En présence d'un parterre de directeurs de chaînes télévisées et de stations radios, de rédacteurs en chefs tunisiens et étrangers, d'animateurs TV et radios, de directeurs d'universités et de journalistes, Mr Mohamed Ghannouchi, premier ministre tunisien a ouvert, sous instructions du président de la république Mr Zine El Abidine Ben Ali, la conférence nationale sur l'information économique. La conférence, qui s'est tenue à la cité des sciences le jeudi 14 mai 2009, a pour objectif de mieux faire connaître les différentes réformes et orientations adoptées et mises en place pour impulser la dynamique de développement, relever les défis, sensibiliser davantage aux exigences de l'étape et consolider le rôle de l'information économique. De ce fait, cette journée a représenté un point de repère pour les intervenants afin de discuter de l'importance de l'information économique, et plus précisément, la presse économique en Tunisie. Lors de son discours d'ouverture, Mr Ghannouchi a souligné l'importance de l'information économique surtout dans l'analyse des indicateurs, des données techniques, financières et économiques. Cependant, a-t-il ajouté, il est nécessaire que cette information ainsi que son interprétation soient objectives. Le domaine d'information économique, a-t-il relevé, connait une dynamique plus importante que jamais, à travers l'accroissement du nombre de publications à caractère économique lequel s'élève à près de 60 publications. Lors de ce rendez-vous incontournable, le premier ministre n'a pas manqué de préciser que la presse écrite et les médias audiovisuels, tout autant que les sites électroniques, consacrent une part importante au volet économique. Les principales responsabilités qui incombent à l'information économique nationale en cette conjoncture délicate caractérisée par l'exacerbation de la crise financière et économique, a fait remarquer Mr Ghannouchi, consistent à suivre les choix et orientations adoptés pour renforcer les fondements du processus du développement, faire face aux mutations sur la scène internationale et relever les défis majeurs qui se posent à ce niveau. D'autre part, mais toujours au cœur du sujet même, Mr Ghannouchi a fait remarquer que la promotion de l'information économique nécessite la facilitation de l'accès aux sources d'information. En effet, c'est une des plus grandes barrières à l'entrée auxquelles fais face le journaliste chaque jour. Pour affronter ce problème, il est nécessaire, selon le premier ministre de renforcer les liens entre les médias et les différentes structures en rapport et de faciliter l'accès, en temps opportun, aux sources d'information. L'Etat œuvre, a-t-il affirmé, conformément aux instructions du Chef de l'Etat à mettre les différentes données à la disposition des journalistes, comme en témoignent les différents points de presse tenus, régulièrement, par les membres du Gouvernement, les documents et données mis à la disposition des journalistes pour leur permettre d'exercer leur profession de manière optimale, outre, le souci de fournir les informations à travers les sites électroniques des structures et entreprises publiques. Cependant, ce n'est pas la seule faille de l'information économique en Tunisie. En fait, la promotion de l'information économique nécessite la disponibilité de journalistes spécialisés. M. Ghannouchi a souligné, à ce propos, l'intérêt qu'il y a à développer et à renforcer les bureaux de presse et de communication au sein des ministères et entreprises publiques et le renforcement de leurs rapports avec les journalistes. Dans le même contexte, le premier ministre a souligné l'importance d'assurer la formation et le recyclage des journalistes économiques, tout en prenant en compte les spécificités des moyens d'information et de communication (presse écrite, média audiovisuels et sites électroniques) ainsi que les besoins du public ciblé. Mr Hédi Mechri, directeur du magazine bimensuel «l'Economiste Maghrébin », a indiqué, quant à lui, que la mission première de l'information économique consiste à vulgariser les questions micro et macro économiques, à aider les chefs d'entreprises à prendre les décisions idoines et à jouer le rôle de veille, surtout en cette période de crise. Il a ajouté qu'un média économique se doit d'être avant tout utile, de contribuer à la diffusion de «l'intelligence économique» génératrice de gains et de productivité pour l'entreprise et la collectivité dans son ensemble. Pour sa part, Mr Mohamed Ridha Chalghoum, directeur du Conseil du Marché Financier (CMF), a mis en exergue le rôle que joue la presse économique pour clarifier les grandes orientations économiques de l'Etat tunisien. Il a rappelé à cette occasion les différentes réformes entreprises par la Tunisie, notamment en matière de révision des normes comptables, des normes de gestion et de contrôle, de renforcement de la communication financière (nouveau système national de la statistique, communication périodique des entreprises cotées en bourse...) Mr Samir Sobh, conseiller aux affaires économiques auprès de la chaîne France 24 et de Radio France Internationale (RFI), a évoqué, quant à lui, la situation de la presse économique en France et mis l'accent sur le développement croissant de cette presse, au cours des deux dernières décennies. Il a précisé que la concentration des médias en France a permis une plus grande spécialisation et professionnalisation de ce type de média et a rappelé que l'information économique occupe 80% des unes des journaux français surtout en cette période de crise, qu'elle demeure une aide précieuse à la prise de décision. Il a ajouté que la demande en journalistes économistes spécialisés est grandissante en France et dans le monde, soulignant la nécessité d'assurer «une information économique démocratique », transversale et non élitiste. Mr Nick Edwards, rédacteur en chef de la section économique de l'agence d'information Reuters, a indiqué que l'agence fournit «une information économique de proximité» et réactive privilégiant la recherche de l'exclusivité. Il a précisé que l'agence porte de plus en plus de l'intérêt aux économies émergentes d'Afrique, d'Asie et d'Europe de l'Est, et que le traitement de l'information est de plus en plus tiré par les nouvelles technologies de l'information (NTIC). Le débat, instauré ensuite, a porté la formation des journalistes économiques, l'apport de la presse économique électronique, la crédibilité de l'information économique, le partenariat entre la presse et les entreprises économiques, le crédit des notations des agences de rating et les difficultés rencontrées pour l'accès aux sources d'information à caractère économique. Aux termes des travaux de la conférence, et après la tenue de 3 workshops parallèles, les participants ont recommandé de mettre à niveau les entreprises de presse économique et d'optimiser leur utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) afin de les adapter aux mutations et progrès enregistrés par cette presse, au cours des dernières années. Ils ont également proposé d'appuyer matériellement les services de presse économique, d'améliorer la qualité du contenu de leur information et de diffuser le bulletin économique sur canal 7 sous une forme plus accrocheuse. Ils ont suggéré de faciliter l'accès aux données du Conseil national de la statistique (CNS), particulièrement aux données à caractère économique, de les héberger dans un seul site, de mettre en ligne le registre du commerce et d'inviter les entreprises qui y sont inscrites à actualiser leurs sites. Concernant la formation de base et la formation continue des journalistes, la conférence a proposé l'établissement d'un partenariat entre les entreprises de presse d'une part, l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI) et le Centre Africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC) d'autre part et la possibilité pour certaines entreprises de parrainer des étudiants qu'elles pourraient embaucher ultérieurement. L'accent a été mis sur l'intérêt qu'il y a à inculquer aux étudiants une formation économique générale et à programmer leur spécialisation dans une étape ultérieure. Les participants ont également recommandé de créer, au sein des entreprises de presse, des services spécialisés dans la formation qui seront chargés de l'identification des besoins des journalistes en formation continue.