...selon S&P La dégradation de la notation Standard and Poor's de la Tunisie a fait, depuis le 23 mai, couler beaucoup d'encre et suscité des réactions diverses où chacun essayait d'identifier les responsables d'un tel déclassement. A rappeler que l'abaissement de deux crans de la note de la dette à long terme de la Tunisie en monnaie locale et étrangère de BBB- à BB et celle du crédit émetteur de la BCT de BBB- à BB stable a relégué la Tunisie dans la catégorie des emprunteurs spéculatifs. Aujourd'hui et plus d'un mois après la décision prise par S&P, le Centre tunisien de Veille et d'intelligence économique (Ctvie) relevant de l'Institut arabe des chefs d'entreprise (Iace) a décidé de revenir sur la question avec du recul. Le but étant d'identifier les causes réelles de cette décision et de proposer des pistes qui sauraient permettre au pays de sortir de la morosité. Une table ronde a été organisée, à cet effet, hier au siège de l'Iace. Ont pris part au débat MM. Walid Belhadj Amor, président du Ctvie, Ali Chebbi, conseiller du chef du gouvernement, Ghazi Boulila, DG-Crefm à la BCT, Mohamed Haddar, président de l'Association des économistes tunisiens, et Nizar Bahloul, DG de Business News. Moncef Ben Slama, président de la commission des experts, a présenté, à cette occasion, une étude qui revient sur les causes de la dégradation de la note de la Tunisie et propose des recommandations à court et à moyen terme pour permettre au pays de redorer son image et de gagner en crédibilité. Il souligne que les impacts négatifs attendus du ralentissement économique en Europe ont, dans une certaine mesure, motivé la dégradation de la Tunisie par l'agence S&P. Il rappelle que ce déclassement survient après la dégradation et le placement sous surveillance négative des notes souveraines de la Tunisie opérées par les principales agences de rating en 2011. L'étude revient, en outre, sur les principales causes qui ont motivé la décision de l'agence S&P dont des performances économiques en deçà des attentes, des incertitudes politiques, l'incapacité proactive du gouvernement, les moins-values de croissance transmises à partir de la zone euro, la dette publique et les difficultés sociales de réajustement, la vulnérabilité de la position extérieure, la fragilité du système bancaire. Par ailleurs, souligne M. Ben Slama, l'agence met en exergue certains facteurs qui rendent compte de l'aptitude au redressement progressif dont une perspective stable , l'accès au financement officiel et les capacités de résilience. S'agissant des impacts que peut entraîner le déclassement de la Tunisie, le conférencier note que cette dégradation entraînera notamment une hausse du coût des nouveaux emprunts souverains de la Tunisie sur les marchés internationaux et ajoute que l'augmentation de l'aversion au risque Tunisie risque d'induire un effet de détournement à l'égard de la détention de la dette souveraine tunisienne par certains investisseurs et fonds de pension étrangers. Il souligne, enfin, que l'incidence négative de la dégradation devrait être tempérée dans la mesure où un accord vient d'être signé entre les Etats-Unis et la Tunisie. Lequel accord donne à la Tunisie la possibilité d'emprunter sur les marchés internationaux avec la garantie des Etats-Unis. L'étude propose, par ailleurs, une série de recommandations dont certaines sont urgentes et à court terme et d'autres sont structurelles et à long terme. Il s'agit, principalement, d'assurer un préalable politique propice (le gouvernement transitoire est appelé à ce propos à stabiliser le cadre politique par l'annonce d'un calendrier clair et bien défini sur la tenue d'élections libres et démocratiques), de conduire des ajustements macroéconomiques où on veillera, notamment, à régulariser la situation des sociétés confisquées et à reconsidérer les questions de dette publique, de dépenses publiques et d'inflation. Des ajustements financiers sont, également, nécessaires. En effet, «la pénurie de fonds prêtables moyens et longs destinés à financer des projets à maturité différée, comme l'insuffisance de capitaux, risque de provoquer des déficiences notables du système bancaire et financier. Aussi est-il requis d'orienter davantage le secteur bancaire vers sa première mission, à savoir le financement du développement», relève encore le conférencier Veiller à garantir l'indépendance de la BCT et revaloriser le rôle de la Bourse sont d'autres recommandations préconisées par l'étude.