Les industriels du secteur aéronautique continuent de saluer les atouts du pays et se disent prêts à reprendre leurs investissements si la situation s'améliore. Daniel Bourgeois, directeur général de Latelec, filiale du groupe Latécoère, reste persuadé du potentiel industriel de la Tunisie: « Le pays reste très compétitif grâce à la qualité de son système éducatif et à l'absence de barrière linguistique pour les sociétés françaises qui composent l'essentiel du secteur aéronautique. Nous reprendrons nos investissements si la crise politique se dénoue ». M. Bourgeois a rappelé que Latelec a réduit son effectif à 200 personnes, alors qu'elle devait initialement en recruter une centaine, après l'importante grève qui a marqué l'entreprise en 2012. En vue de satisfaire ses clients, Latelec a transféré une partie de sa production au Mexique. Le PDG d'Aerolia, Christian Cornille, a exprimé, pour sa part, son inquiétude face au climat tunisien après l'assassinat du député Mohamed Brahmi et l'échec des négociations entre le pouvoir et l'opposition : « En Tunisie, la politique reste au cœur des préoccupations, au détriment des réalités économiques ». M. Cornille a évoqué l'exemple l'Airbus ayant gelé ses projets d'investissement après avoir consacré 30 millions d'euros à son implantation à El-Mghira. L'embauche prévue d'une centaine de personnes est suspendue, et l'effectif, de 650 salariés, n'a presque pas augmenté depuis un an. Gaby Lopez, directeur général de Zodiac Aerospace Tunisie, le plus important employeur du secteur avec 2 400 salariés, et président du Groupement des industries tunisiennes aéronautiques et spatiales (Gitas), a indiqué que la Tunisie reste attractive aux investissements : « Ce n'est pas un pays low cost, mais best cost. On y trouve la même qualité qu'en France ou aux Etats-Unis, ce qui a un prix ». Le dirigeant a souligné que la plupart des conflits sociaux se sont produits dans les entreprises qui n'appliquaient pas les conventions collectives.