La Tunisie est considérée avoir une liberté financière limitée, un système bancaire de petite taille et fragmenté, ce qui pénalise l'accès au crédit du secteur privé national, en élevant le coût du crédit. C'est ce qu'a révélé le récent rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD), intitulé «Tunisie : Défis économiques et sociaux post-révolution». Bien que les PME représentent plus de 80% des entreprises du pays, elles ne bénéficient que de 15% des prêts bancaires. D'autre part, les prêts immobiliers représentaient 21% de l'ensemble des prêts en 2009, notamment des prêts-logements. De même, les prêts aux PME sont généralement consentis contre des garanties, sans évaluation de leurs potentiels d'affaires. Le manque de capacité des banques à évaluer les risques et potentiels des PME en matière d'affaires entrave leur accès aux financements et l'introduction d'innovations dans le secteur industriel tunisien. Le secteur bancaire a joué un rôle clé dans la mise en œuvre de la politique gouvernementale, indique le rapport, à travers les prêts aux entreprises publiques, mais a également été progressivement affecté par le comportement de recherche de rentes de l'entourage de l'ancien président. «Les banques tunisiennes ont souffert de la faiblesse de gouvernance d'entreprise. Sous l'ancien régime, leurs décisions de prêts et leurs structures d'actionnariat étaient sujets aux interférences politiques», affirme l'auteur du rapport. Dans le passé, les banques publiques avaient initialement été créées en vue de soutenir le développement de secteurs spécifiques tels que le logement, l'agriculture, le tourisme et l'industrie. En 2001, ces banques publiques de développement ont été transformées par des fusions, à des banques universelles et ce suite à la loi sur le système bancaire universel. En effet, elles ont hérité tant de la tradition d'octroi de fonds à des secteurs spécifiques que des taux élevés de prêts non performants (PNP). «Ceci est particulièrement vrai pour la STB, fusionnée avec la BNDT (Banque nationale de développement touristique), et qui continue d'être affectée par les PNP du secteur touristique», précise le rapport.