A la veille du 20ème anniversaire du martyr Faysal Baraket, le réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme a organisé, jeudi 06 octobre 2011, un point de presse en collaboration avec des institutions de la société civile. Le rendez-vous a été l'occasion de déborder l'affaire du concerné. Agé de 25 ans, le martyr était étudiant lorsqu'il est mort sous la torture, à la date du 8 octobre 1991. A cette époque, le procureur de la République a déclaré qu'un piéton inconnu est décédé suite à un accident sur une route proche de la ville de Menzel Bouzalfa, et l'affaire a été classée. Or, le rapport succinct de l'autopsie, assurée par le Dr Sadok Sassi et le Dr Halleb, démontre que la victime a été soumise à une journée de torture non stop, menée par une demi-douzaine d'agents tortionnaires. En 1994, sa famille a déposé plainte auprès du Comité des nations Unies contre la Torture (CAT) qui a poursuivi les investigations. Jamel Baraket, le frère du martyr qui a assisté à sa mort, a indiqué que Faysal n'est pas mort suite à un accident de la route, contrairement à la version des forces de l'ordre. Il a ajouté qu'il allait tout faire pour prouver que la victime a été sauvagement agressée. « Le dossier a traversé plusieurs paliers avant et après la Révolution. Nous avons rencontré plusieurs handicaps notamment de la part des autorités qui ont refusé de soulever l'affaire. En 2009, le gouvernement tunisien se déclarait disposé à donner satisfaction au Comité contre la torture notamment, quant à l'exhumation du squelette de la victime et son autopsie en présence de médecins internationaux ayant été saisi de l'affaire, conformément aux requêtes de l'organe onusien. Cependant, l'Etat n'a accompli aucune des démarches annoncées jusqu'à présent », a précisé l'avocat de la défense Mohamed Bouthalja. D'après M. Omar Mestiri, journaliste et militant des droits de l'homme, la détermination de l'Etat à ne pas poursuivre l'affaire, reflète qu'il s'agit de grandes personnalités impliquées désirant dissimuler la vérité : « Faysal n'est pas mort pour rien. Pendant que certains se font voler leur âme, d'autres partisans se lèvent contre le pouvoir tortiocratique ». Plusieurs cas similaires à celui de Faysal Baraket se produisent depuis une cinquantaine d'années. Près de 108 victimes sont décédées dans des circonstances mystérieuses. Leurs familles ont préféré garder le silence à cause de menaces répétitives. Les intervenants ont appelé la société civile et les associations concernées à créer une coalition et intervenir rapidement pour éradiquer la torture et prendre les mesures nécessaires à la manifestation de la vérité. Notons que les articles 13 et 12 de la Déclaration des droits de l'homme interdisent le recours à la torture. Certains ont révélé que la réouverture de l'affaire de Faysal Baraket va faciliter le suivi des investigations d'autres cas, sanctionner les responsables et réaliser la justice. Avec la Révolution, la famille de la victime espère que la vérité sur la mort de Faysal ne tardera pas à éclater. Il est légitime de s'interroger si la réouverture de l'affaire sera un point de départ d'une justice transitionnelle ?