INFOTUNISIE – Les Tunisiens fêtent, à l'instar de toute la communauté musulmane, le nouvel an de l'Hégire, dont le premier jour de l'année 1431 coïncide cette année avec le 18 décembre. Etant caractérisé par 12 mois lunaires de 29 à 30 jours, chacun, le calendrier hégirien est plus court que le calendrier grégorien d'environ 11 jours. L'Hégire est en arabe synonyme de l'exil, de la rupture et de la séparation. Le premier sens est celui de l'exil des musulmans de la Mecque et leur départ vers Médine en 622, mais aussi cet exil requiert un sens plus large, celui de la rupture avec le paganisme et la société antéislamique vers un model de communauté de croyances. Le calendrier musulman démarre à cette date, car elle est fondatrice de la communauté musulmane qui naît officiellement à travers un mouvement de rupture et de renouveau ! Les Musulmans fêtent donc cet événement selon des traditions différentes d'un pays à l'autre. Les Tunisiens accueillent le nouvel an de l'Hégire avec un plat spécifique «la mloukhia» (feuilles de corète moulue de couleur verte), qui prend beaucoup de temps à préparer et à cuire et qui se présente sous forme de poudres ou tamis de mloukhia, avec de grands morceaux de viande ou de tripes. Ce plat est assaisonné de coriandre, d'ailles, de feuilles de laurier. La mloukhia est un plat très odorant se distinguant par une très belle couleur verte, qui augure d'une année de bonheur, de prospérité et de fertilité. Le vert étant une couleur positivement connotée chez les musulmans puisqu'elle est la couleur du paradis par excellence. Ce plat est également préparé à l'occasion d'un aménagement pour jeter la «baraka». A noter que la poudre de la mloukhia est la «cousine» de l'henné, plante paradisiaque, selon l'imaginaire populaire musulman! Si la mloukhia est préparée à l'occasion du premier jour du nouvel an, le couscous au «kadid», viande séché restant du sacrifice du mouton de l'aïd el kebir, ayant lieu une vingtaine de jours avant le nouvel an hégirien, est quant à lui préparé la veille du nouvel an, pour ainsi saluer l'an passé et accueillir le nouveau! Plusieurs régions en Tunisie se distinguent par d'autres mets tels que l'île de Djerba, qui prépare le «mhammess au kadid» garni par des œufs colorés offerts aux enfants ou encore la ville de Nabeul, qui étale ses poupées de sucre, colorées et présentées sous toutes les formes et les tailles. Poupées pour les fillettes, coq ou cheval pour les garçons, les poupées de sucre ont leur propre festival tous les ans à la période de fin d'année hégirienne. Cette tradition est forte de symboles spirituels, puisqu'il s'agit de «consommer» des statuettes et casser ainsi les croyances païennes… Les nabeuliennes préparent un couscous sucré salé la veille du nouvel an.