Comme à l'accoutumée, l'ATUGE (association des tunisiens des grandes écoles) a tenu ses promesses ; une 18ème édition du Forum encore plus réussie que la 17ème. Cette année, le Forum s'est tenu le jeudi 16 juillet à la cité des sciences de Tunis, en présence de mainte Atugéens, hommes politiques, étudiants et hommes d'affaires. Sous le thème « Nouvelle donne mondiale, nouvelles stratégies », les Atugéens se sont précipités les uns après les autres pour communiquer leurs visions, stratégies, idées et optimisme aux présents, et donner ainsi un nouveau souffle pour faire face à la crise actuelle et ses retombées. Lors de la première table ronde, modérée par Mr Dhia Ben Letaifa, Secrétaire général de l'Atuge Tunisie, les intervenants ont mis à plat les risques auxquels fait face la Tunisie en cette période critique, pour détailler, ensuite, les opportunités induites par la nouvelle donne mondiale sur le développement du pays. La vraie crise est une crise de comportement ! Mr Marouane Abassi, Economiste Banque Mondiale, a donné, lors de son intervention, une vue macroscopique de la crise mondiale et son impact, particulièrement sur la Tunisie. La baisse rapide de la croissance mondiale mariée à l'augmentation flagrante du taux d'inflation à l'échelle internationale ont fait que les retombées enregistrées restent profondes, même si les prévisions promettent un changement d'ici 2010. Par exemple en Tunisie, suite à la diminution de 3 points de la croissance, le taux de chômage a connu un accroissement important, et risque de s'amplifier davantage face à la crise. Mais si la Tunisie n'a pas été trop touchée par les effets de la crise économique, c'est parce que ce que son économie n'est pas trop liée aux évolutions des indices boursiers. La vraie crise, selon Mr Abassi, est une crise de comportement, et pour s'en sortir, toute personne doit changer son comportement. D'autre part, l'économiste de la banque mondiale a relevé l'impact de la crise sur la région MENA. Sur ce sujet, il a souligné que l'impact direct est restreint mais cela n'empêche que l'ampleur du ralentissement dans la région s'est bien faite ressentir, et c'est ce qu'on appel l'impact indirect. Pour ce qui concerne l'efficacité des politiques économiques adoptées à l'échelle internationale, Mr Abassi a fait remarquer qu'on ne peut avoir des réponses sur le sujet qu'après plus d'un an. Pourtant, et contre toute attente, on a eu une excellente année agricole en Tunisie mais également au Maroc et en Algérie. Valeo : Nous recrutons et nous continuons à chercher les meilleures compétences Mr Ouassim Berraïes, DGA Valeo, a pour sa part lors de son discours essayé de mettre en relief les risques, opportunités et stratégies relatifs au secteur automobile, et ceci en Tunisie comme à l'international. Pour ce qui concerne les perspectives de Valeo en Tunisie, le groupe réalise un chiffre d'affaires annuel de 55 millions d'euro. Le chiffre d'affaires Achat est de 40 millions d'euro, dont une grande partie est réalisée en Tunisie. Le réseau des fournisseurs du groupe Valeo est constitué de 140 fournisseurs dans le monde entier dont 20 proviennent de la Tunisie. Et afin de se développer toujours davantage, le groupe s'est fixé un objectif qualité de « 1 pièce défectueuse sur 1 million ». « Cependant, on ne peut pas nier l'effet de la crise sur les constructeurs automobiles dans le monde entier, et sur notre groupe en particulier ». a précisé Mr Berraïes. La situation par laquelle passe le monde depuis quelques temps a poussé de plus en plus de constructeurs à se délocaliser dans les pays low cost (Inde, Ukraine…) ce qui a laissé apparaître une surcapacité dans ces pays, mariée à un sur stockage au niveau des produits. En plus, avec cette crise, il est devenu beaucoup plus difficile de prendre des crédits, donc ceux qui changeaient leurs voitures tous les 3 ans, étaient obligés de décaler cette période de 2 ans de plus, et de changer désormais, leurs voitures tous les 5 ans. Ceci a engendré la détérioration de la situation financière de plusieurs grands constructeurs tel que General Motors, qui a perdu plus de 53% de ses ventes en seulement quelques mois. Pour ce qui concerne Valeo, le groupe a commencé à sentir l'impact de la crise dès octobre avec une baisse de 12% de la demande. Aujourd'hui, a souligné Mr Berraïes, la situation est légèrement meilleure avec les aides étatiques. D'ailleurs, en juin, le groupe a enregistré une augmentation de 40% de l'activité par rapport à janvier. « Et même si l'effet de la crise s'est fait ressentir sur notre groupe, nous recrutons et nous continuons à chercher les meilleures compétences tunisiennes ». a ajouté Mr Berraïes en clôturant son discours. Mr Sami Smaoui : La Tunisie est un ratio positif pour HP Mr Sami Smaoui, Directeur Général, HP Tunisie, a choisit de dresser la liste des opportunités dont dispose la Tunisie précisément dans les services IT. Ainsi, le directeur général de HP Tunisie a commencé par donner un aperçu sur le projet de HP, leader mondial depuis 2006 en IT, en Tunisie. Ce projet consiste à installer en Tunisie, un pôle technologique régional qui assurera des services destinés à l'Europe. Ce centre technologique emploiera 2000 ingénieurs de haut niveau et sera implanté dans le parc technologique d'El Ghazala (Gouvernorat de l'Ariana). « Pour ce qui concerne l'emploi, a précisé Mr Smaoui, on est intéressé par les tunisiens disposants de diplômes dans les filières technologiques. » « Aujourd'hui, a-t-il ajouté, la Tunisie représente un ratio positif pour HP. Et ce n'est pas une question de low cost, car il existe d'autres pays moins chers que le notre. » Mr Mehdi Houas : Il faut suivre l'exemple indien Mr Mehdi Houas, Président de Talan, a voulu commencé son discours par donner une vision générale de la croissance dans le monde et en Tunisie. Pour lui, même si les analystes prédisent qu'on sortira de la crise à partir de 2010, le combat n'est pas encore gagné. Surtout suite à la très forte baisse de l'activité économique, de la croissance, des barrières que les pays de l'OCDE essayent de mettre afin de protéger l'emploi, la très forte pression des prix… on n'est pas encore sortie du cercle vicieux de la crise. Cependant, Mr Houas a présenté une solution qui pourra nous mener au bout du tunnel ; Suivre l'exemple indien. En effet, il s'agit d'une vision plutôt optimiste des patrons indiens de la crise. Une étude a été réalisée auprès de ces derniers, et a démontré que 100% des chefs d'entreprises indiens subissent une forte pression sur les prix. Et malgré cette situation difficile, ils envisagent des taux de croissance variant entre 5 et 15%. La question demeure, quoi faire pour sortir de cette crise ? La stratégie que suivent les patrons indiens s'est se remettre constamment en cause, chercher d'autres niches, d'autres marchés pour investir et développer son activité… Pour la Tunisie, la première piste s'est d'apporter des IDE (géants) en Tunisie. La deuxième est encore plus bénéfique ; construire des champion nationaux pour remonter le fleuve, à travers la communication, l'information, les infrastructures, la culture de l'innovation… Pour arriver à cette étape, il est nécessaire de passer par une culture de l'excellence, qu'on doit s'en approprier, selon Mr Houas. D'autre part, il faut miser sur les énergies renouvelables, tel que le soleil. Clôturant son discours, Mr Houas a essayé de donner un coup de fouet pour les Atugéens, en déclarant « ce qui me gène c'est qu'on a un potentiel largement supérieur à ce qu'on fait. »