L'exploitation du gaz de schiste est au cœur des débats actuels, que se soit en Europe ou en Tunisie. Le sujet, aussi délicat qu'il paraisse, a été facilement tranché dans plusieurs contrées (France, Etats-Unis…). En Tunisie, la guerre du gaz de schiste n'est pas terminée ! Yassine Mestiri, directeur central de la production à l'Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP), a, récemment, annoncé que la Tunisie dispose d'un stock considérable de gaz de schiste : « Des études internationales révèlent la disponibilité d'un stock considérable de gaz de schiste dans notre pays, estimé à cinq mille milliards de mètres cubes. Cette richesse se trouve au sud tunisien, au Sahel et à Kairouan ». M. Mestiri a précisé que ce stock peut être exploité durant 80 ans. Il a considéré que ce type de gaz pourrait constituer l'une des solutions pour la diminution des importations d'hydrocarbures par la Tunisie. D'après lui, le gaz de schiste a les mêmes spécificités que celles du gaz naturel, étant donné qu'ils proviennent de la même roche mère à l'intérieur des couches profondes da la terre, mais les méthodes d'extraction restent différentes. Le responsable a avancé que les opérations de prospection du gaz de schiste n'ont jusque-là pas été autorisées en Tunisie, affirmant que toutes les opérations de prospection du pétrole et du gaz naturel dans notre pays se font selon des techniques traditionnelles et des méthodes transparentes. Il a ainsi nié l'existence d'opérations de prospection du gaz de schiste, dont certains prétendent qu'elles ont provoqué les secousses sismiques qui ont eu lieu récemment à Monastir, Sousse et Gafsa. Le collectif « Ahna nebniouha » (C'est nous qui la construirons !) ne partage pas le même avis avec le responsable d'Etat. Afin d'empêcher l'exploitation du gaz de schiste en Tunisie, le collectif a lancé une action baptisée « Guetlina bil schiste » qui veut dire « On veut nous exterminer avec le gaz de schiste ». Dans un communiqué rendu public « Ahna nebniouha » considère que l'accord entre le ministère de l'Industrie et la compagnie Shell qui a sollicité l'obtention d'un permis de forage en vue d'explorer le gaz de schiste dans la région s'étalant de Kairouan à Sfax, sans avoir eu l'approbation de l'Agence nationale de la protection de l'environnement comme une « violation de la loi ». Le collectif souligne la gravité des impacts environnementaux des techniques utilisées (fracturation hydraulique) pour l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste ainsi que les conséquences désastreuses sur les ressources en eau déjà précieuses, sur la santé et la biodiversité des êtres vivants, sur la qualité de l'air, de l'eau et du sol, sur la disponibilité des terres pour l'agriculture et sur la stabilité sismique. Il demande à l'Assemblée nationale constituante et au gouvernement de geler immédiatement, les opérations d'exploration et de forage du gaz de schiste qui utilisent la technique de fracturation hydraulique et l'annulation du permis octroyé à Shell, dans le gouvernorat de Kairouan ou dans toute autre région, ainsi que l'interdiction de tout type de forage et d'exploration nocif pour l'environnement et en particulier le permis octroyé à la société PERENCO qui exploite le gaz de schiste dans le gouvernorat de Kebili.