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La Tunisie dans la presse internationale
Publié dans Le Temps le 25 - 10 - 2011

El Watan - Les Tunisiens ont fait, hier, une démonstration grandeur nature de ce qu'ils pouvaient réaliser en termes d'avancée démocratique. La participation massive (plus de 70%, selon les estimations) des électeurs à ce scrutin inédit constitue, en l'occurrence, une belle confirmation que la Tunisie chemine lentement mais sûrement vers la démocratie. Exit l'ère glaciaire du dictateur Ben Ali et bienvenue à une Tunisie nouvelle qui renaît des cendres incandescentes du cadavre de Bouazizi. C'est le message subliminal envoyé par ces milliers de jeunes, femmes, hommes et même vieux Tunisiens qui faisaient la queue, hier (dimanche), devant les bureaux de vote jusque tard dans la soirée.
On a eu beaucoup de plaisir à voir les visages illuminés de nos frères tunisiens impatients de glisser ce fameux bulletin dans l'urne après avoir choisi librement leur candidat dans le secret de l'isoloir. On devinait aisément la béatitude d'un peuple longtemps brimé, humilié par un prêt-à-penser politique qui les aura réduits à de simples sujets obéissants d'une monarchie sans couronne. Ils étaient visiblement fiers, ces Tunisiens, de pouvoir enfin participer à la prise de décision dans leur pays sans risque de se faire embarquer par la police politique de l'ancien régime. Au-delà des résultats, on notera surtout l'esprit républicain qui aura rythmé l'élection historique de l'Assemblée constituante en Tunisie. Un sursaut démocratique qui force le respect, y compris de l'autre côté de l'Atlantique.
Le président américain Barack Obama a surfé une nouvelle fois sur le thème du changement. Pour lui, les Tunisiens ont tout simplement «changé le cours de l'histoire». C'est dire que ce premier scrutin libre et pluraliste en Tunisie est un véritable cours de pratique politique qui devrait être dispensé dans tous les autres pays arabes en guise de manuel d'exercice de la démocratie. Le fait est qu'il n'y a eu ni dépassement, ni urne à double fond comme en Algérie, ni coupure d'électricité pour triturer les résultats en faveur de la clientèle du pouvoir. Non, les novices tunisiens ont appris vite et bien les bonnes manières. Ils ont compris qu'il y allait de la crédibilité de la République à laquelle ils veulent donner naissance. Ils avaient à cœur de faire en sorte que le sang non encore séché de Bouazizi et des 300 martyrs de la démocratie ne soit pas entaché par un hold-up électoral qui cataloguerait la Tunisie dans la rubrique peu glorieuse des républiques où la fraude est une constante nationale.
Pari gagné avec brio pour nos voisins, qui ont eu l'intelligence de faire exactement le contraire de ce qui se fait en Algérie. Ils ont déjà jeté les jalons d'une pratique politique saine où le mercato des élus, l'achat des voix, la manipulation des résultats n'ont pas droit de cité. Sur ce plan, force est de constater que le pouvoir algérien vient de recevoir une belle leçon de démocratie. L'équipe dirigeante en Tunisie lui a proposé un mode opératoire complexant par sa transparence malgré le manque d'expérience. Et pour cause, les urnes algériennes – toujours en bois – donnent invariablement le trio FLN-RND-MSP dans l'ordre ou dans le désordre depuis plus d'une dizaine d'années. Alors oui, Obama a raison : les Tunisiens ont changé le cours de l'histoire. Dans le bon sens évidemment.

Tunisie : «Ne pas sombrer dans l'hystérie»
Politis - Le parti islamiste Ennahda devrait sortir vainqueur du premier scrutin libre organisé en Tunisie ce dimanche pour élire la future Assemblée constituante. Kader Abderrahim, chercheur à l'Iris, salue le scrutin comme une « réussite historique » et dénonce les réactions européennes face au succès des islamistes.
Neuf mois après la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, les Tunisiens se sont rendus aux urnes dimanche 23 octobre pour élire une assemblée constituante. Les islamistes devraient s'imposer comme la première force politique, d'après les premières estimations. À quelques heures du résultat officiel attendu aujourd'hui, Kader Abderrahim, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Maghreb, salue un scrutin historique et appelle l'Europe à ne pas tomber dans «l'hystérie».
Le premier scrutin tunisien libre s'est-il déroulé de façon démocratique ?
Il n'y a pas eu d'incident notable et le taux de participation a dépassé tout ce que nous pouvions imaginer [90% d'après la commission électorale]. Ce scrutin était difficile à organiser, car des hommes de l'administration de l'ancien régime sont toujours en place. Des centaines d'observateurs, notamment européens, ont été déployés dans tout le pays pour s'assurer de son bon déroulement. Des problèmes pourront toujours apparaître ici ou là, mais c'est une réussite et surtout une grande première depuis l'indépendance de la Tunisie il y a 55 ans.
Ennahda, le parti islamiste, est en tête du scrutin, d'après les estimations. Beaucoup d'Européens ont exprimé des inquiétudes. Qu'en pensez-vous ?
Il ne faut pas que la France et les Européens sombrent dans une hystérie qui consiste à dire que les islamistes sont des démons. Ce ne sont ni des anges, ni des démons : ce sont des professionnels de la politique, capables - comme tous les responsables politiques - de tenir un double discours et de faire des promesses. Mais il ne faut pas leur faire de procès d'intention. Il faut rester extrêmement mesuré. S'ils sortent vainqueurs, ce sera l'expression des Tunisiens. Il faudra la respecter et ne pas reproduire les erreurs du passé, notamment celles commises en Algérie.
Pendant 25 ans sous le régime Ben Ali et même sous Habib Bourguiba [chef de l'Etat tunisien de 1957 à 1987], les islamistes étaient le courant le plus réprimé par le pouvoir. Il faut aussi garder cela en mémoire.
Par ailleurs, les islamistes qui n'ont pas d'expérience de gouvernement ont clairement dit qu'ils ne voulaient pas gouverner seuls. Ils sont au contraire favorables à un gouvernement d'unité nationale.
Je pense aussi qu'il faut rappeler qu'historiquement, la France était une démocratie avant de devenir une République laïque. Il ne faut pas chercher à imposer des modèles tout fait. La Tunisie se trouve dans une autre ère culturelle et civilisationnelle. Il faut laisser le choix à la société tunisienne de suivre son propre chemin.
La gauche tunisienne peut-elle selon vous se rassembler pour parler d'une seule voix ?
Elle le devrait, malheureusement ce n'est pas ce que nous avons vu. J'ai été très choqué de voir que cette campagne a été entièrement axée contre Ennahda. Je pense en particulier au PDP [Parti démocratique progressiste], de Mr Chebbi. En politique, quand on n'a pas de convictions à défendre et qu'on ne fait qu'attaquer les autres, on a peu de chances d'être entendu par ses concitoyens. Pour être audible, le PDP doit élaborer un projet politique. Aujourd'hui, c'est un vide abyssal en termes de propositions.

Richesse
Le quotidien d'Oran - Il est trop tôt pour avoir une idée de la configuration politique du pays décidée par les Tunisiens, qu'ils votent ou qu'ils s'abstiennent. Mais on peut déjà constater que le scrutin s'est déroulé correctement, avec une bonne organisation et un très fort sentiment de fierté chez les voisins. Tourner la page de la dictature et aller vers une démocratie pluraliste n'est pas une sinécure. Et on peut penser que les Tunisiens, malgré des appréhensions normales, ont le moyen de le réussir.
Hier (dimanche), à la mi-journée, le président de la commission électorale, Kamel Jendoubi, notait que l'affluence a dépassé «toutes les attentes» et que le taux de participation pourrait dépasser les 60%. Appréciable. Mais il est aussi significatif que l'on considère que 60% de votants est un bon score dans un pays où les élections frôlaient – comme dans tout système policier les 100%. La Tunisie avance. «Je vote, donc j'existe». Ce n'était pas une vaine phrase chez de très nombreux Tunisiens, très excités ou enthousiastes à l'idée qu'ils sont en train d'accomplir un acte fondateur.
Cette excitation, voire allégresse, est à la mesure d'un étouffement et d'une affliction qui ont duré de très longues décennies. Ce sentiment de dignité arrachée est inestimable. Et on voudrait croire que les Tunisiens de toute obédience veilleront à ce que la sortie de la dictature soit définitive et que plus jamais ils n'en accepteront le retour, sous quelque forme que ce soit.
En attendant de décortiquer les résultats d'un vote historique qui permettront de connaître le poids des différentes forces politiques – celui d'Ennahda est particulièrement attendu, il y a déjà quelques enseignements à tirer. Le plus important est que la compétition politique est restée dans les limites de la bienséance et n'a pas dérapé. La transition vers les élections a été réussie, y compris par les débats et les polémiques sur la manière de l'organiser. Il est difficile de ne pas comparer avec le côté chaotique, anxiogène de l'ébauche de transition en Algérie. Il y avait dans la focalisation de certains courants modernistes tunisiens une focalisation sur Ennahda qui dépassait le niveau de la compétition politique. Une sorte de volonté d'exclusion qui est une fausse réponse à un vrai problème pour tous les mouvements de gauche, au Maghreb comme dans le reste du monde arabe. Le courant islamiste en Tunisie, comme ailleurs, est en concurrence sur le territoire des classes populaires avec les mouvements de gauche ou, pour faire plus large, ceux qui défendent la justice sociale et le progrès. Ceci est un fait. Mais l'argument de l'exclusion souhaitée ne doit pas cacher que ces mouvements de gauche ont déserté les territoires populaires et qu'ils font face à une crise durable du militantisme.
Au lieu d'aller sur le terrain idéologique des islamistes, c'est le terrain de la société et des classes populaires qu'il faut réinvestir. Les mouvements de gauche doivent réinventer le militantisme, sachant qu'il faudra faire avec les islamistes et qu'ils ne pourront être exclus par l'arbitraire et la prison, comme ce fut le cas sous Ben Ali.
Mais l'enseignement le plus fort à tirer est l'extraordinaire richesse humaine des Tunisiens. Celle-là même qu'un régime étouffait en appauvrissant le pays. Et c'est cette richesse humaine qui permettra la réussite d'une transition démocratique qui ne peut que devenir un exemple. Dans tout le monde arabe, cette réussite aura un impact fantastique. Et on ne sera pas étonné qu'après une telle réussite, le mot d'ordre, de l'Atlantique au Golfe, sera : «Nous voulons tous être des Tunisiens».

L'euphorie démocratique tunisienne
Le soir (Belgique) - Les Tunisiens sont allés voter en masse ce dimanche à travers tout le pays. Avec fierté, avec émotion, avec dignité, et aussi avec la conscience aiguë d'écrire la plus belle page de l'Histoire de leur pays depuis l'indépendance de 1956. Il y avait là quelque chose de très émouvant pour ceux qui, comme ce journal, ont suivi l'évolution – la déprimante stagnation, doit-on plutôt dire – de la Tunisie entre 1992 et 2010.
Ce scrutin destiné à élire une assemblée constituante se présente comme la première étape formelle dans l'établissement d'une démocratie, la première dans un monde jusqu'il y a peu seulement composé de tyrannies. C'est dire si les yeux de toute la région étaient rivés sur le comportement de cette population, celle d'un modeste pays d'où est parti, fin décembre, un mouvement de protestation aux effets irrépressibles dans l'ensemble des pays arabes.
Désormais, la Tunisie fait l'objet d'une vraie admiration de la part des pays frères, avec son statut neuf de locomotive démocratique régionale. Qui l'eût cru il y a un an à peine ?
Ce tableau n'est pas idyllique, certes. Car les dangers ne manquent pas. L'islamisme, puisque le parti Ennahda devrait selon tous les observateurs arriver en tête, est souvent pointé du doigt en Occident. Mais les islamistes, eux, savent que la principale difficulté se trouvera dans la capacité des nouveaux dirigeants – et ils espèrent en être – à apporter des réponses à la misère qui étreint une partie importante de la population.
C'est d'ailleurs pourquoi des jeunes comme Nina Ben Mhenni, la blogueuse qui était devenue une des icônes de la révolution tunisienne, avait fini par annoncer son abstention. La révolte contre la tyrannie, pour la dignité, pour la justice et pour le droit au travail, devra être entendue par le nouveau parlement tunisien, quelle que soit sa couleur dominante.
Or la Tunisie n'est pas encore sortie des eaux troubles de son passé. La tête du système corrompu a été coupée, mais ses ramifications, ses métastases, demeurent. Puissent les nouveaux dirigeants, avec l'aide de l'Union européenne qui a beaucoup à se faire pardonner, réussir la mue démocratique tant chérie par la population.


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