Les premiers protestataires, qui avaient commencé à se rassembler en fin de matinée du15 aout sur l'artère principale Habib Bourguiba, ont été empêchés de progresser vers le ministère de l'Intérieur par des unités anti-émeute. Une dizaine de blindés de la police ont bloqué la marche des manifestants, utilisant le gaz lacrymogène. Les troubles se sont poursuivis jusqu'à lundi soir dans les rues annexes de l'Avenue Habib Bourguiba. Une grande manifestation de contestation a commencé lundi 15 aout vers 11h à Bab Bnet devant le palais de justice à Tunis. Le rassemblement fait suite à l'appel publié par les avocats et les magistrats sur Facebook pour protester contre la dépendance de la magistrature et nettoyer ce corps des symboles de corruption. Plus de mille personnes ont participé à la manifestation. Elles ont réclamé la poursuite des magistrats corrompus, « Indépendance de la magistrature », « le peuple veut la chute du système », « Fidèles à l'âme de nos martyrs ». Tels sont quelques uns des slogans lancés par les manifestants. Les avocats et les magistrats ont annoncé la publication bientôt de la liste noire des magistrats et avocats alliés de l'ancien régime. Vers 12h, la foule s'est gonflée. Elle s'est dirigée vers la place Mohammed Ali, où se situe le siège de l'Union générale tunisienne du travail. Plus de 3 mille personnes en colère se sont réunies devant l'UGTT en réponse à l'appel lancé par la centrale syndicale sur Facebook. Pendant ce temps, les brigades anti-émeute se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur. A l'avenue Habib Bourguiba, la situation a dégénéré. La police a usé de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Des colonnes de fumée s'élevaient de la place Ibn Khaldoun, devant la Cathédrale jusqu'à Porte de France, à l'entrée de la Médina, alors que des manifestants criaient « nouvelle Révolution », « ministère de l'Intérieur terroriste », « le peuple veut la chute du régime », « fidèles à l'âme de nos martyrs ». Des cas d'évanouissement ont été observés.