Une conférence de presse a été tenue lundi 25 juin 2012 sous le thème « le phénomène tortionnaire en Tunisie, prévention, justice et réhabilitation des victimes ». Cette conférence, tenue par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme à l'occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, a été l'occasion d'évoquer la présence en Tunisie postrévolutionnaire d'actes de torture et de violations documentées des droits de l'Homme dans les postes de police et les établissements pénitentiaires. Le secrétaire général de l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture, Mondher Charni, a imputé au gouvernement tunisien l'entière responsabilité de tout ce qui peut arriver à l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, en raison de la situation sécuritaire instable en Libye et de l'absence des conditions d'un procès équitable. La militante Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l'Association de lutte contre la torture, a estimé pour sa part que l'extradition de Baghdadi Mahmoudi est une décision honteuse pour le gouvernement et contraire aux conventions internationales ratifiées par la Tunisie. Mme. Nasraoui a ajouté sur un autre plan que des plaintes sont parvenues à son Association après la Révolution, mentionnant la poursuite de la pratique de la torture dans les postes de police et dans les prisons. Elle a estimé qu'il y a absence de volonté réelle dans le pays de mettre fin à la torture comme le prouve l'inexistence de procès impliquant des tortionnaires -à l'exception de celui de Baraket Sahel-. Ceci, a-t-elle ajouté, malgré la disponibilité d'une loi incriminant cette pratique depuis 1999 et l'adhésion de la Tunisie à la convention internationale de lutte contre la torture. Dans ce contexte, les participants à la conférence ont souligné la poursuite des agissements de l'ancien régime, telles que les opérations d'enrôlement abusif, l'intrusion par la force dans les domiciles et les arrestations arbitraires. « La pratique de la torture notamment avec les chocs électriques s'est poursuivie dans les geôles tunisiennes durant la période révolutionnaire », a indiqué la présidente de l'Organisation « liberté et justice », Imen Triki. Ces pratiques ont été enregistrées lors des interrogatoires des accusés, impliqués dans les évènements de Bir Ali Ben Khlifa, a-t-elle précisé. D'autre part, Abderraouf Attia, agent de police dans l'administration pénitentiaire, a annoncé lors d'une conférence de presse qu'il a tenu lundi 25 juin, que plusieurs dépassements graves sont d'actualité dans les prisons après la Révolution, tel que la torture des prisonniers. Il déclare avoir été témoin d'un acte de viol sur une prisonnière dans une prison et que l'introduction de la drogue se faisait sans aucun soucis. Abderraouf Ayadi, qui n'a pas gardé le silence sur ces différents abus, a été appelé à comparaître devant le juge au tribunal de première instance de Sousse ce mardi 26 juin.