TUNIS (TAP) - «La Tunisie avait un potentiel plus élevé que sa croissance moyenne enregistrée (+4,5%) n'était-ce la mauvaise gouvernance du système financier», a révélé M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Lors d'un colloque international sur «le système financier tunisien: Un nouveau mode de gouvernance au service de la performance économique», organisé, mercredi, à Tunis, M. Nabli a ajouté que le taux de croissance moyen de 4,5%, était manifestement insuffisant pour répondre aux demandes d'emplois additionnels. Cette mauvaise gouvernance et la structure productive héritée des années 90 et devenue inadaptée ont engendré un secteur financier peu développé et un déséquilibre régional en dépit des caractéristiques fondamentales de l'économie en terme de développement du capital humain, stabilité macro-économique... La Tunisie était ainsi confrontée à une gouvernance qui se manifestait par l'interférence des politiques à tous les niveaux. Elle se caractérisait par la violation systématique des règles de droit, l'arbitraire de l'administration dans plusieurs domaines, la corruption et l'absence d'obligation de rendre des comptes au public. Le gouverneur a, par ailleurs, imputé la vulnérabilité du secteur bancaire à la faiblesse des mécanismes de responsabilisation au niveau des banques et l'intervention de la sphère politique dans l'octroi des crédits et de la gestion des banques. Il a rappelé, dans ce cadre, le constat fait sur l'état de la gouvernance des banques, lequel a révélé la confusion au niveau bancaire entre les organes de décision et de contrôle ainsi que le manque de compétences dans les structures de gestion. A ce titre, la BCT a publié une circulaire sur la bonne gouvernance afin d'asseoir une gestion saine et prudente qui assure la pérennité des établissements de crédits. Cette circulaire comporte les réformes qui seront engagées au cours de 2012, lesquelles visent à instaurer le principe de la séparation entre la fonction de la direction et celle du contrôle au sein des banques, à développer l'appréciation des risques et à assurer une politique de communication adéquate. La bonne gouvernance ne concerne pas que les établissements de crédits et leur gestion, elle concerne aussi la BCT surtout en relation avec la politique monétaire, a-t-il avancé. Le succès de la politique monétaire de la BCT dépend d'un certain nombre de principes fondamentaux, à savoir sa capacité à assurer la stabilité des prix, à rendre la politique monétaire plus prévisible et à coordonner les politiques monétaire et budgétaire du pays, a fait savoir M. Nabli. M. Amor Tahari, Consultant international et ancien directeur adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), a recommandé de mener des audits externes exhaustifs et indépendant des banques commerciales, d'élaborer un plan de réduction des créances douteuses et d'initier la mise en place du Bale II et de se préparer au Bale III. Parmi les actions, à être mises en œuvre, le renforcement des autorités de contrôle et de surveillance et l'application des dispositions de la circulaire de la BCT de 2011-06. Ce colloque a été organisé à l'initiative de la BCT, la Bourse de Tunisie, l'Académie des Banques et Finances (ABF) et l'Association professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APTBEF).