adore se cacher derrière un voile de fumée pour provoquer les uns et les autres, observer leurs réactions, analyser leurs répliques et dévoiler leurs stratégies. Ce n'est qu'après, bien après, qu'il prend des décisions.

L'audience de 20 minutes chacun qu'il a accordée lundi dernier à Ridha Belhaj et Mohsen Marzouk n'est, pour Béji Caïd Essebsi, qu'un exercice ordinaire de son sport favori et on peut dire qu'il a été bien cynique avec son ancien chef de cabinet et son ancien conseiller et chef de campagne.
La rencontre était décidée depuis plusieurs jours et elle était impatiemment attendue par les deux anciens subordonnés. Ils y voient comme la fin de leur disgrâce, notamment pour Ridha Belhaj. Ce dernier ne tenait d'ailleurs plus en place et, tout au long du week-end dernier, il répétait à tout son entourage qu'il allait voir le président à qui il va dire tout le mal qu'il pense du gouvernement, de la coalition et de Youssef Chahed. Il y avait tellement de détails ce week-end, que certains ont cru que la rencontre a eu lieu vendredi et non qu'elle allait avoir lieu lundi.
La rencontre a donc eu lieu lundi et Ridha Belhaj a dit tout ce qu'il avait à dire. Il lui a même donné une leçon en l'invitant à jouer son rôle dans le sauvetage du pays en tant que garant de l'unité de l'Etat. Son parti « Tounes Awalan » est prêt à tendre la main à Nidaa pour organiser une coalition et faire front commun devant Ennahdha, dès lors que Youssef Chahed est éjecté.
Même topo du côté de Mohsen Marzouk qui propose les bons et loyaux services de son parti « El Machrouû », à condition que « le petit » Youssef Chahed quitte la Kasbah.

Pour justifier leur opposition au chef du gouvernement, ni Ridha Belhaj ni Mohsen Marzouk ne disent, bien entendu, que Youssef Chahed est un obstacle devant leurs ambitions personnelles. Sa popularité dérange et bousille tous leurs calculs. Ils présentent, tous les deux, leur démarche comme étant patriotique car, dit Belhaj : « L'intérêt du pays exige la reconstruction de la scène politique qui restaure l'équilibre, vu les dépassements d'Ennahdha en contrôlant Youssef Chahed et en détournant le consensus. Le chef du gouvernement n'a pas l'intention de démissionner ni de s'adresser au Parlement pour un vote de confiance. Il a, en outre, opté pour la fuite en avant et a choisi d'attaquer son parti et de le déstabiliser ».
Et les deux s'en remettent au président de la République, seul garant de l'unité de l'Etat et seul capable de le sauver.
Connaissant parfaitement le président de la République, pour l'avoir un peu trop côtoyé entre 2011 et 2016, ils pensent avoir réussi à dire les mots qu'il faut pour le sensibiliser : le danger d'Ennahdha qui mise sur Youssef Chahed, donc Youssef Chahed a retourné sa veste au profit des islamistes. Le pays vit une grave crise économique à cause de Youssef Chahed. L'UGTT veut la peau de Youssef Chahed et elle risque de provoquer des grèves, des manifestations, voire une révolution. Nidaa est parti en vrille depuis l'intervention télévisée de Youssef Chahed. A les entendre, c'est l'apocalypse, seul Béji Caïd Essebsi est capable de nous sauver et ils sont tous les deux prêts à tendre la main dès lors que le « diable de la Kasbah » quitte la scène.

Reste à savoir comment. La solution est toute prête : actionner l'article 99 de la Constitution stipulant que « le Président de la République peut demander à l'Assemblée des représentants du peuple de procéder à un vote de confiance au gouvernement, au maximum 2 fois pendant le mandat présidentiel. Le vote se fait à la majorité absolue des membres de l'Assemblée des représentants du peuple. Si cette dernière ne renouvèle pas sa confiance au gouvernement, il est considéré démissionnaire, et le Président de la République se charge de désigner la personnalité la plus apte à former un gouvernement dans un délai de 30 jours ».
Une idée née il y a quelques semaines déjà dans la tête de l'entourage de Hafedh Caïd Essebsi et soufflée alors par le fils à son père. Voilà donc que Ridha Belhaj et Mohsen Marzouk soufflent la même idée au président. Entendez par là : « votre fils n'est pas aussi bête que ne le disent les médias de la honte, payés par Youssef Chahed ». En jouant pleinement l'affectif, les anciens fidèles pensent avoir tapé en plein dans le mille dans le cœur de BCE. Concrètement, ils lui assurent que le vote de confiance à l'assemblée sera contre Youssef Chahed et ils démontrent comment arithmétiquement ceci est possible. CQFD.

A moins qu'ils ne le considèrent comme sénile ou naïf, Ridha Belhaj et Mohsen Marzouk tablent beaucoup sur la mémoire courte de Béji Caïd Essebsi. Ils oublient tout juste que ce sont eux qui ont été les premiers à casser Nidaa Tounes, le parti fondé par le président. Ce sont bien eux qui ont écarté toutes les compétences de Nidaa, pour créer le vide autour de Hafedh Caïd Essebsi et ce sont bien eux qui ont été les tous premiers à créer des partis qui ont puisé dans le vivier de Nidaa pour le vider de ses bases. Depuis deux ans, Mohsen Marzouk n'a fait que plagier les méthodes bourguibistes de Béji Caïd Essebsi pour chasser sur son terrain, allant jusqu'à la caricature la plus stupide comme lors de sa visite au château de la Ferté d'Amily en France.
Quant à Ridha Belhaj, on ne compte plus les attaques virulentes contre Béji Caïd Essebsi tout au long de ces deux dernières années. Il a franchi toutes les lignes rouges de la bienséance et s'est montré des plus ingrats à l'égard de celui qui l'a nommé dans son premier cercle, malgré ses erreurs-trahisons passées. Chose que Mohsen Marzouk s'est toujours interdit de faire. Il a toujours attaqué Nidaa et Hafedh, mais jamais le président.
Béji Caïd Essebsi n'a pas la mémoire courte et il doit rigoler à pleines dents après l'entrevue accordée au duo. Un signal qui ne trompe pas, il ne leur a pas accordé la photo traditionnelle tant espérée, les montrant à ses côtés. Mieux que cela, il n'y a même pas eu de communiqué de presse de la présidence après l'entrevue, laissant les deux « dirigeants de partis » dire ce qu'ils veulent dans les médias et puiser dans les photos d'archives pour remplir leurs posts Facebook.
Ridha Belhaj et Mohsen Marzouk se voient comme dirigeants de grands partis dignes d'être des partenaires du parti présidentiel et de former une coalition gouvernementale. Ils ne voient juste pas que Béji Caïd Essebsi n'a pas oublié leurs traitrises passées et connait clairement leur poids totalement insignifiant dans les dernières élections municipales et dans les sondages. Surtout, ils oublient qu'il est inimaginable, pour Béji Caïd Essebsi de devenir associé avec ses propres subordonnés qu'il a, un jour, publiquement méprisé.
En parlant de l'article 99, en évoquant la menace UGTT, en parlant de l'absence de soutien à Youssef Chahed et en disant de lui tout le mal qu'ils pensent, Ridha Belhadj et Mohsen Marzouk oublient un détail des plus importants : Béji Caïd Essebsi ne va pas se désavouer et humilier un chef de gouvernement qu'il a lui-même nommé, qui l'a toujours consulté pour prendre des décisions et qui ne l'a jamais trahi. Pour Béji Caïd Essebsi, ce serait un désaveu pour lui-même, ce serait une grosse bêtise !


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