« Pas de justice transitoire en Tunisie sans recyclage de l'organisme de sécurité. Il faut d'abord inculquer l'esprit de « justice transitionnelle » avant de parler de transition démocratique. Cette dernière est fondée sur la vérité, l'identification des coupables puis vient la réconciliation ». C'est ce qu'a affirmé le secrétaire général de la Ligue tunisienne de la citoyenneté, Fakher Gafsi, lors d'une conférence organisée, samedi 11 juin 2011, par le Mouvement Pour Une Nouvelle République. La conférence a traité le thème de « Justice et réconciliation : préalables à la Nouvelle République ». La justice de transition exige une culture de poursuite des accusés par des commissions formés dans ce sens. Ces dernières travaillent sur le dédommagement des victimes d'une manière préservant la dignité des personnes et de leurs familles pour passer ensuite à la réconciliation. « Nous devons travailler pour rétablir le respect de la dignité humaine et faire face aux abus qui ont été commis. Une équation difficile entre l'inculpation et la réconciliation. La difficulté est de concilier la paix et la justice», a-t-il souligné. Il a évoqué dans ce contexte la nécessité de pénétrer la culture de la peur par la dévotion à la culture de la démocratie et des droits de l'homme. La question demeure : « Quand est ce que le gouvernement provisoire prendra au sérieux la question de la justice transitionnelle ? », s'est-il interrogé. Pour sa part, Mme Monia Ammar (juge et porte-parole de la ligue) a indiqué que le but de la justice transitionnelle est l'assimilation de la justice du nombre important des dépassements qui ont eu lieu avant le 14 janvier. L'objectif reste la mise en place de la justice transitionnelle, qui sert comme un moyen complémentaire de la justice traditionnelle. Le dossier des violations flagrantes telles que la torture, le viol, les disparitions forcées, qui ont été pratiquées de manière systématique contre une catégorie de personnes, doit être ouvert afin d'instaurer la confiance entre le citoyen et le pouvoir judiciaire tunisien. De son coté Anwar Kasri (vice-président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme) qu'il ne peut concevoir de la justice transitionnelle en Tunisie sans recyclage de l'appareil de sécurité et son développement. Il a suggéré dans ce cadre d'unir toutes les associations de la société civile pour élaborer une feuille de route en vue d'atteindre la justice transitionnelle.