Tunisie – METEO : Des températures nocturnes qui pointent à 23°C    Ligue 1 pro (play-offs et play-out) : résultats des matches du samedi et classements    L'AMT dénonce des pratiques visant à restreindre ses activités    Hyundai Tunisie organise sa convention réseau 2024 sous le slogan « S'agrandir pour couvrir, s'unir pour mieux servir »    La Marsa : les unités sécuritaires évacuent les migrants qui squattent le complexe de la jeunesse    Sousse: Arrestation d'une femme faisant l'objet de 95 avis de recherche    Approvisionnement en eau potable: Plus de 130 alertes pendant le mois d'avril    Encore en Allemagne ! Répression policière d'un sit-in étudiant pro-Gaza à Berlin    Le chef de l'ONU "choqué par le nombre de journalistes tués" à G-a-z-a    Une Tunisienne parmi les lauréats du Prix Khalifa pour l'éducation    Brief régional de la semaine du 26 avril au 03 mai 2024: Près de 500 migrants subsahariens évacués d'un immeuble à Sfax    FAJ: Les journalistes africains exigent de meilleures conditions et sécurité pour lutter contre la crise climatique    Pluies torrentielles dans le sud du Brésil: Au moins 37 morts    Korba: Les producteurs de pommes de terre lancent un cri d'alarme [Vidéo]    Journée nationale de la diplomatie : Défendre plus que jamais les intérêts nationaux    Forum économique Tuniso-Turc : Pour un partenariat gagnant-gagnant entre les entreprises tunisiennes et turques    Zarzis Smart Center-Université : De nouveaux liens s'établissent    AVIS D'APPEL D'OFFRES N° 05/2024    Fatma Thabet Chiboub : le déficit énergétique est devenu un fardeau pour l'Etat    Quinzième session du Sommet islamique à Banjul, en Gambie : Nabil Ammar préside la délégation tunisienne    Un juge menace les membres du conseil de discipline du collège de Bouficha    Médicaments : La pénurie, un enjeu de santé publique    Accidents de la route : Les dangers de la distraction au volant !    Arrêt sur image | Poteau de feux de signalisation tombant !    Jalel Ben Tkaya et Zied Tlemcani font appel contre la décision de rejet de leurs listes : Un baroud d'honneur, pas plus    Le Pentagone commente l'entrée des forces russes dans une base américaine au Niger    CONDOLEANCES : Feu Brahim HAMDI    Roshn Saudi League : Al Hilal tout proche du titre (vidéo)    Anouar Ayed n'est plus l'entraîneur de l'ESS    Le taekwondoïste tunisien Khalil Jendoubi sacré meilleur sportif arabe pour la saison 2023-2024    La CAF dévoile les dates de la finale entre l'EST et Al Ahly    Prix FABA de littérature 2024 : ouverture de l'appel à candidature    Tunisie: Ce dimanche, accès gratuit aux musées    Section VR de GCFen : Un RDV fixe qui explore des histoires de drames et d'espoir en 2024    «La Quête de l'Espoir Sublime» de Héla Jenayah Tekali comme récit de voyage    Exécution du budget de l'Etat : le point sur les résultats provisoires à fin décembre 2023    Jaouhar Ben Mbarek empêché d'assister à son audience devant la cour d'appel    La Tunisie veut protéger et sauver son patrimoine architectural avec une loi    Le CA reçoit le CSS ce dimanche : Le cœur à l'ouvrage...    Le CSS accroche l'EST dans son arène : Un premier pas important    Rencontre avec la Palestinienne Adania Shibli, invitée de la 38e édition de la FILT : «La littérature, pour moi, est le seul lieu qui accepte le silence»    «Les contours de l'Infini», exposition individuelle de Jamel Sghaier au Club Culturel Tahar Haddad, du 3 au 22 Mai 2024 : Quête d'Absolu dans la peinture de Jamel Sghaier    En bref    USA : un campement d'étudiants dénonçant l'agression sioniste contre la Palestine démantelé    Les écoles et les entreprises ferment de nouveau aux Emirats    Giorgia Meloni reçoit le roi Abdallah II de Jordanie au palais Chigi à Rome    Palestine: Pour un simple statut d'observateur aux Nations Unies!    Adhésion de la Palestine à l'ONU: La Tunisie regrette l'échec du projet de résolution porté par l'Algérie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le piège Yassine Ayari
Publié dans Business News le 05 - 11 - 2018

Le remaniement tant attendu tarde à venir. Aux dernières nouvelles, il sera effectué ce mercredi 7 novembre. Drôle de date. Sera-t-elle annonciatrice d'une nouvelle ère ? Est-ce prémédité de la part du chef du gouvernement ? Les enchères pourront continuer pour 24 heures au moins et, à l'heure qu'il est, on ne sait pas qui va intégrer le gouvernement. Les noms des entrants qui circulent dans les coulisses (Watfa Belaïd, Kamel Morjane, René Trabelsi, etc) sont assez rassurants. Ceux qui sortent pareil. A défaut d'informations officielles, point d'analyse. Quant à la guerre entre les Caïd Essebsi et Youssef Chahed, il semble qu'il y ait une sorte d'accalmie entre deux batailles, en ce moment.

Le député et blogueur controversé Yassine Ayari a été condamné récemment à une peine de prison ferme, par contumace, dans une affaire d'opinion par la cour d'appel militaire.
Légalement, il est couvert par son immunité et le procès n'aurait pas dû avoir lieu sans que l'intéressé ne soit informé et que le parlement ne valide sa traduction. Techniquement, il n'y a aucune raison justifiant la contumace, puisque l'adresse du prévenu est connue. Déontologiquement, l'affaire n'aurait même pas dû être ouverte devant un tribunal militaire, puisqu'il s'agit d'un délit d'opinion qui, dans un pays prônant la démocratie, relève des tribunaux civils.
Pour toutes ces raisons, cette affaire dérange et on s'en passerait volontiers. La Tunisie devrait d'ailleurs se passer de toutes les affaires liées à la liberté d'expression. Seul un tribunal (aux magistrats spécialisés) devrait se pencher sur les plaintes des personnes diffamées et injuriées et les peines ne devraient jamais être privatives de libertés, sauf en ce qui concerne l'incitation à certains crimes. Le décret-loi 115 relatif à la presse prévoit d'ailleurs ces peines de prison (qui vont de un à cinq ans), mais on ne lit pas dans ce décret-loi une peine de trois mois de prison, telle celle subie par Yassine Ayari.

Que reproche exactement le tribunal militaire à Yassine Ayari ?
Les déboires judiciaires du député, à l'époque blogueur, ont commencé en 2014 quand son mentor Moncef Marzouki était encore président de la République. Il a été condamné à de la prison ferme et sa peine n'a été exécutée qu'en partie, à la faveur d'une grâce de Béji Caïd Essebsi qui a pris le pouvoir entre temps. Son tort, avoir rédigé des posts Facebook portant atteinte à de hauts gradés de l'armée, cités nommément.
Ce qui est bon à rappeler, c'est que Yassine Ayari figurait parmi les pires personnages du web. Ses posts étaient ignobles, tant il humiliait ses adversaires politiques. Diffamation, injures, grossièretés, violations de secrets professionnels et personnels. L'honneur des gens (hommes et femmes) n'était pas une ligne rouge pour lui et, à maintes reprises, il n'a pas hésité à parler des intimités d'hommes et femmes politiques et de médias. J'en sais personnellement quelque chose.
N'empêche, ce qu'il a commis comme centaines d'actes répréhensibles ne va pas jusqu'à ce qu'on le condamne à une peine privative de liberté. Qu'un citoyen dépasse les bornes, cela est acceptable. Mais quand c'est l'Etat qui dépasse les bornes, par le biais de son tribunal militaire, ceci doit être fermement dénoncé.
Il se trouve que les magistrats militaires sont tombés dans un piège en se mettant au même niveau qu'un blogueur. Un blogueur vil de surcroît. Ils sont tombés dans son piège doublement. En acceptant l'affaire d'abord au lieu de la renvoyer devant un tribunal civil et en le condamnant à de la prison ferme ensuite, là où de fortes amendes auraient suffi, comme cela se passe dans tous les pays démocratiques.

Le résultat ne s'est pas fait attendre, car Yassine Ayari (tout comme ses pairs d'Irada et quelques islamistes) a le don de savoir pleurnicher et jouer aux victimes quand l'étau se resserre autour de lui.
Il a exploité tous les bâtons tendus par les magistrats militaires en déclarant qu'il va purger sa peine et abandonner son immunité parlementaire, par souci de défense de la liberté d'expression. Pour lui, il est impératif de faire casser ce système. « LE SYSTÈME ». Il crie sur tous les toits qu'il est un adversaire et une victime du système, alors qu'il en a toujours fait partie et profité de ses dividendes.
Contrairement aux véritables exclus du système, Yassine Ayari est un fils de militaire, feu le martyr Tahar Ayari, paix à son âme, qui n'a jamais vécu dans la pauvreté et la précarité.
Contrairement aux véritables exclus du système, Yassine Ayari a travaillé (avant la révolution) avec le ministère de l'Intérieur à qui il a développé des solutions d'ingénierie informatique.
Contrairement aux véritables exclus du système, Yassine Ayari a figuré parmi les personnes les plus proches de Moncef Marzouki, quand il était président de la République.
Et contrairement aux véritables exclus du système, Yassine Ayari a profité de ce même système pour se faire élire Député de la Nation.
Combattre un système dont on a toujours fait partie et dont on a toujours profité est le summum de l'hypocrisie qu'on observe chez énormément de « révolutionnaires ».

Yassine Ayari n'est pas le premier condamné par un Tribunal militaire pour une affaire liée à la liberté d'expression. Avant lui, il y avait Ayoub Massoûdi, ancien conseiller à la Communication du président Moncef Marzouki condamné en 2012 à de la prison ferme pour des faits similaires par le même tribunal. S'il est vrai que Yassine Ayari a défendu M. Massoûdi, à partir de l'unique leitmotiv de la liberté d'expression, il n'a jamais dénoncé le fait qu'un civil soit traduit devant une juridiction militaire et encore moins l'implication de Moncef Marzouki dans cette affaire.
Qu'a fait depuis 2012 Yassine Ayari en faveur de la liberté d'expression ? Rien ! C'est même tout le contraire. Il a été pendant très longtemps celui qui injurie et salit l'honneur de ses adversaires, juste parce qu'ils ont une opinion et un positionnement politique différents des siens. Il se réjouissait carrément quand il voyait un journaliste « adverse » subir des déboires judiciaires !
Pour rendre à César ce qui lui appartient, Yassine Ayari s'est beaucoup assagi dans son comportement et ses publications depuis qu'il est député. Il est devenu posé et raisonnable, respectueux et poli. Sauf qu'il n'a pas abandonné sa nature pleurnicharde qui s'est même accentuée depuis qu'il est devenu collègue de Imed Daïmi.

Jusqu'à nouvel ordre, et d'après ce que l'on sait, un député n'a pas à pleurer et dénoncer une cabale judiciaire dans les médias. Ceci est du ressort du commun des mortels, pas de ceux qui font et défont les lois. Ayoub Massoûdi a été condamné (et éjecté de la scène politique) en 2012. Yassine Ayari lui-même a été condamné en 2014. Mais depuis 2017, Yassine Ayari est député et aurait pu déposer un projet de loi qui interdit aux magistrats militaires de juger des civils. L'a-t-il fait ? Non ! Le tribunal militaire s'est bien basé sur des textes de loi pour prononcer ces condamnations, pourquoi ces textes de loi sont restés en application, alors que le député aurait pu agir pour essayer de les annuler ? La procédure est longue, certes, mais elle n'a même pas encore été entamée ! Yassine Ayari a beau se la jouer défenseur de la liberté d'expression et de la presse, les faits ne plaident pas en sa faveur. Il n'a défendu que sa liberté d'expression et celle de ses amis terroristes et salafistes, mais jamais celle de ses adversaires. La citation attribuée à Voltaire « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire », il ne la connait pas !

Yassine Ayari, et en dépit de sa courtoisie et civilité toute récentes, est en train d'exploiter à merveille l'erreur des magistrats militaires pour marquer des points politiques. Au lendemain du scandale Khashoggi et à moins d'un an des élections, ce positionnement de victime de la liberté d'expression est tout « bénéf » pour lui. En étant condamné et en croupissant pour une douzaine de semaines en prison, il sait qu'il a tout à gagner, rien à perdre. Ses copains d'Irada feront tout pour médiatiser l'affaire au maximum. Les ONGs de Soros se mobiliseront pour lui.
Yassine Ayari qu'on peut aimer ou détester ne fait que jouer un rôle politique pour ses propres intérêts d'abord et ceux de sa famille politique ensuite. Il sait se taire quand il y voit son intérêt (rappelez-vous le scandale de Sihem Ben Sedrine qu'il a fait éclater et qu'il n'a plus évoqué depuis son élection) et sait pleurnicher et crier au scandale quand il y voit son intérêt.
La liberté d'expression est quelque chose de trop précieux, voire de sacré, pour qu'elle soit défendue par quelqu'un qui s'en rappelle par intermittence.
Evoquer Yassine Ayari dans une affaire de liberté d'expression est dangereux pour elle, car Yassine Ayari s'est créé tellement d'ennemis et a tellement sali l'honneur de personnes, qu'il serait très difficile pour tous ces gens-là de le défendre au nom de la liberté d'expression. Le risque est que cette dernière soit galvaudée, juste parce que c'est Yassine Ayari qui en est victime. Le risque est que le pouvoir actuel (et les militaires en premier lieu) soit redevable d'abus sur cette liberté d'expression, à cause d'idioties commises par quelques uns qui n'ont pas conscience de ce qu'est la liberté d'expression et son impact sur la démocratie.
Yassine Ayari ne croit pas à la liberté d'expression pour qu'il la défende et il l'a prouvé par son comportement passé en s'attaquant bassement à ses adversaires et il le prouve présentement en ne faisant rien à l'Assemblée pour la protéger.
Si Yassine Ayari est sincère, qu'il défende la liberté d'expression à l'assemblée, là où on le paie et qu'il laisse le terrain des médias et des réseaux sociaux pour les pauvres gens et mortels comme nous.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.