Les tontons flingueurs ! Dans le catalogue d'idiots de la République, Sadok Chourou a l'insigne privilège d'être aux premières loges. Sans crier gare, il a lancé, haut et fort, un appel au meurtre, invoquant un verset du Coran pour punir atrocement les auteurs des mouvements sociaux, considérés comme des ennemis du peuple, et par conséquent, des ennemis de dieu et son prophète et légitimer ainsi «leur exécution, leur crucifixion et l'amputation de leurs mains et jambes». Doté de tels talents de charcutier, Sadok Chourou aurait raté une prometteuse carrière de boucher en chef à l'abattoir ou de médecin légiste. Et voilà comment on manipule et instrumentalise le Coran sans vergogne car le verset en question s'adressait aux ennemis de l'Islam, dans un contexte historique de guerre bien particulier, et non les musulmans protestant contre leurs pénibles conditions de vie. Taillant dans la même pierre des châtiments corporels, la culture en moins, l'ancien renard de surface, Tarek Dhiab, Ministre des Sports, a taclé par derrière, menaçant «de bastonner ceux qui refusent d'obtempérer», «العصا لمن عصى». Coups de crampons ou crampes intellectuelles ?! Allez savoir, tellement le footeux prend des vessies pour des lanternes et se démène à remplir une fonction beaucoup plus grande que sa rudimentaire stature. Le «Ballon d'or» n'est pas à sa première passe ratée ni à son premier tir hors cadre. N'a t-il pas fauché, compères et adversaires, en pleine surface de réparation, dans une loufoque contre-attaque «Il n'y a aucun problème à accepter une aide d'Israël», sans que le trio arbitral daigne effleurer son sifflet républicain ou lui brandir une biscotte jaune. De telles retournées acrobatiques à deux balles, personne n'en veut ! Est-ce exagéré ? A peine ! Voilà ce qui advient quand on titularise, au mépris de tout, un inculte dans le «dream team» (mon œil !) au lieu de le laisser astiquer les bancs des remplaçants, voire le renvoyer carrément aux gradins ! Tant pis, on préfère dégager en touche ! Peut-être que là haut, on n'a pas jugé utile de s'en formaliser ou de s'en plaindre suite à la déclaration, débordante d'assurance, pondue par le maestro Tarek Dhiab selon laquelle «Ennhdha restera au pouvoir jusqu'à l'année 2019». D'ailleurs, à ce propos, une question qui a froissé la cervelle de plus d'un, pourquoi exactement 2019 ? 2020 aurait une meilleure gueule pourtant !! On ramasse les anecdotes à la brouette. Les cancres de la république n'ont pas de récréation. Rompus à l'art de la pitrerie, la science infuse, nos fantasques et non moins frustes gouvernants donnent une dimension pédagogique à leurs incartades. Ils font apprendre des trésors de savoir à la populace. On ne mourra pas idiot en Tunisie ni lynché à Tataouine et, encore moins, aveugle à Seliana où la chevrotine a fait des ravages. Première leçon : Sur la bouche d'Ali Larayedh, Ministre de l'Intérieur, la chevrotine, arme à projectiles multiples, «amoche certes mais ne tue pas». Dieu en soit loué, on est passé de justesse, à deux doigts, du massacre ! Deuxième leçon : Plein d'aplomb, dissertant sur le plomb, Samir Dilou, Ministre des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle, abonde dans le même sens en précisant que «le «rach» n'aveugle pas mais tout juste s'il éborgne». Merci vieux, au moins un orphelin œil est sauf, que demande le peuple ?! Troisième leçon : Pour le député Habib Ellouze, le «rach» est une bénédiction, une sorte de dernières onctions cristallisées dont l'utilisation a évité le recours «bikoli hazm» aux balles réelles «mouch moubbarar». Chapeau bas ! Devant une telle fibre humaine, on ne peut que s'incliner et se confondre en remerciements. De telles munitions farcies aux amandes, le bon petit peuple en raffolerait certainement ! Il est indéniable que le «rach» est, comparativement, un moindre mal quand on entend Mohamed Abbou, la corde à la main et le regard noir, promettre «la pendaison pour celui qui descend dans la rue, le 24 Octobre 2012, pour remettre en cause, d'une manière violente, la légitimité de l'ANC ou du gouvernement». Quel froid au dos ! La menace a généré l'effet escompté sinon comment expliquer qu'il n'y a pas eu vraiment un mouvement de contestation ce jour-là ! D'ailleurs, Mohamed Abbou se fait du mauvais sang pour rien, la diseuse de bonnes aventures de Mustapha Ben Jaafar n'a rien prédit de la sorte «quelle daggaza (voyante traditionnelle) vous a dit que la légitimité prend fin le 23 Octobre 2012?». En matière de daggaza, il suffit à Mustapha Ben Jaafar de jeter un coup d'œil dans son hémicycle pour en trouver à la pelle ! Ennahdha ou sixième pilier de l'Islam ! Le langage traduit une volonté de conquête, une forme de séduction, on racole bien sur ses trottoirs pour charmer, convaincre et rallier. Derrière les phrases, d'apparence lustrée, se faufile parfois un serpent de mer. Le mouvement Ennahdha n'en est pas loin quand il s'agit de ses rapports avec l'Islam. A ce sujet, ses pontes font la course aux vocables les plus truculents : Le grand parrain, Rached Ghannouchi, cogne sans distinction «ceux qui s'opposent à son parti s'opposent à l'Islam», conférant une forte dose de sacralité à son parti et accusant du coup l'opposition d'hérésie. Une orpheline critique contre Ennahdha serait un acte attentatoire à l'Islam. L'amalgame est saisissant ! Toujours friand de nébuleux raccourcis, Rached Ghannouchi n'a t-il pas déclaré, dans sa fameuse et non moins fumeuse vidéo, que «le succès d'Ennahdha aux élections d'Octobre 2011 est une victoire de l'Islam», suggérant que celui qui a voté autrement est un ennemi de l'Islam, un apostat, et se permettant, sur la base d'un vote, de diviser et d'opposer les tunisiens entre musulmans et non musulmans. Il est donc normal qu'Abdelkarim Harouni morde à pleines dents en criant «nous en ferons avec vous (le peuple) comme a fait le prophète avec les Kouffar de Qoreich». Encore un qui, incapable de discernement, a raté l'occasion se taire. Dans la même lignée, Nourredine Khademi, ministre des Affaires religieuses, ne fait preuve d'aucun scrupule pour éructer «le local d'Ennahdha est comme une mosquée», faisant comprendre que son parti est investi d'une mission divine et que son local est un lieu de prière, de culte, voire un temple de l'Islam. Dans une banderole déployée devant un de ses locaux, les as de la communication ont écrit «le paradis est promis aux partisans d'Ennahdha». Un habile slogan de marketing religieux faisant d'Ennahdha une officine de Dieu, y adhérer est un devoir divin ! Un homme hurle dans la place et les barbus rappliquent dare dare. C'est le sexologue de dimanche, le pittoresque Adel Almi, président de l'«Association centriste de sensibilisation et de réforme», qui beugle à qui veut bien le croire que la polygamie est une «revendication populaire», presque un objectif de la révolution, outre que ce système offre des vertus thérapeutiques incontestées contre le cancer du col de l'utérus. Ne tenant plus debout, devant un parterre plus ou moins acquis, il remet une couche (c'est le cas de le dire) d'aseptisation, pour pasteuriser l'idée, pourtant empoisonnée et crasseuse, que «l'utérus n'est purifié qu'au bout de 130 jours d'abstinence sexuelle». Comme quoi, la semence mâle est un fluide impur et microbien. Notre néophyte cancérologue, charlatan de service, n'y va pas de main morte avec son bistouri religieux. Voilà une autre raison bien bactériologique pour justifier la polygamie. Ya Bouguelb ! 130 jours d'abstinence sexuelle ? Dans quel grimoire médical a t-il déniché un tel constat viral et véreux ?! Si on prend le mal (de tête) de le suivre dans ses pathogènes conclusions, la femme ne peut avoir tout au plus que trois rapports sexuels par an ! Un ratio que même une bonne dame de troisième âge, depuis longtemps ménopausée, refuserait illico, elle en piquerait même une forte dépression nerveuse ! Encore sous le choc, n'ayant pas encore accusé le coup des propos cancéreux d'Adel Almi, et voilà qu'un autre bipède enturbanné ameute la foule pour distiller un discours tout aussi vénérien. Prenant en particulier les agences de voyage et les établissements hôteliers à témoin, Abou Yaareb Marzouki se fend d'une réflexion digne d'un sex-shop «le tourisme est de la prostitution clandestine». Encore une dalle épicurienne dans la tombe du tourisme tunisien, un nouveau coup de boutoir des fines gâchettes d'Ennahdha. Ainsi, notre chère Tunisie, pays touristique par excellence, ne serait qu'un vulgaire hôtel de passe. Bordel, c'est quoi ça ?! Se voulant grand esprit et agitateur de conscience, le bon vieux Abou Yaareb Marzouki ne semble pas jouir (c'est encore une fois le cas de le dire) de toutes ses facultés cérébrales. Avec une telle cervelle enflée et bandée, avec une telle orgie de réflexions débauchées, c'est le tourisme tunisien, et par extension notre économie, qui ira droit dans le mur....des lamentations ! Sans quitter le quai viral, on ne peut ne pas faire l'écho de la cinglante attaque menée, flocon d'antibiotique à la main, par le toubib de Carthage, neurologue de surcroit, à l'encontre de Wajdi Ghenim, prédicateur charcutier, chef de file en matière d'excision féminine, monstrueuse mutilation physique et psychologique, rituel pharaonique qui n'a rien à voir avec l'Islam. Bouché à l'émeri, notre homo-erectus prédicateur ne lâche pas le morceau (c'est le cas de le dire) ou plutôt l'attribut congénital féminin à amputer, estimant que l'ablation de ce tissu biologique de la femme est une opération esthétique. Cet illuminé testiculaire en fait une fixation toute clitoridienne, acculant notre président de la république à sortir sa seringue verbale. Mettant son burnous à coté, recadrant ses pare-brises qui tiennent lieu de lunettes, Moncef Marzouki a traité ce chirurgien du mont de Venus de «microbe». Et vlan, plein dans la tronche ! Cet infectieux Wajdi Ghenim n'a-t-il pas d'autres chattes à fouetter ? (c'est le cas de le dire). Blague à part ! C'est connu, les mots bien imagés sont sources d'ivresse, ça enivre, ça grise. Avec leurs vins, on trinque, l'esprit en prend de la bouteille. Une belle cuite sémantique, il n'y a pas mieux. Assouvir la soif intellectuelle, chercher le mot poignant qui saoule, la phrase chatoyée qui coule de source, c'est vraiment là le moment somptueux qui émèche. Malheureusement, on se réveille avec la gueule de bois suite aux tord-boyaux versé par le rabat-joie Rached Ghannouchi qui, entre deux gorgées d'eau Zemzem, a recraché «il faut boycotter les établissements et les grandes surfaces vendant l'alcool». Bacchus en aurait bouffé son verre ! Déjà que les amateurs de la flotte étaient encore sous pression quand le grand gourou a réclamé, haut et fort, en Avril 2011, de «bannir progressivement l'alcool en Tunisie» et voilà que, dans une déclaration plutôt étourdie, il remet une nouvelle couche de ciment sur la cave pour mettre à sec la confrérie de Bacchus. Le champ politique et la logique de rivalité offrent à l'exercice de la parole des moments aussi bien de grande éloquence que d'insidieuse impertinence. Il est compréhensible qu'en politique, le mot dur offensif est aussi important que le mot fédérateur. En revanche, certains rictus sémantiques divisent là où leur auteur croit rassembler, soulève le tollé au lieu de caresser dans le sens du poil. Rached Ghannouchi a plongé dans ce dilemme en indiquant, le verbe pieux, chapelet à la main, que «Qaradhaoui a joué un rôle immense dans la Révolution». Rien que ça ! Le grand gourou est allé même jusqu'à draper le ténébreux prédicateur du qamis de «cheikh des révolutionnaires». Encore un peu et l'insondable Qaradaoui serait le Che Guevara du printemps arabe ! Pourtant le «rebelle de Najd» a bien mangé dans les mains de Ben Ali rendant vibrant hommage au «soin accordé par le président Ben Ali à la culture islamique en Tunisie». Le caméléon de Hamad sévit encore et toujours ! Dans le même registre d'artillerie, Hamma Hammami dégaine son revolver idéologique et tire sur un ennemi que seul son œil anti-aérien a localisé. Le tonton flingueur a fait sa rafale «Il faut armer le peuple». Pourquoi ? Sinon, personne n'oublie l'adorable réplique du lover Hamma quand cette grande gueule de Hlima Maalej, révolutionnaire de 25ème heure, l'apostrophait par «Hamma Nasraoui». Il a admirablement réagi «Radhia, tej fouq rassi, lellet enssa». Quant à son compagnon d'arme, Chokri Belaid, le soldat de la gauche, il a un fusil-mitrailleur en lieu et place de la langue. Toutes les occasions sont bonnes pour faire un carton, pour trouer certains portraits bien ciblés, ramassant au passage quelques balles au pied. Il traque toujours, «chibr chibr, bit bit , zenga zenga», un rival embusqué dont nul n'a entendu le bruissement, sauf l'oreille parabolique de «Chokri sabba» comme aime à le répéter injustement et non moins grossièrement la sulfureuse Hlima Maalej, l'idiote utile, comme disait Lénine. Le mot de la fin, il en faut malgré toute la pléthore de citations ! Le lauréat, parmi les nominés, de ce florilège de perles ne pourrait être que Walid Bennani, autre député déjanté d'Ennahdha, dont la réplique truffée de cynisme et d'insolence n'a aucune commune mesure avec les phrases, comparativement bon enfant, citées ci-dessus. N'a t-il pas épinglé Bajbouj par des termes aussi crus que fourbes «cet homme a perdu la raison, sa place est dans une maison de retraite». Là toutes les lignes rouges de la bêtise humaine ont été franchies.