« Notre pays a connu des moments difficiles. La situation est inquiétante, car la Tunisie est en train de rater sa Révolution sur les plans économique et social ! ». L'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, a exposé, mardi 12 février 2013 à Express FM, les grands défis du pays et de la BCT : « La Révolution nous a couté cher à toutes les échelles. Durant les deux dernières années, notre pays a perdu prés de 200 mille emplois. On enregistre, en outre, l'augmentation du taux de chômage, la fermeture de plusieurs entreprises, le recul des investissements, la baisse du taux de croissance…tous les indicateurs sont dans le rouge. L'année 2013 sera plus difficile que les deux années précédentes en ce sens où les trois sources de croissance (investissement, exportations et consommation) seront affectées. De même pour le secteur bancaire. Alors que notre pays essaye d'attirer davantage d'IDE, nos investisseurs sont en train de bouder le site tunisien. Pour preuve, plus de 700 millions de dinars ont été retirés des banques durant les deux premiers mois de la Révolution (janvier – février 2011). Malheureusement, le monde des affaires dans notre pays est actuellement en souffrance ». M. Nabli a affirmé que pour l'heure, il existe deux grands défis que la BCT doit relever, à savoir ; la réduction du déficit commercial atteignant à ce jour un record de 8% du PIB et l'inflation estimée autour de 6%, ce qui est de même énorme comme chiffre. L'ancien gouverneur de la BCT a déclaré que malgré cette situation, il existe toujours des solutions pour sortir de l'impasse, cependant, tous les composantes de la société civile tunisienne devraient y participer pour atteindre cet objectif : « Tout politique doit avoir pour mission principale et prioritaire, celle d'œuvrer à instaurer un environnement d'affaires qui incite à l'investissement local et étranger, et partant à la croissance, au développement et à la création d'emplois ». Mustapha Kamel Nabli a soutenu la proposition du Chef du gouvernement, Hamadi Jebali, de former un gouvernement de technocrates. Il a souhaité que les futurs ministres soient appuyés politiquement par tous les partis et soient choisis parmi les candidats les mieux placés pour réagir rapidement aux enjeux de la conjoncture et trouver les solutions adéquates : « J'aurais voulu que M. Jebali propose un gouvernement de salut national, car la situation est très préoccupante dans la mesure où la Tunisie vit une crise multiforme (économique, politique, sociale, sécuritaire et monétaire)».