L'avocate Imen Gzara, membre du comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a annoncé, lors d'une conférence de presse tenue ce samedi 27 octobre 2018, que le comité détient des documents prouvant l'arrivée de certains membres des Frères musulmans en Tunisie afin de participer à des sessions de formation en espionnage. Ils ont, également, demandé de rencontrer le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi et ce en coordination avec Mustapha Khedher. En outre, M. Gzara a affirmé l'existence de correspondances entre Mustapha Khedher et ces éléments situés en Egypte. Des correspondances sous forme de rapports détaillés sur certaines personnalités nationales politiques notamment parmi les rangs des sécuritaires et des militaires. Ces rapports sont, par ailleurs, documentés et ont été soumis dans la plainte déposée par le comité de défense impliquant Ennahdha dans ces deux assassinats politiques.
Selon Mme Gzara, Ennahdha était au courant que Chokri Belaïd était en contact avec le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi. Le parti islamiste avait, par ailleurs, espionné les appels échangés entre eux comme mentionné dans les documents saisis chez Mustapha Khedher. Mme Gzara s'est, de surcroît, étonnée qu'Ennahdha ait nié tout lien avec Mustapha Khedher, membre de l'appareil sécuritaire secret du mouvement islamiste. Et d'ajouter que M. Khedher avait assuré la sécurisation du congrès du parti en 2012 et avait présenté un rapport dans ce sens. Le leader d'Ennahdha, Ali Laârayedh a, en effet, appelé, ce samedi 27 octobre 2018, les membres du comité de défense à arrêter « leurs mensonges et leurs tromperies » ajoutant que cela était « un crime contre la patrie ».
Le comité de défense a appelé aujourd'hui le président de la République, le chef du gouvernement ainsi que le doyen des juges d'instruction au pôle judiciaire antiterroriste à intervenir pour empêcher la destruction des documents qui se trouvent dans la chambre noire. Les documents en question étaient saisis en possession de Mustapha Khedher en lien avec l'organisation secrète d'Ennahdha. Vendredi, ce comité avait émis un communiqué accusant des dirigeants d'Ennahdha d'exercer des pressions afin d'ouvrir la chambre noire et détruire son contenu.