Ameur Larayedh, membre de l'Assemblée nationale constituante, du mouvement Ennahdha, a proposé « la privatisation du secteur médiatique nationale ». Prenant part à un débat télévisé sur Al Wataniya 1, portant sur « les objectifs de la Révolution et les empêchements à leur réalisation », le député s'est expliqué : « il s'agit d'une idée qui pourrait avoir l'unanimité. Nous pourrons organiser un referendum portant sur cette même idée. Comme vous pourrez, s'adressant à l'animateur de l'émission, déléguer l'un de vos groupes pour interviewer les Tunisiens dans les rues, et je suis certain qu'ils feront montre de leur insatisfaction du rendement des médias ». Selon M. Larayedh, plusieurs hommes d'affaires tunisiens pourraient être intéressés par cette privatisation des médias publics, soulignant dans la foulée que « nous voulons dire par ceci un groupe d'hommes d'affaires disposant d'un capital national. Comme nous imposerions une panoplie de règles auxquelles devront se soumettre les éventuels acquéreurs de nos médias publics ». On ne sait pas cependant ce que l'élu du peuple veut dire par « médias publics », veut-il dire seulement la privatisation de la Télévision Nationale, ou compte mettre à la vente l'ensemble des radios nationales et régionales au plus disant ? Et puis cette stratégie, n'existant nulle part ailleurs, sauf « aux Etats Unis, qui a connu une Révolution », explique-t-il, ne fera pas de la Tunisie un cas unique, alors que l'ensemble des pays frères et amis disposent d'un secteur médiatique public fort et ancré dans ses traditions. On comprend « le casse-tête » que représentent les médias pour le mouvement Ennahdha et pour le gouvernement de la Troïka, mais est-ce que la privatisation d'un bien public tel que les médias publics va subitement doter nos lustres gouvernants d'un nouveau surprenant savoir-faire politique les aidant à réaliser « les objectifs de la Révolution » que Ameur Larayedh était allé discuter ? Il s'agit là d'un personnage dont le nom a retenti massivement comme promu à être l'ambassadeur de Tunisie à Paris. On peut alors imaginer comment les dossiers brûlants et classés entre Tunis et Paris pourraient être traités sous sa houlette !