Les exportations du secteur du cuir et de la chaussure ont atteint 900 millions de dinars en 2008, contre 50 millions de dinars en 1987, enregistrant un taux de croissance annuel moyen de 15 pc.Aujourd'hui, ce secteur compte 450 entreprises, dont 50 pc sont totalement exportatrices et offre 40.000 emplois. Néanmoins, depuis novembre 2008, les exportations du secteur, comme celles de l'ensemble de l'industrie, ont subi les contrecoups de la crise internationale et ont enregistré une baisse de 11 pc. Ces données ont été fournies au cours d'un symposium organisé, vendredi à Tunis, par le centre national du cuir et de la chaussure (CNCC), à l'occasion du 40ème anniversaire de sa création (1969), pour débattre des « enjeux de l'innovation dans l'industrie du cuir ». Des spécialistes du secteur du cuir, qui ont animé cette rencontre, ont souligné que l'avenir du secteur, dans un contexte de crise économique mondiale, se joue sur le développement de la qualité et d'une stratégie de marketing plus visible et plus audacieuse ainsi que sur un positionnement sur une production de moyenne et de haut de gamme. Le centre du cuir et de la chaussure a décidé, à cette fin, d'explorer de nouveaux créneaux de production et de stimuler l'innovation dans le secteur. De nouvelles sources d'approvisionnement en peaux brutes sont exploitées. C'est ainsi que les peaux de dromadaires qui étaient jusqu'à présent dilapidées, ont pu, grâce aux travaux de recherche engagées par le CNCC, être convenablement traitées et intégrées dans les circuits de production. Le centre cible un recours accru aux outils et aux approches informatiques pour optimiser l'organisation de la production et rationaliser la gestion de la fabrication. En matière de digitalisation de la conception des modèles, une enquête sur les pointures tunisiennes a été menée par le CNCC, afin de mieux en cerner et épouser les formes. De même, il s'agit de concevoir et produire des chaussures adaptées au pied diabétique, situation qui concerne malheureusement une population assez importante, avec la coopération du ministère de la santé publique. Pour favoriser l'éclosion de jeunes talents, le CNCC a créé un espace mode en son sein pour donner à ces jeunes, la possibilité d'intégrer les circuits de production dans le secteur. Conscient des impacts sur l'environnement, le CNCC a engagé un travail de recherche sur la valorisation des déchets de cuirs finis et semis-finis, générés par l'industrie du cuir. Ouvrant les travaux du symposium, M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, a affirmé que le secteur des industries du cuir, malgré et peut-être à cause de la crise financière actuelle, présente les potentialités nécessaires pour renforcer sa compétitivité et attirer de nouveaux investissements et de nouvelles entreprises, eu égard aux multiples créneaux porteurs qu'il recèle, et aux innovations qui peuvent y être apportées. Le ministre a mis en avant la compétitivité du secteur du cuir et chaussure, au niveau international ainsi que sa réactivité face à une demande sans cesse renouvelée. Les résultats accomplis par cette activité, a-t-il précisé, sont le fruit du dynamisme des chefs d'entreprises du secteur mais également d'une politique industrielle axée, notamment, sur les programmes nationaux de mise à niveau, de Coaching et de promotion de la qualité. Il a indiqué que 285 entreprises du secteur (60 pc du total et 80 pc des entreprises employant 20 personnes et plus) ont adhéré jusqu'à fin 2008, au programme de mise à niveau, moyennant une enveloppe d'investissements de 170 millions de dinars dont 25 pc ont été consacrés aux investissements immatériels. Le président de la République, a rappelé le ministre, a pris récemment un ensemble de mesures de nature sociale, financière et de soutien à l'exportation. Une cellule d'assistance et d'information a été mise en place au sein du ministère de l'industrie, pour répondre à toutes les questions des entreprises concernées et de fournir l'assistance nécessaire. S'agissant de l'impact de l'industrie du cuir sur l'environnement, M. Malek Khélil, directeur général du CNCC, a indiqué qu'un important projet, nommé « life » a été réalisé pour la préservation de l'environnement face aux nuisances engendrées par le tannage industriel, soutenu par l'union européenne et qui fait figure de référence dans le bassin méditerranéen. Le CNCC s'active, également, dans le cadre du programme européen « reach », à répertorier et enregistrer les intrants et additifs dans les produits commercialisés notamment dans l'industrie de la « Tannerie ». Pour ce qui est de l'avenir d'une activité touchée par la crise dans le monde entier, M. Jean Paul Merle, consultant international, a indiqué que la Tunisie peut encore se prévaloir, aujourd'hui, de sa proximité géographique, de la facilité des échanges avec l'Europe, de salaires moins élevés qu'elle, de la stabilité politique, de l'absence d'importantes perturbations climatiques (mousson ou tsunami). La production tunisienne doit se positionner, selon lui, sur la moyenne et le haut de gamme, essentiellement pour des clients européens. Pour surmonter la crise, l'industrie tunisienne du cuir et de la chaussure, a précisé l'expert, doit miser sur la qualité et assurer la livraison des produits à temps et selon les critères exigés. Il a indiqué que les industriels tunisiens dont les produits n'ont, actuellement, pas de marques doivent mieux faire connaître leurs usines et valoriser leurs produits. Le consommateur européen regarde aujourd'hui la qualité du produit et c'est à ce niveau que va se jouer le gain de compétitivité pour l'industriel tunisien, a-t-il conclu.