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Pourquoi la loi s'applique sur Nessma et non sur Zitouna TV ?
Publié dans Business News le 25 - 04 - 2019

La saisie des équipements et matériels de Nessma TV va faire couler beaucoup d'encre. La plus grande chaîne tunisienne, de par son taux d'audience, ne laisse pas indifférent aussi bien le grand public que la scène politique. Plusieurs partis ont manifesté leur soutien et par là à la liberté d'expression, à Nessma, son directeur Nébil Karoui et son personnel.

Du côté du gendarme de l'audiovisuel, la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica), on indique que l'on ne fait qu'appliquer la loi. Une loi qui souffre, hélas, d'une multiplicité d'interprétations. La légalité même de la Haica et de sa composition est remise en doute en raison de la multiplicité des interprétations.
N'empêche, la Haica a décidé de passer à l'acte en saisissant le matériel de Nessma et ce après plusieurs avertissements et communiqués publics. S'estimant dans son bon droit, Nessma a balayé d'un revers ces avertissements et a publié, elle aussi, des communiqués publics s'en prenant, plus d'une fois, à certains membres de la Haica, dont Hichem Snoussi. Des plaintes en justice ont d'ailleurs été déposées de part et d'autre à ce sujet.
Aujourd'hui, coup de théâtre, la Haica a ordonné la saisie du matériel de la chaîne et les locaux de Nessma ont vu débarquer les forces de police en nombre pour encercler les lieux. Les unités sécuritaires ont encerclé le siège de la chaîne à Radès. Les policiers ont saisi les équipements de Nessma et bouclé les locaux de la chaîne. A 11h45 Nessma a arrêté de diffuser…

L'opération de saisie d'aujourd'hui est comparable à la saisie ou la destruction d'une échoppe ayant occupé illégalement le trottoir ou d'un étal anarchique. « Sauf que l'on ne peut pas comparer un média à une échoppe, quand bien même ce média ne respecte pas une autorité supérieure », répliquent plusieurs politiques et journalistes au nom de la liberté d'expression.
Ce qu'a fait la Haica aujourd'hui n'a rien d'une première cependant. Il existe des précédents, notamment avec la Chaîne Zitouna TV considérée, à tort ou à raison, comme illégale par la Haica.
Zitouna TV, non plus, n'a pas respecté les sommations de la Haica et a fait l'objet, aussi, d'une opération de saisie le 15 juillet 2015 (voir notre article à ce sujet). Tout comme Nessma, les responsables de Zitouna ont manifesté bruyamment leur désaccord total et comme pour Nessma, plusieurs hommes politiques se sont mobilisés pour la soutenir et la défendre (voir notre article à ce sujet).
Grâce à ces soutiens, Zitouna TV a pu défier la Haica et par là défier la loi et l'Etat représenté par cette haute autorité indépendante. Nous étions alors en 2015 et le nouveau régime venait à peine de prendre le pouvoir. Ne cherchant pas à s'attirer les accusations d'atteinte à la liberté d'expression et de retour à la dictature, il a laissé faire Zitouna. Interrogé aujourd'hui à ce sujet, Nouri Lejmi, président de la Haica, a admis qu'il n'a rien pu faire contre la chaîne en raison, justement, des soutiens politiques dont elle bénéficie.
Depuis, la chaîne islamiste fait ce qu'elle veut sans que personne ne puisse quoi que ce soit contre elle. Ses animateurs dénigrent ouvertement leurs adversaires politiques, on y injurie ceux qui s'opposent à elle, on diffame… Le tout en toute impunité. Mieux encore, la chaîne islamiste réussit à inviter des députés et hommes politiques sur ses plateaux, parmi ceux qui appellent sur tous les toits à la suprématie de la loi. Rien qu'au cours des dernières semaines, elle a invité Moncef Marzouki et Yassine Ayari. Les islamistes et autres révolutionnaires radicaux y sont tous les jours. Autant d'invités qui se transforment en soutiens et lobbys influents quand l'Etat (via la Haica) décide d'appliquer la loi.
Il est bon de rappeler que la Haica ne peut pas appliquer la loi sans passer par le pouvoir exécutif et l'appareil sécuritaire lequel est commandé par le gouvernement.
Il se trouve que Nessma n'est pas, ou n'est plus, dans cette configuration. Pendant très longtemps, elle a bénéficié de soutiens politiques majeurs.
Trois jours seulement après l'une des dernières sommations de la Haica dans laquelle elle annonce la fin de la procédure de régularisation, Nébil Karoui a réussi à inviter le président de la République Béji Caïd Essebsi. C'était en juillet dernier. Si le chef de l'Etat lui-même bafoue la loi en acceptant l'invitation d'une chaîne considérée comme illégale par une institution supérieure de l'Etat, que peut faire la Haica ? Nouri Lejmi ne s'est pas embarrassé pour tancer publiquement le président de la République en affirmant qu'il n'aurait pas dû aller à Nessma.
Avril 2019, la donne semble avoir changé. La Haica n'a pas changé de position et a toujours affirmé haut et fort que Nessma (tout comme Zitouna TV) ne respecte pas la loi. Ce qui a changé cependant, c'est que la Haica a pu aujourd'hui bénéficier du soutien politique nécessaire à l'exécution de sa décision, à savoir la mobilisation de l'appareil sécuritaire. Et cet appareil dépendant du ministère de l'Intérieur (donc du gouvernement) est devenu, par miracle, opérationnel. C'est ce même appareil, pourtant, que les municipalités ne réussissent pas à mobiliser pour l'exécution des décisions municipales de démolition des constructions anarchiques.
En clair, quand il y a une volonté politique d'exécuter des décisions, la décision s'exécute ! C'est ce qui s'est passé ce jeudi 25 avril avec Nessma.

Quant aux raisons, on peut deviner aisément lesquelles. Nébil Karoui est parti en campagne électorale pour la présidentielle 2019 et utilise ouvertement sa chaîne Nessma pour ce faire. Il fallait donc l'arrêter dans sa lancée. Qui a décidé de l'arrêter ? Pourquoi maintenant à la veille du mois de ramadan, le mois où les chaînes s'arrachent le plus gros taux d'audience pour obtenir les plus grosses recettes publicitaires de l'année (90% du chiffre d'affaires se fait au cours de ce mois) ? Ce n'est certainement pas la Haica qui est derrière la saisie, bien que ce soit elle qui l'est officiellement et médiatiquement.


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