Depuis la victoire électorale, les salafistes, en retrait sous l'ère Ben Ali, sont de plus en plus présents dans la société tunisienne. Depuis novembre 2011, une vingtaine de salafistes ont investi la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba. Ils entendent imposer aux étudiantes de porter le niqab, le voile intégral, pour celles qui le souhaitent en cours ou lors des examens. Des agressions contre les enseignants, le doyen, les étudiants…mais les autorités tardent, toujours, à intervenir. Le gouvernement a choisi d'être sourd et indifférent à cet appel ! Trois mois après, le même scénario se répète. Dans la matinée du mardi 24 janvier 2012, un groupe de salafistes fait irruption dans l'enceinte de la Faculté de la Manouba (lire notre article). Les salafistes tentent d'empêcher le déroulement des examens, en défonçant les portes de la salle d'examen et en cassant les vitres. En l'absence des forces de sécurité, les professeurs se sont opposés eux-mêmes au groupe. C'est quand même grave : absence totale de l'armée, des forces de l'ordre et du gouvernement ! A Sousse, aussi, les salafistes ont fait irruption dans un foyer universitaire (lire notre article). Sejnane, Manouba, Sousse….et le gouvernement est toujours léthargique. La bonne gouvernance c'est « de mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut », or M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est dépassé par les événements. Il serait dans l'incapacité de pouvoir trancher et de prendre une position claire et nette. Il a choisi de garder le silence. La situation s'aggrave jour après jour. Les salafistes seraient-ils au dessus des lois ? Leurs agissements risquent de provoquer des failles importantes parmi la majorité. Si cette « mascarade » continue, la Tunisie va perdre la confiance de gens qui souhaitent un « vrai » Islam, celui de la tolérance, avec une véritable ouverture pour ne pas revenir à l'obscurantisme. Les universités doivent demeurer des sanctuaires du savoir et ne pas être le terrain de tentatives d'intimidations. Bravo aux enseignants qui remplissent un rôle qui n'est pas le leurs, celui d'assurer la défense de leur faculté. La liberté d'expression est un droit garanti par les constitutions de presque tous les pays du monde. Elle ne signifie certainement pas exclusion. Pour les salafistes, la démocratie est une bête noire qu'il faut détruire coûte que coûte. Ainsi, l'émergence du salafisme constitue non seulement une menace pour la Tunisie, son expansion ne va pas détruire la démocratie seulement, mais elle va également permettre à des parties étrangères de déclencher la « sédition » au nom de l'islam. Il va sans dire que le pays a besoin de tous les citoyens, de divers horizons, pour bâtir sa force et sa gloire. Le gouvernement doit bouger et prendre des décisions énergiques. Où sont les belles promesses d'avant les élections ? La Révolution de la liberté et de la dignité peut-elle s'accommoder d'individus rétrogrades et obscurantistes, dont le seul souci consiste à détruire les acquis de la Tunisie ?