Tout comme les jours de la Révolution, la Tunisie a fait la une des journaux français les plus connus. On a eu droit à des titres du type « Tunisie : Il aura fallu un mort... », « Le berceau du printemps arabe à l'heure du drame » ou encore « Tunisie - Une deuxième Révolution ? ». Une vraie effervescence a été remarquée dans les rues, pas seulement tunisiennes mais également françaises et égyptiennes. L'abominable et lâche assassinat de Chokri Belaïd, leader du front populaire, a été la goutte qui a fait déborder le verre. Après des mois de silence et de patience, le peuple a retrouvé son chemin vers la rue. Le défunt avait reçu, selon ses propres déclarations, plusieurs menaces de mort venant notamment de la part d'extrémistes islamistes. On ne peut, cependant pas, se prononcer sur une théorie donnée avant que les autorités n'annoncent la version officielle des faits. Les personnalités politiques et de la société civile ont tous condamné, sans exception, cet acte criminel. Certains, comme Rached Ghannouchi, ont appelé à une journée de deuil national. Seulement, l'actualité nationale a connu de nouveaux rebondissements surtout après le discours, dans la soirée du mercredi 6 février 2013, de Hamadi Jebali. Le Chef du gouvernement avait annoncé la formation d'un gouvernement de compétences nationales, n'appartenant à aucun parti politique, et qui mènera le pays vers les prochaines élections. Les réactions à ce discours ont été différentes. L'ancien président de l'Instance Supérieure Indépendante pour les élections, Kamel Jendoubi a indiqué que le Chef du gouvernement ne peut pas dissoudre le gouvernement et que cette situation juridique n'est pas mentionnée dans la loi d'organisation des pouvoirs publics. M. Jendoubi a affirmé qu'il faut sauver le pays et organiser un congrès de sauvetage et que le mouvement d'Ennahdha doit apprendre à jouer le rôle de l'opposition sinon toute passation pacifique du pouvoir serait impossible. Le porte-parole du Front Populaire, Hamma Hammami, a déclaré, quant à lui, que le pays a besoin d'un congrès national de sauvetage et ce après la dissolution du gouvernement actuel. Il a précisé qu'on ne peut plus parler de légitimité après ce qui s'est passé. Pour sa part, le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a rejoint l'avis du parti Ennahdha et a défendu la théorie selon laquelle Hamadi Jebali n'aurait pas dû prendre une telle décision seul : « On est dans une situation inédite puisque la loi d'organisation des pouvoirs publics a été conçue pour une phase transitoire et provisoire. Cette situation n'était même pas mentionnée dans cette loi ». Ameur Laarayedh a eu une réaction encore plus claire que celle de Samir Dilou. Pour lui, seul le gouvernement légitime, celui de la Troïka, a le droit de gouverner en Tunisie, même dans ces circonstances, puisqu'il a été choisi par le peuple. Il développe, tout comme la plupart des pages pro-ennahdha sur le réseau social facebook, la théorie du complot selon laquelle des ex-membres du RCD auraient préparé ce coup pour obliger le gouvernement à démissionner et dévier la Révolution de sa route principale. A la lumière de tous ces contrecoups, le Chef du gouvernement ne s'est pas encore prononcé. On ne sait toujours pas si son initiative de la veille tient toujours ou s'il fera lui-même objet d'un remaniement de retrait de confiance de la part de son parti, qui, déjà, s'est positionné contre lui. Et le feuilleton se poursuit…