La Chambre Tuniso-française de commerce et d'industrie (CTFCI) a publié un baromètre de la conjoncture économique, sur la période allant du 24 octobre au 9 novembre 2018. Un baromètre qui a sondé la communauté des adhérents de la CTFCI, à savoir, les entreprises tunisiennes et françaises, quant à l'environnement des affaires en Tunisie ainsi que sur leurs performances pour les années 2018/2019. 136 dirigeants adhérents de la CTFCI, ont été interrogés sur diverses thématiques, pour mieux cerner les facteurs de compétitivité et de faiblesse, de faire une évaluation des performances des entreprises, de la portée de la nouvelle loi sur l'investissement, d'avoir une appréciation sur les opportunités et les défis de l'adhésion de la Tunisie à l'Aleca ainsi que d'examiner l'impact de l'instabilité politiques sur le climat des affaires et les prestations des services administratifs. Les résultats ont révélé l'optimisme des chefs d'entreprises sondés malgré les aléas d'une conjoncture économique hésitante et un climat politique incertain. En effet, les entreprises ont déclaré avoir réussi à créer de la richesse et des emplois, à investir et à dégager des bénéfices. Par ailleurs, 52% des dirigeants s'attendent à une amélioration des perspectives économiques en 2018 contre 38% qui estiment qu'elles seraient moins bonnes qu'en 2017. D'un autre côté, 58.5% des entreprises s'attendent à une amélioration de leur chiffre d'affaires en 2018, et 62.1% estime qu'il serait meilleur en 2019. Ce qui dénote d'une légère progression par rapport à 2017, où cette proportion été uniquement 50.9%. Au regard du baromètre, 45% des entreprises prévoient de nouveaux investissements, 39% s'attendent à une stagnation de leurs investissements et 15.5% prévoient une baisse, en 2018. Par contre les prévisions sont plus positives pour 2019 où, 53% des chefs d'entreprises prévoient une hausse de leurs investissements. En matière de création d'emploi, 39.3% des chefs d'entreprises prévoient une augmentation, 48.6% prévoient une stabilisation et 12.5% prédisent une baisse de leurs effectifs. En ce qui concerne l'instabilité politique, 68.6% des dirigeants jugent que son impact se fait ressentir sur le climat des affaires alors que 30.7% pensent que cet impact est négligeable et insignifiant. En outre, 45.8% des sondés estiment que les relations sociales se sont améliorées, 35.2% parlent d'une dégradation et 19% se sont abstenus de répondre. Cependant, 63.4% sont satisfaits de la situation sécuritaire alors que 36.6% éprouvent encore certaines réserves. Pour le climat des affaires, la lenteur des procédures administratives constitue une contrainte majeure au développement des entreprises en Tunisie. En effet, 48% des dirigeants estiment que les procédures administratives, la dégradation de l'environnement des affaires et le retard dans la mise en œuvre des réformes représentent des entraves au développement des entreprises. Les sondés sont mécontents de l'administration fiscale, de la Douane ainsi que de la Banque centrale avec des taux d'insatisfaction respectifs de 41.4%, 48.6% et 31.4%. L'insatisfaction trouve son origine essentiellement dans les délais des procédures, de leur complexité et de leur manque de transparence. L'instabilité du cadre fiscal et les pressions exercées sur l'investissement sont également décourageants. Concernant l'infrastructure, 95% des dirigeants considèrent le réseau moyen ou mauvais, 93% sont peu ou non satisfaits du réseau routier et 78% sont insatisfaits du réseau portuaire. Quant au coût des facteurs, 75%, 65.5% et 60% perçoivent respectivement l'énergie, le transport aérien et maritime comme source d'érosion de leur compétitivité. La main d'œuvre et les télécommunications sont également perçues comme des facteurs compétitifs. Pour ce qui est de la loi sur l'investissement, 69% des chefs d'entreprises pensent que cette loi est inadaptée et nécessite une révision en profondeur. Sur un autre plan, 58.6% perçoivent que la baisse du cours du dinar est un facteur à risque alors que 30% voient que c'est un facteur compétitif et 11.4% ne ressentent aucun impact. Au sujet du Projet de la Loi de finances 2019, 86.7% des sondés jugent inefficace la trêve fiscale prévue par le PLF 2019. Les négociations engagées par la Tunisie avec l'Union européenne sur l'Aleca sont, de plus, perçues avec un certain optimisme. En effet, 71.1% des chefs d'entreprises ne craignent pas d'effets négatifs sur leur activité contre 28.9% qui redoutent des effets négatifs possibles.