La polémique enfle en Algérie où des informations relayées par certains médias, insinuant que les touristes algériens subissaient une discrimination en Tunisie, se sont rapidement propagées. Cette campagne virulente contre la Tunisie a été davantage attisée sur les réseaux sociaux, souvent source d'informations erronées, ce qui a empiré la situation. Ces allégations ont été démenties par la Tunisie qui réitère l'importance qu'elle accorde aux touristes algériens. La nouvelle s'est répandue comme une trainée de poudre : les touristes algériens séjournant en Tunisie seraient maltraités, ils seraient défavorisés, bénéficieraient de moins de privilèges par rapport aux touristes européens et ils seraient même des fois virés des hôtels. S'ajoutent à cela, les rumeurs d'une hausse de 30% des tarifs de réservation appliqués aux touristes algériens. Une information qui a été par la suite niée par le président du syndicat algérien des agences de voyage. Ce sont ces mêmes médias qui ont aussitôt annoncé que les Algériens ont préféré changer de destination pour l'été et que la Tunisie, comme elle a repris sa clientèle traditionnelle provenant de l'Europe, a appliqué des restreintes sur le quota des Algériens. La Tunisie perdra ainsi son premier marché au profit notamment de l'Egypte, de la Turquie ou du Maroc. Des pays qui, d'après ces médias, sont moins restrictifs, assurent plus de libertés aux touristes, notamment vestimentaire (en référence à l'interdiction du port du burkini), et leur offrent des tarifs raisonnables et concurrentiels pour le visa, le billet d'avion, l'hébergement, le transfert naval et les visites avec un bon service. Tout cela outre la facilité d'accès à ces pays avec l'ouverture de deux lignes aériennes directes vers Sharm El Sheikh en Egypte et Antalya en Turquie. Ces médias ont, par ailleurs, procédé à la diffamation de certains hôtels et agences de voyage tunisiens en mettant en doute leur professionnalisme. Ils ont même accusée la Tunisie d'ingratitude envers les touristes algériens sur lesquels elle a parié pour sauver la saison touristique en crise depuis l'attentat terroriste de Sousse en juin 2015. Une vidéo a, également, circulé sur les réseaux sociaux montrant des familles algériennes interdites d'accès à un hôtel à Sousse.
La réponse du ministère du Tourisme et de l'Artisanat n'a pas tardé à venir où le département a publié une explication des circonstances exactes de l'incident. Il s'est avéré, par la suite, que ces clients algériens n'ont pas été logés en raison de l'absence de réservation préalable. A ce propos, le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Khaled Fakhfakh a indiqué qu'il s'agit d'un seul cas isolé d'une famille algérienne qui a débarqué dans un hôtel sans avoir réservé au préalable. M. Fakhfakh a, par ailleurs, déclaré que « les Algériens ont des droits en Tunisie et qu'ils sont sur un même pied d'égalité que les Tunisiens. La Tunisie, de ce fait, doit leur témoigner tout le respect mérité. Le pays ne fait aucune différence entre telle ou telle nationalité ». La FTH a également, dans un communiqué paru le 10 juillet 2018, dénoncé les rumeurs nuisant à la réputation des hôtels et agences de voyages tunisiens. La Fédération a infirmé ces accusations infondées relevant qu'il s'agit d'une campagne mensongère. « Les Algériens seront toujours les bienvenus dans les hôtels tunisiens. Nos hôtels accueillent de la même manière tous les visiteurs sans discrimination aucune, dans la limite des disponibilités. Les prix sont fixés suivant des conditions contractuelles négociées à l'avance entre les agences et les hôtels, comme chaque année. Depuis le début du printemps, la FTH a démultiplié les campagnes de sensibilisation pour inciter les vacanciers tunisiens et algériens à réserver à l'avance, afin de sécuriser la disponibilité des séjours hôteliers. La FTH réitère son attachement à conserver les excellents liens unissant les acteurs du secteur touristique des deux côtés de la frontière et rejette toute polémique stérile visant à régler des comptes partisans », indique le communiqué. La FTH a, dans ce sens, souligné que le ministère du Tourisme et de l'Artisanat ainsi que tous les professionnels du secteur accordent une grande importance aux touristes algériens dont l'affluence s'étend tout au long de l'année et non uniquement durant la saison estivale.
De plus, d'après les chiffres officiels du département, plus de 905 mille touristes algériens sont venus en Tunisie jusqu'au 30 juin 2018, ce qui représente une augmentation de 18% contre la même période de l'année 2017. Le ministère avait prévu l'avènement de 3 millions de touristes algériens cette saison contre 1.8 millions l'année précédente vu les prémices d'une bonne saison estivale qui ont été détectées. 6.5 millions de nuitées ont également été réservées cet été en dépit du choix des deux tiers de ces touristes. Ces derniers optent pour des logements privés au détriment des hôtels ou préfèrent s'héberger chez des amis selon les données de la FTH.
Du côté algérien, la députée chargée des algériens résidents en Afrique et Moyen-Orient, Amira Slim, avait souligné, dans un post publié sur sa page Facebook, qu'elle n'avait reçu aucune plainte de touristes algériens. Elle a martelé en disant que cela était totalement faux, affirmant que « les autorités et les responsables du tourisme en Tunisie traitent convenablement les Algériens, à l'instar de tous les autres touristes venant du monde entier ». Une position qui a été confirmée et partagée par plusieurs Algériens exprimant leur fidélité à leur destination habituelle et leur appui au peuple frère.
L'Algérie a toujours été le meilleur allié de la Tunisie en temps de crise, apportant un soutien moral et matériel aux Tunisiens. Les deux pays frères ont toujours entretenu un lien particulier indissoluble et l'histoire en est témoin. Après la rumeur de l'imposition d'une nouvelle taxe de 200 dinars sur les transporteurs algériens aux passages frontaliers entre les deux pays, rapidement démentie par la direction générale de la Douane tunisienne, c'est au tour de tourisme de subir ces tentatives de faux-barrages médiatiques. Qui a intérêt à travestir la réalité ? Qui bénéficierait des retombées de telles rumeurs.