Après plusieurs mois de crise politique, la Tunisie a enfin choisi son nouveau Chef du gouvernement. Mehdi Jomaa, ministre de l'Industrie dans le gouvernement de Ali Laarayedh, aura fort à faire pour organiser les prochaines élections et doter son pays d'une Constitution. Son indépendance et sa formation de technocrate pourraient être ses atouts. Relativement inconnu du grand public, Mehdi Jomaa est un ingénieur sans appartenance partisane déclarée, diplômé de l'Ecole national d'ingénieurs de Tunis en 1988 et titulaire d'un diplôme supérieur de mécanique. M. Jomaa a entamé une carrière dans le privé qui l'amène au poste de directeur d'une division d'Hutchinson, une filiale du géant français Total spécialisée dans l'aérospatiale et dont les principaux clients sont des groupes tels EADS, Airbus et Eurocopter. Ce père de famille de 51 ans, avait rejoint le gouvernement d'Ennahda en mars dernier. Mehdi Jomaa débarquait alors en pleine crise politique, quelques semaines après la démission du gouvernement dirigé par Hamadi Jebali à la suite de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février. Le choix de Mehdi Jomaa a été contesté par l'opposition qui affirme que son expérience politique a débuté en mars 2013 avec son entrée dans l'actuel gouvernement. Mehdi Jomaâ n'a jamais été actif en politique sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Depuis sa nomination au ministère de l'Industrie, il ne s'est pas engagé sur le terrain miné des batailles qui déchirent la classe politique, s'exprimant publiquement uniquement sur son domaine de compétence. Sous son égide, dans un contexte de conflits sociaux dans le pays et d'incertitude, il a milité auprès des entreprises et des décideurs européens pour de nouveaux investissements afin d'aider à rebâtir l'économie tunisienne. Mehdi Jomaâ n'a cependant aucune expérience en matière sécuritaire, un dossier clé depuis la révolution en raison de l'essor de groupes djihadistes armés responsables, selon les autorités, d'un nombre grandissant d'attaques.