Et voilà que le Mouled, anniversaire emblématique, s'il en faut, de la naissance du prophète Mohamed et tradition ancestrale, devient objet de discorde ! La remise en question d'un héritage socioreligieux obéit à des pratiques venues d'ailleurs et que certains tiennent à introduire, de gré ou de force, en cette terre, sans avoir ; au préalable, consulté les ayants droit naturels, ni demandé l'avis des premiers concernés, à savoir les Tunisiennes et les Tunisiens. Jusqu'où ira l'insolence des uns ? Jusqu'à quel seuil abusera-t-on de la patience des autres ? En fêtant comme il se doit cet événement, jeudi 24 janvier, le peuple a administré la preuve que la commémoration du Mouled est loin d'être une hérésie. Les semences de la discorde ont été répandues en même temps que d'autres phénomènes ostentatoires, tels que ces accoutrements bizarres, les tenues afghanes, les niqabs et les barbes entre autres. Ces agressions visuelles auraient été tolérées dans une société réputée pacifique et tolérante, parce que pétri dans une culture plusieurs fois millénaire. Mais, ces pratiques étranges sont accompagnées d'intimidations et de violences. De discours fumeux en menaces directes et non voilées, des énergumènes, mus par on ne sait quelle idéologie qui prône la violence sous forme de Djihad, sont aussitôt passés à l'action. Sous une enveloppe faussement religieuse, une poignée d'individus s'est emparée des lieux de culte, sous le regard ébahi des fidèles et avec le consentement des autorités en place. Elle compte probablement sur la complicité du pouvoir et aussi sur la crédulité d'une assistance encline à croire n'importe quel charlatan pourvu qu'il se drape du manteau de la religion. Sinon comment expliquer les incendies impunis de plusieurs mausolées, Sidi Abdelkader, Saïda Mannoubia, Sidi Ali Hachani, Sidi Abdelaziz, Sidi Bou Saïd et bien d'autres ? Les résultats de ces agissements, prévisibles de l'avis de toute personne dotée d'un minimum de bon sens, ont étonné les sphères du pouvoir. Ils sont bonnement catastrophiques. La Tunisie est pointée du doigt comme pays abritant des terroristes. L'impact sur le tourisme, et partant sur l'économie nationale, est durement ressenti par les professionnels. Le chômage persiste. La colère du peuple est à son paroxysme. L'immobilisme du gouvernement et de la troïka est entier. L'on se demande dès lors pourquoi cet intérêt pour des questions subalternes ? Est-ce pour cacher l'échec flagrant d'une politique hasardeuse ? La stratégie de la troïka, sous l'influence d'une Ennahdha qui s'enorgueillit d'une légitimité électorale, a mené à la prolifération de l'insécurité, à la faillite d'un système basé sur la permissivité et l'attentisme, et surtout à l'affaiblissement de l'Etat dont les institutions ont plus servi à asseoir l'autorité d'un parti qu'à défendre la patrie. Le Mouled est et restera une tradition bénie !