En hommage à la mémoire de l'opposant militant sur la Toile, feu Zouheïr Yahyaoui, le voile a été levé, samedi, sur une plaque commémorativeportant le nom du défunt dans une des places de la ville de Ben Arous, la place abritant la maison de la culture et la galerie des arts. Chokri Letaïef, membre de l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture, a indiqué que cette initiative est l'œuvre d'un groupe de citoyens indépendants, parmi les amis et les compagnons de route du défunt dans son combat pour l'information sur le réseau Internet, ainsi que de juristes et de militants de la société civile. Il a ajouté : "Nous avons voulu rendre, à travers ce geste, un vibrant hommage, à titre posthume, à Zouheir Yahyaoui", considéré comme étant une des figures emblématiques de lutte contre l'appareil politique et médiatique despotique instauré par le président déchu, et dans la mesure où il a subi une torture atroce. Il a appelé à redoubler de vigilance afin que les personnes impliquées dans les actes de torture répondent des actes abjects innommables qu'ils ont commis. Letaief a, aussi, appelé à proclamer la date du 12 mars comme Journée nationale pour la liberté d'expression sur le réseau Internet. La mère du défunt, qui était présente à cette cérémonie, a fait remarquer que son fils a subi la torture aussi bien lors de son arrestation aux locaux de la sûreté de l'Etat, que dans l'enceinte de la prison de Borj El Amri, avant d'ajouter, chagrinée "Ils nous ont beaucoup fait souffrir". Elle a, par ailleurs, salué toutes les mères des martyrs, déclarant, à ce propos : "Vos fils ont libéré la Tunisie, et même s'ils sont partis, ils demeurent toujours dans nos cœurs". Un des présents a souligné la symbolique de cette initiative, relevant qu'elle concrétise sur le terrain le slogan scandé : "Fidèles nous sommes et fidèles nous resterons au sang des martyrs". Taïeb Moalla, communicateur exilé au Canada et un des compagnons de route du défunt, a raconté aux présents comment en rentrant en Tunisie, en 2010, il a été interrogé, à l'aéroport, par les agents de la police politique sur ses liens avec Zouheir Yahyaoui, déjà décédé depuis un lustre, précisant : "Zouheïr leur faisait peur même après sa mort". Les participants se sont, ensuite, rendus au cimetière de Ben Arous où ils ont récité la Fatiha à la mémoire du disparu. Plusieurs parmi eux s'étaient, auparavant, rassemblés dans le même cadre sur les marches du théâtre municipal de Tunis. Zouheïr Yahyaoui, qui a été un opposant actif à Ben Ali sur la Toile, est né en décembre 1967. Il a été arrêté en juin 2002 et a été libéré dans le cadre de la libération conditionnelle, en décembre 2003, après qu'il eut observé plusieurs grèves de la faim. Il est décédé le 13 mars 2005 des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 37 ans. Zouheïr a créé, en juin 2001, un journal en ligne intitulé "TUNeZINE", dans lequel il rédigeait des articles très critiques à l'encontre du régime de Ben Ali sous le nom de "Ettounsi" (Le Tunisien). Il a été, également, célèbre pour avoir republié la lettre envoyée par son oncle, le magistrat Mokhtar Yahyaoui, à l'adresse du président déchu, et dans laquelle l'homme de loi dénonce la réalité du secteur de la magistrature en Tunisie.