La neutralité de l'administration face à la pluralité des partis a fait l'objet d'un déjeuner-débat mercredi 15 février à Tunis. L'événement est organisé par le Centre des jeunes dirigeants (CJD) en collaboration avec la Konrad Adenauer. C'est une occasion pour les entrepreneurs notamment les jeunes dirigeants d'exposer leurs préoccupations et leurs attentes en matière de neutralité de l'administration. M. Ghazi Ghrairi, porte parole du comité de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la réforme politique et de la transition démocratique, a fait savoir que pour garantir la neutralité de l'administration, il faut instaurer un cadre législatif et réglementaire approprié : « Ce cadre va permettre aux agents publics de garder leur neutralité. Il faut intégrer les principes fondamentaux de la neutralité dans la formation des administrateurs. Les gouverneurs et les différents gouvernements qui arrivent au pouvoir ne devraient pas donner le feu vert à l'administration de gérer selon ses préférences idéologiques. Cependant, l'administration ne doit pas être neutre tout le temps sinon elle tombe dans la passivité. La neutralité peut prendre des formes différentes. Ce n'est pas une question tellement de droit mais plutôt un état d'esprit, d'ambiance et d'atmosphère qu'on doit le mettre en place ». Mme. Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) a insisté sur l'instauration d'une administration transparente et neutre au service du citoyen sans être attachée à aucun parti : « Le souci majeur du Tunisien aujourd'hui est l'employabilité. On doit préserver l'emploi et arrêter les grèves et les sit-in non réglementaires. La situation économique et sociale du pays demeure précaire. Les investisseurs étrangers gardent la distance en raison de l'absence d'une visibilité claire. Il est temps de les convaincre. Il faut unir pour véhiculer l'image que mérite notre pays ». Selon la responsable, un groupe d'investisseurs français prévu de venir en Tunisie en mars a annulé la visite en raison de l'instabilité de la situation du pays. Selon les jeunes dirigeants, la neutralité est l'égalité d'accès aux services et au fonctionnement de l'administration indépendamment de l'appartenance politique, religieuse ou éthique. Dans un reportage de 10 mn diffusé par le CJD lors de cette rencontre, les jeunes dirigeants ont appelé à une administration transparente et au service du citoyen et de la collectivité. Ils ont appelé également à une administration qui ne fait pas de différence entre les partis et les personnes. Certains ont appelé à créer un système de contrôle garantissant les procédures et les systèmes tout en s'interdisant de toute discrimination politique, sociale ou religieuse. Un tribunal administratif neutre efficace et indépendant a été aussi recommandé. Les jeunes ont appelé aussi à l'autonomie et à la liberté de la presse. Ils ont recommandé en outre d'instaurer une veille permanente de la société civile, une charte ou un code de conduite pour assurer un service de qualité à tous les citoyens, et une gestion efficace des ressources humaines dans le secteur public ( recrutement, carrière, coaching, formation…).