« Le système financier tunisien : un nouveau mode de gouvernance au service de la performance économique » a fait l'objet d'un colloque international organisé jeudi 2 février à Tunis. Des cadres du secteur financier, des universitaires et des experts nationaux et internationaux ont pris part au débat. Le gouverneur de la banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, a fait savoir que la Tunisie a été confrontée à une mauvaise gouvernance. Celle-ci s'est manifestée par l'interférence du politique à tous les niveaux à savoir la violation systématique des règles de droit, l'arbitraire de l'administration, la non transparence et la corruption : « L'absence de visibilité a étouffé l'investissement local et étranger et empêché les entreprises d'utiliser pleinement leurs capacités productives à travers le gaspillage des ressources. Ce dysfonctionnement n'a pas épargné le secteur bancaire. La confusion entre le rôle de régulation et de gestion au niveau de la BCT et des banques, le manque de transparence, la faiblesse des mécanismes de responsabilisation au niveau des banques ont été à l'origine de ce dysfonctionnement ». M. Kamel Nabli a appelé, en outre, à assurer la stabilité des prix comme objectif ultime de la politique monétaire et rendre la politique monétaire plus prospective. Il a appelé ainsi les banques centrales à être plus responsables vis-à-vis du public et à coordonner étroitement les politiques fiscales et monétaires du pays. M. Amor Tahari, consultant international et ancien directeur adjoint au FMI, a indiqué que la bonne gouvernance est la clé de la réussite économique et sociale et que la mauvaise gouvernance nuit manifestement à l'activité et au bien-être économique et social. Il a souligné que le rôle des autorités de contrôle est essentiel pour promouvoir des pratiques solides : « La gouvernance d'entreprise fait partie intégrante de la protection des déposants ». En 2010, la part des créances classées dans le total des crédits bancaires est restée très élevée (12,1%) en Tunisie. Elles sont en décalage par rapport à d'autres pays émergents (Chili 2,7%, Malaisie 3,4%, Turquie 3,2%). Le taux de provisionnement des créances classées a été de 59,6% en Tunisie, loin de l'objectif de 70% assigné et en dessous des niveaux atteints par d'autres pays émergents (Chili 200,7%, Thaïlande 117%, Turquie 83,8%). La rentabilité des banques tunisiennes a été également plus faible que dans d'autres pays émergents puisque le ROA n'a pas dépassé 1% en Tunisie alors qu'il a été de 1,7 % en chili et de 2,2% en Turquie tandis que le ROE a été de 12% comparé à 20,7% en Chili, 16,6% en Malaisie et 16,4% en Turquie. M. Tahari a appelé à une législation bancaire conforme aux principes fondamentaux de bonne gouvernance qui a un impact positif sur l'efficacité des politiques monétaire et financière, notamment en améliorant la confiance des agents économiques, des déposants et des investisseurs dans le système financier. La bonne gouvernance réduit également les coûts des transactions financières. Elle permet aussi une meilleure transmission des politiques monétaires à travers l'économie.