Activité ancestrale en Tunisie, l'industrie locale du cuir et de la chaussure qui fait face à de grands défis, dont l'accroissement des produits finis, de meilleure qualité, la rareté et la mauvaise qualité de la matière première, et surtout l'importance de l'économie informelle et souterraine, avec des ateliers clandestins, se prépare pour un événement de taille, le Salon International des Industries du Cuir de Tunisie qui se tiendra du 8 au 10 mai 2008, au Parc des Expositions du Kram. Organisé par la Fédération Nationale du Cuir et de la Chaussure (FNCC-UTICA), le Centre National du Cuir et de la Chaussure (CNCC), et la Société des Foires Internationales de Tunis, Promocuir 2008 ambitionne de se positionner comme un événement majeur de la filière cuir et chaussure dont le but de stimuler les exportations du secteur, identifier les circuits de distribution sur le marché local : passation de commandes au cours du salon avec les commerçants et grossistes tunisiens présenter de nouveaux modèles, des créations et des tendances et offrir des opportunités de partenariat, de co-traitance et de ventes avec les donneurs d'ordres et les directeurs de centrales d'achats étrangers. Le salon sera organisé en 4 pôles : produits finis (chaussures, maroquinerie, vêtements en cuir) et semi-finis (tiges de chaussures), matières premières du cuir (fournitures et accessoires pour chaussures, maroquinerie et habillement en cuir, et produits chimiques), matériels et équipement pour la fabrication), créateurs-Stylistes, et maintenance et formation professionnelle, Presse et médias. Promocuir 2008 prévoit la visite de plus de 3000 visiteurs professionnels dont 200 donneurs d'ordres identifiés.
Faiblesses et Mise à niveau du secteur Le nombre des magasins de chaussures (hommes, femmes et enfants) est en augmentation continue en Tunisie contrairement aux boutiques de vêtements. Les prix des chaussures en Tunisie varient entre 25 et 80 dinars pour les chaussures d'enfant, entre 35 et 120 dinars pour les chaussures hommes et femmes, voire entre 120 et 500 dinars chez les grandes marques étrangères. Face à cette situation, le consommateur tunisien est souvent embarrassé : soit qu'il opte pour le prix au détriment de la qualité, soit qu'il opte pour le prix inabordable, synonyme pour lui, d'une qualité meilleure. Avec 450 entreprises assurant plus de 30 000 emplois, et 600 millions de dinars d'exportation, le secteur du cuir et de la chaussure a trouvé dans le Programme de mise à niveau, lancé en 1996, un nouveau souffle, voire une précieuse opportunité pour se refaire une bonne santé. Selon des statistiques officielles, elles étaient, en 1995, quinze entreprises, toutes branches confondues, à adhérer au Programme de mise à niveau. En 2005, 187 entreprises dont 118 spécialisées dans la chaussure ont réalisé leur plan de mise à niveau, soit la quasi-totalité des entreprises les plus en vue du secteur qui en compte 440. Le plus grand défi réside dans le développement de la productivité du secteur qui se limite actuellement à 10,6 paires de chaussures par ouvrier et par jour contre 22 paires de chaussures dans les pays concurrents à l'instar de la France, le Portugal ou l'Italie. Au rayon des faiblesses également, la branche souffre de faiblesses au niveau de la qualité. Plus de 40% de la production de la matière première (peaux) présente des défauts dus à la dépouille, aux coutelures (trous causés par le varron) et à la conservation (échauffe, tâches). Ces défauts proviennent des maladies qui affectent le cheptel et des abattoirs qui n'utilisent pas des moyens mécaniques et électriques pour la dépouille. Pour subvenir à ces besoins, la Tunisie importe en moyenne plus de 13.000 tonnes de peaux et de cuirs pour plus 300 millions d'euros par an. Parmi les fournisseurs on retrouve l'Italie (avec 4000 tonnes), la France (3000 tonnes) et le Maroc (1100 tonnes). Autre faiblesse structurelle du secteur: l'absence de créativité. Les industriels, surprotégés, accordent peu d'intérêt aux tendances de la mode, aidés en cela par l'absence de concurrence sur le marché local. Leur statut de rentier se révèle ainsi être un fort handicap pour la promotion du secteur.
Des atouts connus et appréciés Selon la dernière étude de positionnement stratégique du secteur réalisée par l'API, la Tunisie peut, sur 5 ans, améliorer de 50% la productivité de la branche en l'amenant à 13 paires par jour et par personne, pour peu qu'elle oriente la production vers le moyen de gamme. La Tunisie figure, depuis quelques années déjà, parmi les principaux fournisseurs de cuir et chaussures au niveau de l'espace Euro-méditerranéen : - 1er fournisseur du sud méditerranéen après la Turquie. - 1er exportateur après la Chine, le Vietnam, la Turquie et l'Indonésie - 5ème fournisseur de l'Europe. Les exportations des industries du cuir et de la chaussure ont plus que triplé en 10 ans, passant de 197 millions de dinars en 1994, à 732 millions de dinars en 2006 et ce avec un taux d'accroissement annuel moyen de 28%. 85% des exportations sont réalisées par la branche chaussures et tiges, suivie des branches maroquinerie et habillement avec 11%. Les exportations ont évolué beaucoup plus rapidement que la production, notamment pour les chaussures et accessoires de chaussures. Et c'est la branche chaussure et tiges de chaussure qui accapare la part du lion, puisque celle-ci a réalisé 84% des exportations du secteur. Les principaux clients de la Tunisie sont successivement l'Italie, la France, et l'Allemagne. L'Italie est le premier client de la Tunisie avec près 40% du volume des exportations. Viennent ensuite la France 37% et l'Allemagne 10%. Les entreprises étrangères qui se sont implantées ces dernières années en Tunisie sont en majorité des entreprises européennes off-shore, à capital totalement étranger ou mixte, qui assurent 80% du volume des exportations totales du secteur.