Je connais un endroit où les vaches sont plus heureuses qu'en Inde. Bizerte ! Si, si, sans rire ! Voilà des décennies, sans jeu de mots qu'un troupeau d'une dizaine de bovidés, assurément renouvelé avec constance, sévit dans toutes les acceptions du terme dans les cités résidentielles périphériques de la ville, à « Al B'hira » plus précisément. Lors de leurs déplacements ces bêtes placides n'obstruent pas la chaussée, la constellant de leurs énormes bouses, c'est qu'elles se trouvent à proximité, le museau et les naseaux plongées dans les tombereaux d'ordures, se délectant de leurs contenus écœurants. Parfois, ces ruminants sont accompagnés d'un autre troupeau de caprins, lesquels sont particulièrement plus nuisibles et plus dévastateurs, car s'attaquant à tout, essentiellement à la verdure et aux clôtures fleuries des habitations. Et il est aussi fréquent que ces animaux soient accompagnés de meutes de chiens crasseux et peu rassurants. Le fait, devenu banal avec les années, n'émeut plus. Ni les passants devenus blasés et surtout soucieux de leur sécurité et de leur intégrité physique. Encore moins les autorités qui ne sauraient prétendre ignorer le fait, ayant été souvent alertés à coup d'articles de presse, voire de reportages télévisés. Mieux, des citoyens participant à un conseil municipal préparatoire et ayant évoqué le problème de ces animaux errants ont été sidérés d'entendre un précédent maire déclarer, à ce sujet, que l'on n'y pouvait rien « les propriétaires étant au-dessus de la loi ! » (sic !!) Il est vrai que la seule évocation du nom des propriétaires suscite une véritable frayeur : ils seraient nombreux, agressifs, vindicatifs, malveillants, hostiles…gare à celui qui s'y frotte ! gare à celui qui ose caresser une seule de leurs bestioles… On en est là ! A Bizerte, en ce début du 21ème siècle ! Où prolifèrent encore chiens errants, vaches, mulets, transports hippomobiles…au lendemain également d'une révolution visant à faire accéder les gens à la modernité mais aussi à mettre fin aux abus de toutes sortes. Pas seulement ceux des autorités mais ceux aussi de citoyens assurés, dans leur esprit de l'impunité. Tous les Bizertins clament haut leur ras-le-bol de ces spectacles anachroniques et réclament des autorités qu'elles mettent fin à ces aspects qui nuisent autant à l'environnement qu'aux gens.