Je crois que je suis en mesure d'affirmer, aujourd'hui, que je commence à apprécier les sorties de Habib Ellouze. Elles ont la pouvoir de me dérider. Et Dieu sait combien en ces temps troubles, notre besoin est devenu vital de trouver quelque sain exutoire. La semaine dernière, le vice président d'Ennahdha, que l'on présente comme un leader historique (si, si !!), nous a amusés grâce à sa version très personnelle du sheratongate et sur sa conviction de l'implication de l'Etat hébreu dans un plan destiné à démolir notre ex-ministre des Affaires étrangères. L'anecdote a fait notre bonheur à tous et nous sommes reconnaissants à M. Ellouz de nous mettre au parfum des arcanes de la politique et de nous dévoiler les dessous d'affaires ténébreuses dont il déclare détenir la clé. Mais le comble de la truculence a trait aux motifs qui président à la pratique de l'excision. Après avoir nié que le sieur Wajdi Ghénim ait fermement exhorté à un tel rite, M. Ellouz se fend d'une explication renversante. « Dans les pays chauds, précise-t-il, le clitoris se développe considérablement, ce qui provoque de la gêne pour l'homme. Aussi se résout-on à en faire l'ablation ». Et M. Ellouz avertit doctement qu'une telle opération ne supprime en rien le plaisir de la femme et que l'excision n'est en fin de compte qu'une opération de chirurgie esthétique. J'aurais aimé vous narrer l'histoire des seins des Africaines, mais je préfère vous laisser le plaisir de la découverte. Cela vaut vraiment le détour. Cette semaine, M. Ellouz nous donne à découvrir un aspect fort attachant de son omniscience autant cultuelle que culturelle. « Loin de la politique » est le titre de la rubrique du quotidien « Al Maghreb » dont il était l'invité. Nous nous sommes tout simplement délectés par les réponses catégoriques de M. Ellouz à nombre d'interrogations existentielles. Tout d'abord nous avons été vivement impressionnés de savoir que M. Ellouz est né à l'aube d'un jour de Mouled. A date prédestinée, personnage exceptionnel, puisque l'on a prédit que M. Ellouz, parce que né à la même date que le prophète Mohammad serait « un homme bon et pieux » (sic !). L'on vous fera grâce de ses jeux et souvenirs d'enfance (un enfant sage et calme qui aime jouer aux « boutchis »), de ses évocations de jeunesse (la guerre de Bizerte et son influence sur ses orientations politiques), de ses lectures de prédilection (les publications des frères musulmans), des œuvres artistiques qui l'ont marqué (les films « Al fajr », une partie du film « Halfaouine », la pièce de théâtre « Ammar Bezouer »). Tout cela n'est rien comparé à ses opinions sur la femme et surtout sur ses relations avec l'homme. « Elles doivent être basées sur la fraternité et la complémentarité. Les ‘'sœurs'' de l'ANC ont très mal compris cette notion ». Car, en vérité, point d'égalité, affirme-t-il. « Y a-t-il égalité entre le malade et son médecin, entre un commandant et le soldat, entre un chef et l'esclave (Al Abd !) qui lui nettoie son logis ? », Interroge-t-il. M. Ellouz, nous vous remercions vivement des beaux moments de jubilation que vous nous procurez. Mais vos propos nous rappellent ceux d'un de vos ministres qui peine à reconnaître sa main droite de sa main gauche. M. BELLAKHAL