Les manifestations progouvernementales ressemblent à s'y méprendre, les hordes et les milices de Ben Ali. Celle du vendredi 24 février 2012 présente à l'opinion publique internationale un aperçu de ce que sera la Tunisie sous le gouvernement Jebali. Il est évident que ce dernier cherche à bâillonner et à museler l'information. Il n'a pas cessé d'ailleurs d'accuser les médias des maux dont souffre le pays, à cause de son propre échec à traduire dans les faits les exigences de l'étape et à tenir ses promesses électorales. Voilà que d'opprimés et d'oppressés, les militants et prisonniers d'hier redeviennent les bourreaux de la liberté d'expression, de la liberté de penser, de l'indépendance des médias, du droit à la différence… Le visa accordé à une association, un genre de police religieuse comme on en voit en Arabie Saoudite, est une illustration des visées des pouvoirs en place. Le port du voile, sinon du niqab, serait obligatoire. Ce serait l'un des préceptes de la religion, aux dires des docteurs es-Islam. Qu'en pense la gent féminine ? Il n'échappe à personne que les salafistes sont protégés, voire encouragés, par le mouvement Ennahdha, à cause de sa complaisance au moins. A-t-on tort dès lors d'y voir le bras armé de la mouvance islamiste ? Comment peut-on considérer des énergumènes qui affichent leur violence et leur ferme opposition au processus démocratique, comme des personnes porteuses d'une culture et pacifiques ; sans crainte aucune pour le peuple, à en croire Rached Ghannouchi ? Les exemples de leur pacifisme musclé ne manquent pas : la Manouba ; Sousse, Sejnane, Bir Ali Ben Khelifa, Dar Chaabane, Jendouba… Les maisons de Dieu sont devenues des refuges pour des terroristes. Les Nahdhaouis, passés maître dans la maîtrise du double langage, et leurs alliés, savent d'expérience que la violence appelle la violence. S'ils cherchent provoquer les Tunisiennes et les Tunisiens, ils doivent assumer la responsabilité de la réaction vigoureuse des forces de l'opposition et de la société civile. La Révolution ne permettra pas d'être prise en otage par des réactionnaires qui se sont rangés du côté de la répression et de la dictature sous le maquillage d'une pseudo démocratie. Lorsqu'on touche à la liberté de la presse, on a franchi une ligne rouge fatale. L'un des acquis les plus chers de l'après 14 janvier 2011 ne sera jamais souillé. Rien ne sera plus comme avant !