Le nouveau projet politique de Chahed, tant attendu, a finalement vu le jour aujourd'hui. Conçu par le bloc parlementaire de la Coalition nationale, ce projet est venu se positionner sur la scène politique rassemblant les forces modernistes à l'instar des dissidents de Nidaa Tounes, de Machrouû Tounes, de l'UPL, d'Afek Tounes et des destouriens. Le nouveau projet politique a été concrétisé lors d'une dernière réunion qui s'est déroulée aujourd'hui à Monastir, finalisant ainsi la phase du pré-lancement du parti. C'est lors d'une réunion massive à la ville de Monastir rassemblant environ 5 mille personnes que l'annonce a été faite. Une ville dont le choix n'est nullement arbitraire vu la valeur émotionnelle qu'elle porte et ce qu'elle symbolise pour la famille destourienne et bourguibiste. Après moins de 5 mois de la formation officielle du bloc parlementaire de la Coalition nationale et une tournée sur tout le territoire tunisien, le nouveau projet politique de Youssef Chahed a finalement été lancé.
Il est 10h du matin et la salle est comble. Malgré une capacité d'accueil élevée, environ 2 mille de personnes n'ont pas pu y accéder. L'assistance était diversifiée représentant toutes les franges de la société. Les gens sont venus, par conviction ou par curiosité, découvrir le nouveau projet politique de Youssef Chahed. Des politiciens, des ministres, des députés, des cadres régionaux et locaux, des coordinateurs des partis, des représentants de la société civile et des indépendants étaient, hommes et femmes confondus, tous là.
Slim Azzabi, Iyed Dahmani, Mustapha Ben Ahmed, Hichem Ben Ahmed, Walid Jalled, Riadh Mouakher, Sahbi Ben Fredj, Zohra Driss, Leïla Chettaoui, Hager Ben Cheikh Ahmed, Mahmoud Baroudi, Karim Helali, Mehdi Ben Gharbia, Ali Bennour et Mohsen Hassan ou encore Sabrine Ghoubantini étaient parmi les présents les plus remarqués dans la salle. Une salle dont l'ambiance était, pour le moins, mouvementée.
Les dirigeants du nouveau projet politique ont d'abord commencé par entonner l'hymne national en signe d'unité avec tous les citoyens. Ils ont souligné, par la suite, lors des interventions, l'importance de faire primer l'intérêt suprême de la patrie transcendant ainsi celui des partis et dépassant les calculs politiques.
Prenant la parole en premier, Mustapha Ben Ahmed, président du bloc parlementaire de la Coalition nationale a précisé que le temps des partis basés sur une personne est révolu et que ce projet puisera ses orientations et ses objectifs à partir des bases. Enthousiaste, il a également relevé le référentiel bourguibiste qui a inspiré ce nouveau projet politique affirmant la nécessité de l'honnêteté, la loyauté et l'allégeance à la Tunisie, qui constituent les principes adoptés par le leader, Habib Bourguiba. Et d'ajouter qu'il était fondamental de déterminer les problèmes et les priorités aux niveaux régional et national ainsi que de suivre la stratégie des étapes et de réinstaurer la culture du travail. Sous les applaudissements des invités présents dans la salle, M. Ben Ahmed a poursuivi son allocution. « Notre identité est civile, progressiste et ancrée dans le mouvement réformateur destourien sur les pas de Farhat Hached et de Habib Bourguiba. Nous nous opposerons à tout projet réactionnaire ! Nous aspirons à ce que l'amour de la Tunisie soit un amour démesuré, sincère et édifiant ! Nous visons également à ce que ce nouveau projet soit au service du peuple pendant 3 ou 4 décennies comme l'était le mouvement réformateur. L'impossible n'est pas tunisien ! ».
Suite à l'intervention de Ben Ahmed et afin d'appuyer davantage cette prise de décision participative et cette approche conjointe, 3 propositions ont été présentées aux invités concernant le nom du nouveau projet politique. Les invités ont pu, en effet, voter via SMS en vue de choisir un nom adéquat : « Tahia Tounes », « La Coalition nationale » ou encore « Nidaa Al Watan ».
C'est maintenant à l'ancien directeur du cabinet présidentiel, Slim Azzabi de prononcer son discours. M. Azzabi a appelé, dans son allocution, toute la famille moderniste et progressiste à adhérer au nouveau projet dans l'objectif de rétablir l'équilibre à l'actuel paysage politique. Il a, par ailleurs, tenu à préciser que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, autour duquel ce parti a été formé, n'a participé à aucun meeting effectué par le parti car il ne s'intéresse, pour l'instant, qu'à l'action gouvernementale et qu'à ses tâches en tant que chef du gouvernement. M. Azzabi a, de surcroît, affirmé que le but de ce parti ne se limite pas uniquement à remporter les élections mais aussi à appliquer les plans et mettre en œuvre les réformes susceptibles de réhabiliter le pays et de restituer le prestige et la noblesse de l'Etat.
Il était finalement temps de dévoiler le nom de cette nouvelle formation politique. Tous les regards étaient braqués sur l'écran géant installé dans la salle. Et c'est « Tahia Tounes » qui a remporté la majorité des voix. Ainsi, toute la salle s'est exclamée : Vive la Tunisie ! (Tahia Tounes !). Mustapha Ben Ahmed a, donc, procédé à lire le communiqué constituant du nouveau parti entouré par ses figures emblématiques à l'instar de Slim Azzabi, Riadh Mouakher, Hichem Ben Ahmed et Walid Jalled. Toutefois, le nom du secrétaire général du parti n'a pas été dévoilé et la répartition des tâches au sein de cette nouvelle formation n'a également pas été abordée laissant ainsi la porte ouverte à toutes les interprétations et toutes les combinaisons possibles. Les dirigeants ont finalement quitté la salle sous les applaudissements de l'assistance.
En tout état de cause, le nouveau parti de Youssef Chahed qui apporte désormais, explicitement son soutien au chef du gouvernement, lui servira par la suite d'appui dans son éventuelle course à la présidentielle de 2019. L'objectif primaire du parti, comme évoqué lors de ce meeting, est de rafler 109 députés pour rejoindre le bloc comprenant actuellement 44 députés et occupant la 2ème place au Parlement après le bloc d'Ennahdha. Tahia Tounes organisera prochainement son congrès électif et élira les membres de ses structures. Dans une scène politique qui regorge de partis (pas moins de 215), le nouveau mouvement réussira-t-il à faire la différence et s'imposer ?