Le Centre tunisien de veille et d'intelligence économique, CTVIE, a organisé, vendredi 13 juillet 2012, à l'Institut arabe des chefs d'entreprises, IACE, une table ronde autour du thème « Dégradation de la notation S&P de la Tunisie : une feuille de route ». L'objectif de cet important événement est de faire ressortir les déficiences pointées par l'agence de notation et de rendre compte des aspects de résurgences envisagés par S&P. Walid Belhadj Amor, président du CTVIE, a ainsi déclaré que son institut envisage de présenter une feuille de route comportant des solutions qui s'articulent autour de mesures aussi bien urgentes que structurelles à plus long terme. M. Belhadj Amor a fait savoir que les incertitudes politiques à moyen terme vont persister, au moins jusqu'à l'adoption d'une nouvelle constitution et l'élection d'un gouvernement : « Nous n'anticipons pas cela avant mi 2013 ». M. Belhadj Amor estime que le déclassement de la Tunisie de la catégorie investment grade est préjudiciable. Cette dégradation entrainera en fait une hausse du coût des nouveaux emprunts souverains de la Tunisie sur les marchés internationaux, par suite de la hausse de la prime de risque de crédit. Du fait que la dette extérieure de la Tunisie est contractée en moyenne à hauteur de 27,8% au titre des émissions obligataires sur les marchés financiers internationaux et de 9,5% au titre de créances bancaires privées, l'accroissement de l'écart de taux aura certainement une incidence directe néfaste, non seulement en matière de renchérissement des coûts des nouvelles mobilisations escomptées d'emprunt extérieurs et de resserrement des conditions de financement, mais aussi en termes de risque de hausse du taux d'intérêt sur près de 21% de la dette extérieure à moyen et long terme contractée à taux variable. Moncef Ben Slama, président de la Commission des experts relevant de l'instance, a présenté certaines recommandations qualifiées d'urgentes. On note l'appel à stabiliser le cadre politique par l'annonce d'un calendrier clair et bien défini sur la tenue d'élections libres et démocratiques, les modalités d'assainissement des rouages de l'Etat et de l'économie, et la mise en place de règles et mécanismes transparents. M. Ben Slama a également indiqué qu'il est urgent de réinsérer au plus vite les sociétés confisquées dans le circuit « actif » pour tirer un meilleur rendement social de ces actifs devenus publics, au moyen de la simplification des procédures et devant ainsi activer la levée de la situation de « standby » en sous-emploi que connaissent les sociétés agricoles.