Un vibrant hommage a été rendu par les chefs d'Etat de différents pays du monde après les élections transparentes effectuées en Tunisie. Les observateurs, venus nombreux superviser la première expérience pluraliste dans le pays depuis cinq décennies, ont été unanimes à saluer le déroulement, dans la clarté et la sérénité, de cet événement historique et émouvant. Pourtant, les circonstances dans lesquelles ont été préparées ces échéances étaient très délicates avec des troubles, une absence de sécurité, une volonté délibérée de semer le doute et le chaos. Elles ne laissaient pas présager cet enthousiasme et cet empressement des Tunisiennes et des Tunisiens à accomplir volontairement leur droit électoral. En attestaient les longues files d'attente et le taux de participation des votants. Mais, ce n'est qu'un début. Le dur chemin de l'apprentissage de la démocratie est parsemé de plusieurs embûches. Le devoir de l'Assemblée constituante consiste à ne pas décevoir les attentes. Les témoignages de sympathie manifestés ici et là rendent la tâche de la Tunisie plus difficile. Pour garder intact ce capital d'estime et de respect, le pays doit puiser davantage dans ses ressources. Les citoyens peuvent-ils relever tant de défis s'ils ne persévèrent pas dans la maîtrise du processus démocratique. L'étape des élections de l'Assemblée nationale constituante ne doit pas occulter les suivantes. Il s'agira alors de se familiariser davantage avec la culture et la connaissance. Un peuple qui obéit à ses penchants et à ses émotions a-t-il une chance de choisir avec sérénité, discernement et clairvoyance sa voie ? Ici, l'éducation, le savoir et la condition sociale jouent un rôle indubitable. La Démocratie peut-elle être érigée dans un pays où le citoyen ignore ses droits et ses devoirs ? Le corolaire à cette évidence a un rapport direct avec la situation matérielle de ce citoyen. La dépendance matérielle ne s'avère-t-elle pas un lourd handicap à choisir librement, à ne pas être à la merci d'un quelconque soudoyeur et être à la hauteur de l'exercice de la démocratie ? Le jour où les Tunisiennes et les Tunisiens, toutes catégories confondues, échapperont à ces handicaps qui s'appellent besoin et ignorance, le destin leur obéira, comme l'a si bien dit le plus grand des poètes tunisien et arabe Aboul Kacem Achebbi. Le rayonnement de la Tunisie révolutionnaire n'en sera que plus important